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Un médecin aux pieds nus africain en Chine envisage d'apporter à l'Afrique la médecine traditionnelle chinoise (PORTRAIT)

French.xinhuanet.com   2017-10-27 13:35:14      

BEIJING, 27 octobre (Xinhua) -- Si Boubacar Diarra n'avait pas eu de très bons réflexes et une persévérance extraordinaire, il n'aurait jamais pu se distinguer en Chine comme docteur en médecine traditionnelle chinoise.

Ce Malien de 53 ans rit encore lorsqu'il se souvient de son premier jour de travail dans un hôpital privé de Chengdu, une ville du sud-ouest de la Chine connue pour son centre de recherche sur les pandas.

Pendant trois jours, il n'a reçu aucun patient. Le quatrième, une femme d'âge mûr a ouvert la porte de son cabinet, l'a regardé et s'est enfuie. "J'ai dû courir après elle, lui disant que je pouvais l'aider à régler ses problèmes", a confié M. Diarra en s'esclaffant.

Quand la patiente s'est arrêtée, voyant que l'étranger parlait chinois, il a joué de persuasion. "Si je ne suis pas efficace, je ne recevrai aucun sou", a-t-il promis.

Un peu rassurée, elle est revenue, a accepté le traitement avant de se sentir mieux. "En fin de compte, elle a commencé à m'envoyer ses parents, son mari et ils sont tous devenus mes patients", s'est-il réjoui.

Le Dr Diarra a grandi dans une petite ville du centre-sud du Mali, un pays enclavé d'Afrique de l'Ouest qui peine à fournir des soins suffisants à ses 18 millions de citoyens.

De son père, Thiemoko Diarra, qui a travaillé pour le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Mali, Boubacar Diarra a appris comment établir la confiance avec ses patients et d'être conscient de leurs faibles revenus.

"Quand mon père recevait des patients à la maison, il ne touchait pas d'argent", a-t-il indiqué, ajoutant qu'il lui avait dit : "Le travail d'un médecin est d'aimer ses patients et d'être au service de sa communauté".

DES DEBUTS DIFFICILES

Le Dr Diarra est arrivé en Chine pour la première fois en 1984 dans le cadre d'un programme d'échange d'étudiants en langue chinoise, avant d'entamer ses études à l'Université des langues et des cultures de Beijing (BLCU).

Après deux ans d'études, celui qui comptait entrer à l'Université de médecine de Beijing a finalement bifurqué vers l'Université de médecine traditionnelle chinoise de Guangzhou. Les débuts, se souvient-il, ont été très difficiles.

"Je suis entré à l'université au milieu d'étudiants chinois et on faisait nos études en chinois. Donc, c'était très, très difficile pour moi. Au début, je ne comprenais pas ce que les professeurs disaient en cours".

Puisque que la médecine traditionnelle chinoise touche également à l'histoire et à la culture de la Chine, les étudiants doivent aussi apprendre la littérature chinoise antique, la plupart des textes médicaux étant écrits en caractères chinois anciens. "C'est déjà difficile pour les Chinois, alors imaginez pour moi, un étranger!", a-t-il souligné.

En 1997, il est devenu le premier étranger à décrocher un doctorat en acupuncture de l'université de médecine traditionnelle chinoise de Chengdu. La même année, il s'est marié avec Yang Mei, une Chinoise rencontrée dans une église de Chengdu dont il a eu deux enfants.

Le Dr Diarra avoue qu'il s'est bien intégré à la culture et à la société chinoises. Chaque fois qu'il rentre au Mali, ses amis se plaignent qu'il soit "plus chinois qu'africain".

En plus de son travail dans le secteur privé, il travaille également pour l'ONG Médecins sans frontières, se rendant dans des villages sous-développés pour y traiter les patients pauvres, parfois atteints de lèpre.

En 1999, il a participé à un projet de prévention et de sensibilisation au HIV dans les provinces chinoises du Sichuan et du Yunnan, où il vit aujourd'hui.

LE "NORMAN BETHUNE AFRICAIN"

Grâce à son travail dans les communautés, où il a formé des médecins de village à la médecine traditionnelle chinoise, le Dr Diarra est connu comme le "médecin aux pieds nus africain" ou encore le "Norman Bethune africain", du nom de ce médecin canadien qui a dirigea des hôpitaux de campagne dans le nord de la Chine lors de la guerre contre les envahisseurs japonais.

Depuis dix ans, celui qui a été décoré en 2013 par le Premier ministre Li Keqiang veut réaliser un rêve : "Je voudrais construire non seulement un hôpital, mais aussi un centre de formation, où les gens peuvent venir et apprendre la médecine". Basé en Afrique, cet établissement permettra aussi des recherches sur la médecine traditionnelle chinoise et la phytothérapie africaine. Il compte dans son réseau 15 médecins africains étudiant en Chine et souhaite qu'ils rejoignent ce projet ambitieux pour lequel il cherche des investisseurs.

Le médecin malien envisage de commencer à une petite échelle et de former des médecins africains comme il l'a déjà fait dans les régions rurales chinoises. "S'ils apprennent la médecine traditionnelle chinoise, ils seront capables de traiter les patients en Afrique de façon très efficace et à moindre coût", assure-t-il.

