(Bilan 2017) "On observe une vraie dynamique de refondation européenne", estime une politologue française

Publié le 2017-12-24 à 14:17 | french.xinhuanet.com

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PARIS, 24 décembre (Xinhua) -- Depuis l'élection d'Emmanuel Macron à la tête de la République française, puis sa longue série d'initiatives pour relancer "le rêve européen", estime Frédérique Berrod, professeure de droit européen à l'Institut d'études politiques (IEP) de Strasbourg et au collège d'Europe de Bruges (Belgique).

"Ces derniers mois, concernant beaucoup de dossiers européens, les choses ne sont plus réfléchies de la même manière, la nature du débat change, cette idée d'une Europe qui protège avance (...) Même si ce n'est pas un mouvement univoque", relève-t-elle. "L'élection d'Emmanuel Macron a donné une impulsion; on observe une vraie dynamique de refondation européenne".

Interrogée par Xinhua sur ce que de nombreux analystes politiques étrangers ont baptisé "le moment Macron", Mme Berrod dit partager ce sentiment. La réforme et l'accord sur le travail détaché, l'initiative de défense européenne, la manière dont l'UE a "indubitablement bien négocié la première phase du Brexit" ou encore le déclenchement de l'article 7 contre la Pologne "qui semble souder les Européens" sont "des indicateurs de cette dynamique nouvelle", explique la politologue.

D'autre part, "le président Macron continue de bénéficier d'une forte cote de sympathie, voire d'admiration à l'étranger. Il a soigné sa politique étrangère globale, ce qui explique aussi cette aura particulière qu'il a en ce moment", relève-t-elle. Cet engouement gagne le Parlement européen où le mouvement qui soutient Emmanuel Macron s'est baptisé "Refondation européenne".

La situation politique en Allemagne, privée de gouvernement effectif depuis les élections du 24 septembre, entrave cependant cette dynamique de refondation européenne. Aucune décision sur le renforcement de la zone euro, l'une des priorités de Paris, n'a pu être prise ces derniers mois.

"L'arrivée de l'extrême droite au Parlement allemand n'est pas bon signe, pas plus qu'en Autriche. Les mouvements populistes sont là et bien là. Surtout, la chancelière allemande Angela Merkel a mal gagné et a de fait bien des difficultés à constituer une majorité gouvernementale pour affirmer sa politique. Mais, selon moi, ce sont davantage des enjeux allemands qu'européens qui expliquent ces atermoiements, plutôt qu'une franche division sur l'Europe. Cependant, il ne faudrait pas que cette situation dure trop longtemps", note Frédérique Berrod.

Au dernier sommet européen, le 15 décembre à Bruxelles, Emmanuel Macron et Angela Merkel ont d'ailleurs tenu à afficher leur unité devant la presse. "On a une idée assez claire de là où on veut aller", a ainsi insisté le président français qui a plaidé pour une "Allemagne forte, stable, pour pouvoir avancer", tandis que la chancelière allemande a affirmé vouloir arriver à une position commune en mars prochain sur les réformes de la zone euro.

Pour la spécialiste de droit européen, "2018 sera une année charnière pour l'UE confrontée à de multiples enjeux avant l'échéance des élections européennes de 2019".

"Des signes clairs en faveur d'une refondation européenne doivent être donnés pour que la dynamique perdure. Une des questions déterminantes sera celle du partage des compétences. Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et Emmanuel Macron sont plutôt d'accord sur l'idée qu'il faut recentrer l'Europe sur un certain nombre de fonctions, notamment sur l'idée de souveraineté européenne. D'après mes discussions avec des parlementaires européens, c'est bien accueilli", dit-elle.

"Les enjeux autour de la zone euro et de sa gouvernance seront eux aussi cruciaux. Sans oublier la question des flux migratoires", ajoute-t-elle. Le président Macron défend une Europe à deux vitesses, dont le noyau dur serait formé par les Etats partageant la monnaie commune, et croit à une délégation partielle des souverainetés nationales au niveau européen. Sa proposition de budget et de ministre des Finances de la zone euro, ainsi qu'une gouvernance économique commune, doit encore convaincre les Européens, notamment en Allemagne.

