Une résolution attendue au Parlement européen en matière de harcèlement sexuel (PAPIER GÉNÉRAL)

Publié le 2017-10-26 à 02:55 | french.xinhuanet.com

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STRASBOURG, 25 octobre (Xinhua) -- Le scandale Weinstein aux Etats-Unis et le déferlement de témoignages sur les réseaux sociaux devenu le mouvement #MeToo gagnent les institutions européennes, elles-mêmes touchées par des accusations d'agressions sexuelles relayées dans les médias. Le Parlement européen, réuni en session plénière à Strasbourg, a débattu mercredi de ce phénomène qui toucherait plus d'une femme sur deux sur le Vieux continent. Une résolution doit être votée jeudi.

Alors qu'aux Etats-Unis la liste des femmes qui accusent le producteur de cinéma Harvey Weinstein de harcèlement, d'agressions sexuelles et, pour certaines, de viol, ne cesse de s'allonger, la parole se libère en Europe, sur les réseaux sociaux et dans la presse, gagnant toutes les sphères de la société, y compris les institutions.

Le débat qui s'est tenu, mercredi, à Strasbourg, au Parlement européen, à la demande de plusieurs eurodéputés, pour dénoncer l'ampleur du phénomène, reflète l'onde de choc provoqué par #MeToo (moi aussi, en anglais). Ce simple hashtag, qui a déjà rassemblé plus de 400 000 témoignages sur les réseaux sociaux, se structure très rapidement en un mouvement qui appelle notamment à descendre dans la rue dimanche en France.

Le contexte est d'autant plus tendu au Parlement européen (PE) que le site d'information Politico.eu a recueilli, ces dernières semaines, plusieurs dizaines de témoignages de membres de l'institution dénonçant des cas de harcèlement sexuel, et même de viols, ces dernières années. Des témoignages qui viennent corroborer une sorte de secret de polichinelle, estiment certains, tant il était déjà de notoriété publique que les institutions européennes ne brillent pas par l'exemplarité en la matière.

Le Sunday Times a de son côté affirmé que plus d'une dizaine de femmes auraient été harcelées sexuellement au Parlement européen par "des députés expérimentés issus de tout le spectre politique, dont certains anciens ministres".

Lundi, à l'ouverture de la session plénière, le président du PE Antonio Tajani a promis que les auteurs de tels faits seraient "sévèrement punis", tout en indiquant que le comité de lutte contre le harcèlement interne au PE n'avait reçu aucune "plainte formelle de harcèlement sexuel".

"Il n'y a pas plus de cas de harcèlement ici qu'ailleurs. Mais il n'y en a pas moins non plus. Nous avons une responsabilité collective pour y mettre un terme", a lancé dans l'hémicycle strasbourgeois l'eurodéputé socialiste français Edouard Martin, un des rares hommes à être montés au créneau lors du débat.

Il réclame notamment "un audit externe" et "un comité spécial pour le harcèlement sexuel" au PE.

"Ici les langues se délient depuis l'affaire Weinstein, et la réalité dépasse ce que je pouvais imaginer. Il y a 751 députés, qui ont souvent deux attachés parlementaires, qui sont souvent des femmes jeunes. Elles sont intimidées, elles ne savent pas comment réagir. Je ne sais pas si le problème est important, mais je sais qu'il existe, et qu'il y a des victimes", a-t-il d'autre part déclaré dans une interview accordée au site Euractiv.

Pendant le débat, une quarantaine de parlementaires, ainsi que la Commissaire européenne au Commerce Cecilia Malström qui a évoqué l"indignation féministe partout dans le monde de femmes qui en ont assez", ont appelé à des mesures globales de lutte contre le harcèlement. Une résolution doit être votée jeudi.

L'intervention de l'eurodéputée écologiste française Karima Delli a été particulièrement remarquée. "Il y a deux hommes dans mon cabinet. M'est-il déjà arrivé de leur pincer les fesses dans un ascenseur ou de les coincer dans mon bureau? Jamais. Le sentiment d'impunité est intolérable, il faut que cela cesse, maintenant!", a-t-elle asséné dans l'hémicycle strasbourgeois.

