La "refondation" de l'UE prônée par le président français Macron passe par la relance du couple franco-allemand (ANALYSE)

Publié le 2018-01-20 à 23:17 | french.xinhuanet.com

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PARIS, 20 janvier (Xinhua) -- La rencontre symbolique de la chancelière allemande Angela Merkel, vendredi à Paris, avec le chef de l'Etat français Emmanuel Macron, alors qu'un vote crucial aura lieu dimanche outre-Rhin, montre que, quelque soit l'issue de ce scrutin, la volonté politique existe au plus haut niveau pour relancer l'axe franco-allemand. Mais les négociations en Allemagne, comme entre Paris et Berlin, risquent d'être encore longues avant d'aboutir à des résultats concrets pour l'avenir de l'Europe, malgré les progrès enregistrés.

Lors de leur conférence de presse conjointe, le président français Macron et la chancelière allemande ont tenu à afficher leurs convergences. La France et l'Allemagne publieront lundi, jour du 55e anniversaire du traité historique de l'Elysée qui a scellé la réconciliation entre les deux pays, une déclaration commune qui lancera la préparation d'un nouveau traité, a indiqué le chef de l'Etat français. Le même jour, l'Assemblée nationale et le Bundestag voteront une résolution commune dans le même sens.

Il s'agit d'un acte important pour la coopération bilatérale en matière de défense, de politique étrangère, de recherche, d'éducation et de culture alors que les relations franco-allemandes ont pâti ces dernières années d'un recul de Paris et d'un manque d'enthousiasme de Berlin.

Mais aucune autre véritable annonce n'a été faite vendredi. C'est qu'il est trop tôt pour cela. Angela Merkel, qui avait reçu à Berlin Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle, est d'abord venue chercher du soutien à Paris pour le vote de ce dimanche.

Fragilisée, sans coalition gouvernementale depuis les élections de septembre dernier, la chancelière allemande reste en effet suspendue à l'issue incertaine du vote du Parti des sociaux-démocrates, le SPD, qui se réunit en congrès extraordinaire pour décider s'il accepte de former une alliance avec les conservateurs de la CDU-CSU.

Même en cas d'accord des délégués du SPD, un nouveau gouvernement ne verra pas le jour avant la mi-mars.

La visite d'Angela Merkel à Paris avait donc clairement une dimension symbolique et visait à montrer que, malgré les difficultés qu'elle rencontre pour former un gouvernement, le couple franco-allemand, dont dépend la "refondation de l'Europe" prônée par le président français, est toujours sur les rails. "Pour agir en Europe, il est capital d'avoir un gouvernement stable en Allemagne", a d'ailleurs insisté vendredi la chancelière.

Car si Emmanuel Macron, avec son discours à la Sorbonne en septembre dernier, a voulu prendre le leadership sur les questions européennes après une longue absence de la France, il lui est difficile d'avoir à lui seul la légitimité nécessaire et la capacité pour mener à bien les réformes de l'UE. Il a donc besoin d'un allié solide à Berlin pour avancer. "L'ambition que nous portons ne peut advenir seule, elle a besoin de se conjuguer avec l'ambition allemande", a-t-il rappelé vendredi.

Or, les deux pays ont traditionnellement une vision très différente. "La chancelière a une ambition européenne, les dirigeants du SPD ont manifesté une ambition européenne, et le texte commun en porte une", a tenu à souligner vendredi Emmanuel Macron, même si l'Allemagne donne la priorité aux questions migratoires et temporise au sujet de la réforme de la zone euro.

La convergence entre l'Allemagne et la France se focalise sur un point: l'Europe des 27, que le président français souhaite "différenciée", et l'Europe des 19 pays de la zone euro, pour laquelle il a poussé pour une réforme des institutions. Pour l'Allemagne, la question d'un budget de la zone euro reste délicate depuis la crise grecque.

Dans un rapport publié mercredi, 14 économistes français et allemands de renom proposent une feuille de route commune sur laquelle le président français va pouvoir s'appuyer. Ils plaident pour modifier l'architecture budgétaire, bancaire et monétaire de l'UE en modifiant un certain nombre de règles, jugées trop rigides, et en redressant des mécanismes qu'ils estiment trop complexes.

Ils préconisent notamment une petite révolution avec la suppression de la règle des 3% de déficit public prévue il y a 26 ans par le traité de Maastricht. Ils plaident pour une nouvelle règle plus simple de dépenses publiques en fonction de la croissance du PIB de chaque pays de la zone euro et proposent la création d'un fonds commun destiné à aider un pays en difficulté en cas de crise financière au-delà de ce que prévoit l'actuel mécanisme européen de stabilité.

Pour les pays au bord de la banqueroute, les quatorze économistes suggèrent de mettre sur pied un dispositif clair et transparent anticipant ce genre de crise. Les dettes seraient alors restructurées, rééchelonnées, de manière ordonnée, et sous étroites conditions, sans courir le risque de provoquer la panique chez les investisseurs.

Une réforme de la zone euro permettrait de lutter à la fois contre le ressentiment entre les États et contre les institutions européennes qui ont "contribué à la montée du populisme anti-euro" et dont les conséquences pourraient finir "par menacer le projet européen lui-même", insistent-ils.