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Un médecin aux pieds nus africain en Chine envisage d'apporter à l'Afrique la médecine traditionnelle chinoise (PORTRAIT)

Publié le 2017-10-27 à 13:35 | french.xinhuanet.com

BEIJING, 27 octobre (Xinhua) -- Si Boubacar Diarra n'avait pas eu de très bons réflexes et une persévérance extraordinaire, il n'aurait jamais pu se distinguer en Chine comme docteur en médecine traditionnelle chinoise.

Ce Malien de 53 ans rit encore lorsqu'il se souvient de son premier jour de travail dans un hôpital privé de Chengdu, une ville du sud-ouest de la Chine connue pour son centre de recherche sur les pandas.

Pendant trois jours, il n'a reçu aucun patient. Le quatrième, une femme d'âge mûr a ouvert la porte de son cabinet, l'a regardé et s'est enfuie. "J'ai dû courir après elle, lui disant que je pouvais l'aider à régler ses problèmes", a confié M. Diarra en s'esclaffant.

Quand la patiente s'est arrêtée, voyant que l'étranger parlait chinois, il a joué de persuasion. "Si je ne suis pas efficace, je ne recevrai aucun sou", a-t-il promis.

Un peu rassurée, elle est revenue, a accepté le traitement avant de se sentir mieux. "En fin de compte, elle a commencé à m'envoyer ses parents, son mari et ils sont tous devenus mes patients", s'est-il réjoui.

Le Dr Diarra a grandi dans une petite ville du centre-sud du Mali, un pays enclavé d'Afrique de l'Ouest qui peine à fournir des soins suffisants à ses 18 millions de citoyens.

De son père, Thiemoko Diarra, qui a travaillé pour le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Mali, Boubacar Diarra a appris comment établir la confiance avec ses patients et d'être conscient de leurs faibles revenus.

"Quand mon père recevait des patients à la maison, il ne touchait pas d'argent", a-t-il indiqué, ajoutant qu'il lui avait dit : "Le travail d'un médecin est d'aimer ses patients et d'être au service de sa communauté".

DES DEBUTS DIFFICILES

Le Dr Diarra est arrivé en Chine pour la première fois en 1984 dans le cadre d'un programme d'échange d'étudiants en langue chinoise, avant d'entamer ses études à l'Université des langues et des cultures de Beijing (BLCU).

Après deux ans d'études, celui qui comptait entrer à l'Université de médecine de Beijing a finalement bifurqué vers l'Université de médecine traditionnelle chinoise de Guangzhou. Les débuts, se souvient-il, ont été très difficiles.

"Je suis entré à l'université au milieu d'étudiants chinois et on faisait nos études en chinois. Donc, c'était très, très difficile pour moi. Au début, je ne comprenais pas ce que les professeurs disaient en cours".

Puisque que la médecine traditionnelle chinoise touche également à l'histoire et à la culture de la Chine, les étudiants doivent aussi apprendre la littérature chinoise antique, la plupart des textes médicaux étant écrits en caractères chinois anciens. "C'est déjà difficile pour les Chinois, alors imaginez pour moi, un étranger!", a-t-il souligné.

En 1997, il est devenu le premier étranger à décrocher un doctorat en acupuncture de l'université de médecine traditionnelle chinoise de Chengdu. La même année, il s'est marié avec Yang Mei, une Chinoise rencontrée dans une église de Chengdu dont il a eu deux enfants.

Le Dr Diarra avoue qu'il s'est bien intégré à la culture et à la société chinoises. Chaque fois qu'il rentre au Mali, ses amis se plaignent qu'il soit "plus chinois qu'africain".

En plus de son travail dans le secteur privé, il travaille également pour l'ONG Médecins sans frontières, se rendant dans des villages sous-développés pour y traiter les patients pauvres, parfois atteints de lèpre.

En 1999, il a participé à un projet de prévention et de sensibilisation au HIV dans les provinces chinoises du Sichuan et du Yunnan, où il vit aujourd'hui.

LE "NORMAN BETHUNE AFRICAIN"

Grâce à son travail dans les communautés, où il a formé des médecins de village à la médecine traditionnelle chinoise, le Dr Diarra est connu comme le "médecin aux pieds nus africain" ou encore le "Norman Bethune africain", du nom de ce médecin canadien qui a dirigea des hôpitaux de campagne dans le nord de la Chine lors de la guerre contre les envahisseurs japonais.

Depuis dix ans, celui qui a été décoré en 2013 par le Premier ministre Li Keqiang veut réaliser un rêve : "Je voudrais construire non seulement un hôpital, mais aussi un centre de formation, où les gens peuvent venir et apprendre la médecine". Basé en Afrique, cet établissement permettra aussi des recherches sur la médecine traditionnelle chinoise et la phytothérapie africaine. Il compte dans son réseau 15 médecins africains étudiant en Chine et souhaite qu'ils rejoignent ce projet ambitieux pour lequel il cherche des investisseurs.

Le médecin malien envisage de commencer à une petite échelle et de former des médecins africains comme il l'a déjà fait dans les régions rurales chinoises. "S'ils apprennent la médecine traditionnelle chinoise, ils seront capables de traiter les patients en Afrique de façon très efficace et à moindre coût", assure-t-il.

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