BEIJING, 29 janvier (Xinhua) -- De manière assez peu surprenante, le président américain Donald Trump a donné à sa première intervention présidentielle à Davos le thème de "l'Amérique d'abord". Mais cela conduira-t-il vraiment au libre-échange juste auquel il appelle ?

Pendant un discours d'une quinzaine de minutes, M. Trump en a passé environ douze à expliquer combien l'économie américaine deviendra prospère et lucrative grâce à sa politique de "l'Amérique d'abord".

L'immense déficit commercial des Etats-Unis avec des pays comme la Chine a été considéré longtemps par les Etats-Unis comme une injustice provoquée par le libre-échange.

Les causes de ce déficit sont cependant complexes. Le niveau de complémentarité entre les partenaires commerciaux et la structure de l'économie de chaque pays sont des facteurs qui contribuent au déficit. Se contenter de rejeter la faute sur les pays étrangers, tout en ignorant ses propres torts, n'est ni juste ni objectif.

Par ailleurs, pour déterminer si le libre-échange est juste ou non, on ne peut pas se contenter de ne prendre en compte que le volume des échanges commerciaux ; il convient également d'examiner les bénéfices concrets. Par le biais du libre-échange, les Américains peuvent par exemple acheter davantage de marchandises de qualité à bas prix, tandis que les entreprises américaines font davantage de bénéfices en investissant dans les pays les plus avantageux.

Une étude a ainsi montré que le commerce sino-américain permettait à chaque famille américaine d'économiser en moyenne 850 dollars par an. De ce point de vue, en quoi le libre-échange est-il injuste ?

Brandissant la bannière du libre-échange, les Etats-Unis se sont jadis efforcés de promouvoir un système mondial de libre-échange, et ont bénéficié de tous les avantages liés à leur position centrale dans ce système.

Mais maintenant que des économies émergentes apparaissent un peu partout à travers le monde, les Etats-Unis ont choisi de passer du libre-échange à une politique de "l'Amérique d'abord", ignorant leurs responsabilités internationales.

Les Etats-Unis sont comme un boxeur qui respecte les règles lorsqu'il domine le combat, mais demande à ce que les règles soient modifiées lorsqu'il perd. Ce n'est pas ainsi que devrait se comporter une grande puissance responsable.

Le bénéfice mutuel est le principe fondamental du commerce international moderne. Appliquer deux poids, deux mesures ne mènera qu'à un échec.

"L'Amérique d'abord" est un slogan qui a permis à M. Trump d'accéder à la présidence, mais ce slogan risque bien de lui rester en travers de la gorge s'il essaie de l'appliquer avec ses partenaires commerciaux. Vouloir faire du libre-échange juste tout en donnant la priorité à "l'Amérique d'abord" revient en effet à se tirer une balle dans le pied.

Le premier anniversaire de la présidence de M. Trump s'est déjà heurté au blocage du gouvernement américain. Si les Etats-Unis continuent à brandir la menace protectionniste de "l'Amérique d'abord", ils se heurteront à une crise plus grave et plus profonde encore.