France: face aux incivilités, la SNCF renforce les sanctions tout en pariant sur la pédagogie (PAPIER GENERAL)

Publié le 2018-01-16 à 20:17 | french.xinhuanet.com

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PARIS, 16 janvier (Xinhua) -- L'importante opération de police menée samedi suite à des débordements provoqués par des dizaines de voyageurs d'un TGV illustre le durcissement de la politique contre les incivilités dans les transports en France dans le cadre de la loi Savary. La Société nationale des chemins de fer français (SNCF) fait dans le même temps le pari de la pédagogie en expérimentant la théorie du "nudge" ("coup de pouce", en français) en Ile-de-France.

Ce TGV à destination d'Evian (Haute-Savoie), parti de Paris samedi matin, a dû être détourné sur Lyon. Le contrôleur du train a demandé l'intervention de la police face à un groupe "nombreux, très turbulent et difficilement gérable", a indiqué la SNCF.

Près d'une centaine de membres des forces de l'ordre sont intervenus: des représentants de la police nationale, de la police ferroviaire, de la police municipale ainsi que des militaires de l'opération Sentinelle.

"Deux rames de jeunes gens excités et dont certains étaient alcoolisés ont commis des incivilités et des dégradations, mais il n'y a pas eu de violences", a précisé la préfecture du Rhône. Trente personnes ont été interpellées.

Face au problème endémique des incivilités de toute forme dans les transports (non-respect des règles, des voyageurs, du personnel et du matériel...), la SNCF cherche la parade depuis plusieurs années.

En 2012, son président, Guillaume Pepy, estimant alors que "les bornes sont dépassées", annonçait un vaste dispositif de lutte contre les incivilités à travers un plan en trois temps, qu'il résumait ainsi : prévention, action, répression. Des médiateurs sociaux ont alors fait leur apparition dans les trains.

L'enjeu autour des incivilités n'est pas seulement sociétal, mais aussi économique. Au total, les incivilités coûteraient en effet plus de 35 millions d'euros par an à la SNCF, dont 16 pour la région Ile-de-France, selon des chiffres communiqués par la société ferroviaire à la presse française.

Une somme qui recouvre la remise en état des rames dégradées, le coût des arrêts de travail éventuels d'agents victimes d'agressions, ou encore le remboursement des billets lorsque le trafic a été perturbé à cause d'un acte malveillant.

Depuis l'adoption en mars 2016 de la proposition de loi du député socialiste Gilles Savary relative à la prévention et à la lutte contre les atteintes graves à la sécurité publique, contre la fraude dans les transports publics de voyageurs et contre le terrorisme, les agents SNCF de la sûreté ferroviaire (SUGE) et les contrôleurs (ASCT) ont obtenu des pouvoirs accrus.

Les agents SUGE sont désormais autorisés à procéder à des inspections visuelles, des fouilles et des palpations de sécurité sur les voyageurs et leurs bagages.

La nouvelle loi permet également l'élargissement du recours aux missions des agents SUGE, en civil et armés, dans les trains et les espaces ferroviaires.

Depuis le 1er janvier 2017, les agents SUGE peuvent par ailleurs expérimenter pour une période de trois ans des dispositifs de "caméra-piéton". Ces caméras doivent être portées de façon apparente et les agents ont l'obligation de prévenir la personne avant de déclencher un enregistrement.

La loi prévoit également que les images provenant des caméras de vidéoprotection de l'entreprise peuvent, dans certaines circonstances, être transmises en temps réel aux forces de l'ordre.

En cas de fraude, le contrevenant doit désormais systématiquement prouver son identité. En cas de déclaration intentionnelle de fausse identité ou de fausse adresse, le contrevenant s'expose à une peine de deux mois d'emprisonnement. Dans le cadre d'une procédure de relevé d'identité, le contrevenant doit rester à disposition des agents SUGE. Dans le cas contraire, il commet désormais un délit (dit de soustraction), passible de deux mois d'emprisonnement et de 7.500 euros d'amende.

La loi prévoit également la création d'un délit passible de deux mois d'emprisonnement et de 3.750 euros d'amende pour incitation à la fraude ou à l'incivilité pour toute personne qui alerterait les passagers de la présence des contrôleurs ou d'agents de la sûreté ferroviaire.

L'an dernier, la SNCF a lancé une nouvelle campagne de communication et d'information auprès des passagers baptisée "Etre civil, on a tous à y gagner", rappelant le montant des amendes que peut recevoir un usager en cas d'incivilité.

Mais au-delà de ce type d'opérations de sensibilisation classique, la compagnie ferroviaire expérimente depuis peu la théorie du "nudge": cette technique vise à inciter, à orienter ou à aider l'individu à prendre la bonne décision sans l'y obliger, sans qu'il s'y sente contraint, presque sans qu'il ait le sentiment qu'on l'y a invité, une nouvelle approche pour laquelle Richard Thaler a reçu le prix Nobel d'économie en 2017.

Via sa branche Transilien, l'entreprise publique a lancé onze projets basés sur cette théorie en Île-de-France. Pour faire respecter le sens de la marche, par exemple, l'entreprise a opté pour un changement de signalétique: les panneaux "sens interdit", qui donnent l'idée qu'on n'a pas le droit de passer par là, ont été remplacés par des panneaux "voie sans issue".

Cette expérience, menée à la gare Saint-Denis pour y réorganiser les flux de voyageurs, et notamment les dissuader d'emprunter à contresens l'escalier central, semble encourageante: le nombre de personnes empruntant l'escalier en contresens a diminué de 41%.