"Nous devons progresser sur la libération des témoignages. Pour cela, nous devons mettre en place un réseau de personnes de confiance pour aider les victimes à parler. Les choses ne sont pas dites, les victimes ont honte. Il nous faut un médiateur entre l'institution et les victimes. Enfin, je tiens à ce qu'ici, chacun soit informé que de ce qu'il risque en cas de harcèlement", a déclaré la Française Elisabeth Morin-Chartier (Les Républicains/droite), qui préside le comité contre le harcèlement du PE.

"La même tolérance zéro (...) devrait être appliquée au sein du Parlement européen avec la même vigueur et sur un pied d'égalité dans tous les lieux de travail du secteur public ou privé", a estimé de son côté l'eurodéputée italienne du groupe Europe de la liberté et de la démocratie directe, Daniela Aiuto.

"Le problème est encore sous-évalué, comme beaucoup de victimes ont peur ou sont honteuses d'en parler. L'unique responsable est celui qui attaque ou qui harcèle", a relevé l'eurodéputée démocrate socialiste espagnole Iratxe Garcia Perez. "Nous devons soutenir et être du côté des victimes, afin qu'elles ne soient pas honteuses, qu'elles n'aient pas peur de perdre leur travail et qu'elles cessent de se sentir coupables", a-t-elle ajouté.

"Nous avons besoin que les hommes prennent leurs responsabilités. S'ils font partie du problème, ils font partie de la solution", a déclaré, l'eurodéputée suédoise membre de la Gauche unitaire européenne / Gauche verte nordique, Malin Björk. Des propos auxquels ont fait écho ceux de l'eurodéputée verte allemande Terry Reintke: "Oui, c'est une histoire de femmes, mais ça n'est pas un problème de femme. Nous avons besoin que les hommes se fassent entendre. Nous devons nous battre ensemble".

Selon un sondage mené par la FRA (l'Agence des droits fondamentaux de lUnion européenne) paru en mars 2014, 55% de femmes ont déjà été victimes d'une ou de plusieurs formes de harcèlement sexuel au cours de leur vie et 33% ont été victimes d'agression physique ou sexuelle depuis l'âge de 15 ans.

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Une résolution attendue au Parlement européen en matière de harcèlement sexuel (PAPIER GÉNÉRAL)

Publié le 2017-10-26 à 02:55 | french.xinhuanet.com

STRASBOURG, 25 octobre (Xinhua) -- Le scandale Weinstein aux Etats-Unis et le déferlement de témoignages sur les réseaux sociaux devenu le mouvement #MeToo gagnent les institutions européennes, elles-mêmes touchées par des accusations d'agressions sexuelles relayées dans les médias. Le Parlement européen, réuni en session plénière à Strasbourg, a débattu mercredi de ce phénomène qui toucherait plus d'une femme sur deux sur le Vieux continent. Une résolution doit être votée jeudi.

Alors qu'aux Etats-Unis la liste des femmes qui accusent le producteur de cinéma Harvey Weinstein de harcèlement, d'agressions sexuelles et, pour certaines, de viol, ne cesse de s'allonger, la parole se libère en Europe, sur les réseaux sociaux et dans la presse, gagnant toutes les sphères de la société, y compris les institutions.

Le débat qui s'est tenu, mercredi, à Strasbourg, au Parlement européen, à la demande de plusieurs eurodéputés, pour dénoncer l'ampleur du phénomène, reflète l'onde de choc provoqué par #MeToo (moi aussi, en anglais). Ce simple hashtag, qui a déjà rassemblé plus de 400 000 témoignages sur les réseaux sociaux, se structure très rapidement en un mouvement qui appelle notamment à descendre dans la rue dimanche en France.

Le contexte est d'autant plus tendu au Parlement européen (PE) que le site d'information Politico.eu a recueilli, ces dernières semaines, plusieurs dizaines de témoignages de membres de l'institution dénonçant des cas de harcèlement sexuel, et même de viols, ces dernières années. Des témoignages qui viennent corroborer une sorte de secret de polichinelle, estiment certains, tant il était déjà de notoriété publique que les institutions européennes ne brillent pas par l'exemplarité en la matière.