Leurs propositions viennent alimenter le débat qui commence entre Paris et Berlin, mais certaines ont déjà irrité les partenaires allemands. Les Européens se sont engagés à trancher d'ici au mois de juillet. Il faudra ensuite entrer dans les détails pour modifier les règles existantes. Un travail de très longue haleine.

french.xinhuanet.com

La "refondation" de l'UE prônée par le président français Macron passe par la relance du couple franco-allemand (ANALYSE)

Publié le 2018-01-20 à 23:17 | french.xinhuanet.com

PARIS, 20 janvier (Xinhua) -- La rencontre symbolique de la chancelière allemande Angela Merkel, vendredi à Paris, avec le chef de l'Etat français Emmanuel Macron, alors qu'un vote crucial aura lieu dimanche outre-Rhin, montre que, quelque soit l'issue de ce scrutin, la volonté politique existe au plus haut niveau pour relancer l'axe franco-allemand. Mais les négociations en Allemagne, comme entre Paris et Berlin, risquent d'être encore longues avant d'aboutir à des résultats concrets pour l'avenir de l'Europe, malgré les progrès enregistrés.

Lors de leur conférence de presse conjointe, le président français Macron et la chancelière allemande ont tenu à afficher leurs convergences. La France et l'Allemagne publieront lundi, jour du 55e anniversaire du traité historique de l'Elysée qui a scellé la réconciliation entre les deux pays, une déclaration commune qui lancera la préparation d'un nouveau traité, a indiqué le chef de l'Etat français. Le même jour, l'Assemblée nationale et le Bundestag voteront une résolution commune dans le même sens.

Il s'agit d'un acte important pour la coopération bilatérale en matière de défense, de politique étrangère, de recherche, d'éducation et de culture alors que les relations franco-allemandes ont pâti ces dernières années d'un recul de Paris et d'un manque d'enthousiasme de Berlin.

Mais aucune autre véritable annonce n'a été faite vendredi. C'est qu'il est trop tôt pour cela. Angela Merkel, qui avait reçu à Berlin Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle, est d'abord venue chercher du soutien à Paris pour le vote de ce dimanche.

Fragilisée, sans coalition gouvernementale depuis les élections de septembre dernier, la chancelière allemande reste en effet suspendue à l'issue incertaine du vote du Parti des sociaux-démocrates, le SPD, qui se réunit en congrès extraordinaire pour décider s'il accepte de former une alliance avec les conservateurs de la CDU-CSU.

Même en cas d'accord des délégués du SPD, un nouveau gouvernement ne verra pas le jour avant la mi-mars.

La visite d'Angela Merkel à Paris avait donc clairement une dimension symbolique et visait à montrer que, malgré les difficultés qu'elle rencontre pour former un gouvernement, le couple franco-allemand, dont dépend la "refondation de l'Europe" prônée par le président français, est toujours sur les rails. "Pour agir en Europe, il est capital d'avoir un gouvernement stable en Allemagne", a d'ailleurs insisté vendredi la chancelière.

Car si Emmanuel Macron, avec son discours à la Sorbonne en septembre dernier, a voulu prendre le leadership sur les questions européennes après une longue absence de la France, il lui est difficile d'avoir à lui seul la légitimité nécessaire et la capacité pour mener à bien les réformes de l'UE. Il a donc besoin d'un allié solide à Berlin pour avancer. "L'ambition que nous portons ne peut advenir seule, elle a besoin de se conjuguer avec l'ambition allemande", a-t-il rappelé vendredi.

Or, les deux pays ont traditionnellement une vision très différente. "La chancelière a une ambition européenne, les dirigeants du SPD ont manifesté une ambition européenne, et le texte commun en porte une", a tenu à souligner vendredi Emmanuel Macron, même si l'Allemagne donne la priorité aux questions migratoires et temporise au sujet de la réforme de la zone euro.

La convergence entre l'Allemagne et la France se focalise sur un point: l'Europe des 27, que le président français souhaite "différenciée", et l'Europe des 19 pays de la zone euro, pour laquelle il a poussé pour une réforme des institutions. Pour l'Allemagne, la question d'un budget de la zone euro reste délicate depuis la crise grecque.

Dans un rapport publié mercredi, 14 économistes français et allemands de renom proposent une feuille de route commune sur laquelle le président français va pouvoir s'appuyer. Ils plaident pour modifier l'architecture budgétaire, bancaire et monétaire de l'UE en modifiant un certain nombre de règles, jugées trop rigides, et en redressant des mécanismes qu'ils estiment trop complexes.

Ils préconisent notamment une petite révolution avec la suppression de la règle des 3% de déficit public prévue il y a 26 ans par le traité de Maastricht. Ils plaident pour une nouvelle règle plus simple de dépenses publiques en fonction de la croissance du PIB de chaque pays de la zone euro et proposent la création d'un fonds commun destiné à aider un pays en difficulté en cas de crise financière au-delà de ce que prévoit l'actuel mécanisme européen de stabilité.

Pour les pays au bord de la banqueroute, les quatorze économistes suggèrent de mettre sur pied un dispositif clair et transparent anticipant ce genre de crise. Les dettes seraient alors restructurées, rééchelonnées, de manière ordonnée, et sous étroites conditions, sans courir le risque de provoquer la panique chez les investisseurs.

Une réforme de la zone euro permettrait de lutter à la fois contre le ressentiment entre les États et contre les institutions européennes qui ont "contribué à la montée du populisme anti-euro" et dont les conséquences pourraient finir "par menacer le projet européen lui-même", insistent-ils.

Leurs propositions viennent alimenter le débat qui commence entre Paris et Berlin, mais certaines ont déjà irrité les partenaires allemands. Les Européens se sont engagés à trancher d'ici au mois de juillet. Il faudra ensuite entrer dans les détails pour modifier les règles existantes. Un travail de très longue haleine.

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