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France: face aux incivilités, la SNCF renforce les sanctions tout en pariant sur la pédagogie (PAPIER GENERAL)

Publié le 2018-01-16 à 20:17 | french.xinhuanet.com

PARIS, 16 janvier (Xinhua) -- L'importante opération de police menée samedi suite à des débordements provoqués par des dizaines de voyageurs d'un TGV illustre le durcissement de la politique contre les incivilités dans les transports en France dans le cadre de la loi Savary. La Société nationale des chemins de fer français (SNCF) fait dans le même temps le pari de la pédagogie en expérimentant la théorie du "nudge" ("coup de pouce", en français) en Ile-de-France.

Ce TGV à destination d'Evian (Haute-Savoie), parti de Paris samedi matin, a dû être détourné sur Lyon. Le contrôleur du train a demandé l'intervention de la police face à un groupe "nombreux, très turbulent et difficilement gérable", a indiqué la SNCF.

Près d'une centaine de membres des forces de l'ordre sont intervenus: des représentants de la police nationale, de la police ferroviaire, de la police municipale ainsi que des militaires de l'opération Sentinelle.

"Deux rames de jeunes gens excités et dont certains étaient alcoolisés ont commis des incivilités et des dégradations, mais il n'y a pas eu de violences", a précisé la préfecture du Rhône. Trente personnes ont été interpellées.

Face au problème endémique des incivilités de toute forme dans les transports (non-respect des règles, des voyageurs, du personnel et du matériel...), la SNCF cherche la parade depuis plusieurs années.

En 2012, son président, Guillaume Pepy, estimant alors que "les bornes sont dépassées", annonçait un vaste dispositif de lutte contre les incivilités à travers un plan en trois temps, qu'il résumait ainsi : prévention, action, répression. Des médiateurs sociaux ont alors fait leur apparition dans les trains.

L'enjeu autour des incivilités n'est pas seulement sociétal, mais aussi économique. Au total, les incivilités coûteraient en effet plus de 35 millions d'euros par an à la SNCF, dont 16 pour la région Ile-de-France, selon des chiffres communiqués par la société ferroviaire à la presse française.

Une somme qui recouvre la remise en état des rames dégradées, le coût des arrêts de travail éventuels d'agents victimes d'agressions, ou encore le remboursement des billets lorsque le trafic a été perturbé à cause d'un acte malveillant.

Depuis l'adoption en mars 2016 de la proposition de loi du député socialiste Gilles Savary relative à la prévention et à la lutte contre les atteintes graves à la sécurité publique, contre la fraude dans les transports publics de voyageurs et contre le terrorisme, les agents SNCF de la sûreté ferroviaire (SUGE) et les contrôleurs (ASCT) ont obtenu des pouvoirs accrus.

Les agents SUGE sont désormais autorisés à procéder à des inspections visuelles, des fouilles et des palpations de sécurité sur les voyageurs et leurs bagages.

La nouvelle loi permet également l'élargissement du recours aux missions des agents SUGE, en civil et armés, dans les trains et les espaces ferroviaires.

Depuis le 1er janvier 2017, les agents SUGE peuvent par ailleurs expérimenter pour une période de trois ans des dispositifs de "caméra-piéton". Ces caméras doivent être portées de façon apparente et les agents ont l'obligation de prévenir la personne avant de déclencher un enregistrement.

La loi prévoit également que les images provenant des caméras de vidéoprotection de l'entreprise peuvent, dans certaines circonstances, être transmises en temps réel aux forces de l'ordre.

En cas de fraude, le contrevenant doit désormais systématiquement prouver son identité. En cas de déclaration intentionnelle de fausse identité ou de fausse adresse, le contrevenant s'expose à une peine de deux mois d'emprisonnement. Dans le cadre d'une procédure de relevé d'identité, le contrevenant doit rester à disposition des agents SUGE. Dans le cas contraire, il commet désormais un délit (dit de soustraction), passible de deux mois d'emprisonnement et de 7.500 euros d'amende.

La loi prévoit également la création d'un délit passible de deux mois d'emprisonnement et de 3.750 euros d'amende pour incitation à la fraude ou à l'incivilité pour toute personne qui alerterait les passagers de la présence des contrôleurs ou d'agents de la sûreté ferroviaire.

L'an dernier, la SNCF a lancé une nouvelle campagne de communication et d'information auprès des passagers baptisée "Etre civil, on a tous à y gagner", rappelant le montant des amendes que peut recevoir un usager en cas d'incivilité.

Mais au-delà de ce type d'opérations de sensibilisation classique, la compagnie ferroviaire expérimente depuis peu la théorie du "nudge": cette technique vise à inciter, à orienter ou à aider l'individu à prendre la bonne décision sans l'y obliger, sans qu'il s'y sente contraint, presque sans qu'il ait le sentiment qu'on l'y a invité, une nouvelle approche pour laquelle Richard Thaler a reçu le prix Nobel d'économie en 2017.

Via sa branche Transilien, l'entreprise publique a lancé onze projets basés sur cette théorie en Île-de-France. Pour faire respecter le sens de la marche, par exemple, l'entreprise a opté pour un changement de signalétique: les panneaux "sens interdit", qui donnent l'idée qu'on n'a pas le droit de passer par là, ont été remplacés par des panneaux "voie sans issue".

Cette expérience, menée à la gare Saint-Denis pour y réorganiser les flux de voyageurs, et notamment les dissuader d'emprunter à contresens l'escalier central, semble encourageante: le nombre de personnes empruntant l'escalier en contresens a diminué de 41%.

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