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(Bilan 2017) "On observe une vraie dynamique de refondation européenne", estime une politologue française

Publié le 2017-12-24 à 14:17 | french.xinhuanet.com

PARIS, 24 décembre (Xinhua) -- Depuis l'élection d'Emmanuel Macron à la tête de la République française, puis sa longue série d'initiatives pour relancer "le rêve européen", estime Frédérique Berrod, professeure de droit européen à l'Institut d'études politiques (IEP) de Strasbourg et au collège d'Europe de Bruges (Belgique).

"Ces derniers mois, concernant beaucoup de dossiers européens, les choses ne sont plus réfléchies de la même manière, la nature du débat change, cette idée d'une Europe qui protège avance (...) Même si ce n'est pas un mouvement univoque", relève-t-elle. "L'élection d'Emmanuel Macron a donné une impulsion; on observe une vraie dynamique de refondation européenne".

Interrogée par Xinhua sur ce que de nombreux analystes politiques étrangers ont baptisé "le moment Macron", Mme Berrod dit partager ce sentiment. La réforme et l'accord sur le travail détaché, l'initiative de défense européenne, la manière dont l'UE a "indubitablement bien négocié la première phase du Brexit" ou encore le déclenchement de l'article 7 contre la Pologne "qui semble souder les Européens" sont "des indicateurs de cette dynamique nouvelle", explique la politologue.

D'autre part, "le président Macron continue de bénéficier d'une forte cote de sympathie, voire d'admiration à l'étranger. Il a soigné sa politique étrangère globale, ce qui explique aussi cette aura particulière qu'il a en ce moment", relève-t-elle. Cet engouement gagne le Parlement européen où le mouvement qui soutient Emmanuel Macron s'est baptisé "Refondation européenne".

La situation politique en Allemagne, privée de gouvernement effectif depuis les élections du 24 septembre, entrave cependant cette dynamique de refondation européenne. Aucune décision sur le renforcement de la zone euro, l'une des priorités de Paris, n'a pu être prise ces derniers mois.

"L'arrivée de l'extrême droite au Parlement allemand n'est pas bon signe, pas plus qu'en Autriche. Les mouvements populistes sont là et bien là. Surtout, la chancelière allemande Angela Merkel a mal gagné et a de fait bien des difficultés à constituer une majorité gouvernementale pour affirmer sa politique. Mais, selon moi, ce sont davantage des enjeux allemands qu'européens qui expliquent ces atermoiements, plutôt qu'une franche division sur l'Europe. Cependant, il ne faudrait pas que cette situation dure trop longtemps", note Frédérique Berrod.

Au dernier sommet européen, le 15 décembre à Bruxelles, Emmanuel Macron et Angela Merkel ont d'ailleurs tenu à afficher leur unité devant la presse. "On a une idée assez claire de là où on veut aller", a ainsi insisté le président français qui a plaidé pour une "Allemagne forte, stable, pour pouvoir avancer", tandis que la chancelière allemande a affirmé vouloir arriver à une position commune en mars prochain sur les réformes de la zone euro.

Pour la spécialiste de droit européen, "2018 sera une année charnière pour l'UE confrontée à de multiples enjeux avant l'échéance des élections européennes de 2019".

"Des signes clairs en faveur d'une refondation européenne doivent être donnés pour que la dynamique perdure. Une des questions déterminantes sera celle du partage des compétences. Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et Emmanuel Macron sont plutôt d'accord sur l'idée qu'il faut recentrer l'Europe sur un certain nombre de fonctions, notamment sur l'idée de souveraineté européenne. D'après mes discussions avec des parlementaires européens, c'est bien accueilli", dit-elle.

"Les enjeux autour de la zone euro et de sa gouvernance seront eux aussi cruciaux. Sans oublier la question des flux migratoires", ajoute-t-elle. Le président Macron défend une Europe à deux vitesses, dont le noyau dur serait formé par les Etats partageant la monnaie commune, et croit à une délégation partielle des souverainetés nationales au niveau européen. Sa proposition de budget et de ministre des Finances de la zone euro, ainsi qu'une gouvernance économique commune, doit encore convaincre les Européens, notamment en Allemagne.

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