Le Sunday Times a de son côté affirmé que plus d'une dizaine de femmes auraient été harcelées sexuellement au Parlement européen par "des députés expérimentés issus de tout le spectre politique, dont certains anciens ministres".

Lundi, à l'ouverture de la session plénière, le président du PE Antonio Tajani a promis que les auteurs de tels faits seraient "sévèrement punis", tout en indiquant que le comité de lutte contre le harcèlement interne au PE n'avait reçu aucune "plainte formelle de harcèlement sexuel".

"Il n'y a pas plus de cas de harcèlement ici qu'ailleurs. Mais il n'y en a pas moins non plus. Nous avons une responsabilité collective pour y mettre un terme", a lancé dans l'hémicycle strasbourgeois l'eurodéputé socialiste français Edouard Martin, un des rares hommes à être montés au créneau lors du débat.

Il réclame notamment "un audit externe" et "un comité spécial pour le harcèlement sexuel" au PE.

"Ici les langues se délient depuis l'affaire Weinstein, et la réalité dépasse ce que je pouvais imaginer. Il y a 751 députés, qui ont souvent deux attachés parlementaires, qui sont souvent des femmes jeunes. Elles sont intimidées, elles ne savent pas comment réagir. Je ne sais pas si le problème est important, mais je sais qu'il existe, et qu'il y a des victimes", a-t-il d'autre part déclaré dans une interview accordée au site Euractiv.

Pendant le débat, une quarantaine de parlementaires, ainsi que la Commissaire européenne au Commerce Cecilia Malström qui a évoqué l"indignation féministe partout dans le monde de femmes qui en ont assez", ont appelé à des mesures globales de lutte contre le harcèlement. Une résolution doit être votée jeudi.

L'intervention de l'eurodéputée écologiste française Karima Delli a été particulièrement remarquée. "Il y a deux hommes dans mon cabinet. M'est-il déjà arrivé de leur pincer les fesses dans un ascenseur ou de les coincer dans mon bureau? Jamais. Le sentiment d'impunité est intolérable, il faut que cela cesse, maintenant!", a-t-elle asséné dans l'hémicycle strasbourgeois.

"Nous devons progresser sur la libération des témoignages. Pour cela, nous devons mettre en place un réseau de personnes de confiance pour aider les victimes à parler. Les choses ne sont pas dites, les victimes ont honte. Il nous faut un médiateur entre l'institution et les victimes. Enfin, je tiens à ce qu'ici, chacun soit informé que de ce qu'il risque en cas de harcèlement", a déclaré la Française Elisabeth Morin-Chartier (Les Républicains/droite), qui préside le comité contre le harcèlement du PE.

"La même tolérance zéro (...) devrait être appliquée au sein du Parlement européen avec la même vigueur et sur un pied d'égalité dans tous les lieux de travail du secteur public ou privé", a estimé de son côté l'eurodéputée italienne du groupe Europe de la liberté et de la démocratie directe, Daniela Aiuto.

"Le problème est encore sous-évalué, comme beaucoup de victimes ont peur ou sont honteuses d'en parler. L'unique responsable est celui qui attaque ou qui harcèle", a relevé l'eurodéputée démocrate socialiste espagnole Iratxe Garcia Perez. "Nous devons soutenir et être du côté des victimes, afin qu'elles ne soient pas honteuses, qu'elles n'aient pas peur de perdre leur travail et qu'elles cessent de se sentir coupables", a-t-elle ajouté.

"Nous avons besoin que les hommes prennent leurs responsabilités. S'ils font partie du problème, ils font partie de la solution", a déclaré, l'eurodéputée suédoise membre de la Gauche unitaire européenne / Gauche verte nordique, Malin Björk. Des propos auxquels ont fait écho ceux de l'eurodéputée verte allemande Terry Reintke: "Oui, c'est une histoire de femmes, mais ça n'est pas un problème de femme. Nous avons besoin que les hommes se fassent entendre. Nous devons nous battre ensemble".

Selon un sondage mené par la FRA (l'Agence des droits fondamentaux de lUnion européenne) paru en mars 2014, 55% de femmes ont déjà été victimes d'une ou de plusieurs formes de harcèlement sexuel au cours de leur vie et 33% ont été victimes d'agression physique ou sexuelle depuis l'âge de 15 ans.

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