BEIJING, 23 octobre (Xinhua) -- Une dizaine de panneaux se dressent à l'entrée du Château Miqin. Ils résument les liens qu'entretenaient certains personnages historiques avec le vin. Parmi eux, le célèbre poète chinois Li Bai de l'époque des Tang, l'empereur des Français Napoléon Bonapartre, le peintre hollandais Van Gogh et l'empereur Kangxi, sous la dynasite des Qing.

L'empereur Kangxi a commencé à boire du vin après une très grave maladie. Des missionnaires européens lui avaient affirmé que boire un verre de vin tous les jours lui ferait du bien.

En 1714, pas mal de missionnaires ont été chassés de Chine. Le vin est venu à manquer. Kang Xi a cherché partout dans le pays quelqu'un pouvant l'approvisionner. Il a fini par trouver un missionnaire français, Louis Le Comte, avec qui il avait de bonnes relations. Ce dernier lui a livré du vin de Bordeaux pendant des années.

Dans l'histoire européenne, le vin a aussi accompagné de nombreux hommes de lettres, comme Karl Marx, Victor Hugo. Le vin a beaucoup inspiré Vincent Van Gogh. Napoléon Bonaparte avait aussi son vin préféré, le chambertin, qu'il emportait avec lui en campagne.

Ces histoires entre le vin et les personnalités, qu'elles soient chinoises ou étrangères, ne sont plus inconnues des habitants du Ningxia, région autonome qui regroupe majoritairement l'ethnie Hui (des musulmans). Située au nord-ouest du territoire chinois, la région s'efforce de faire des Montagnes Helan le Bordeaux de l'Orient, d'autant plus que le climat, le sol et l'ensoleillement sont comparables aux conditions du bordelais.

Le vin a été découvert dans la province du Henan (centre du pays) il y a 9.000 ans. Ceci signifie bien que le vin n'est pas un produit importé, déclare Ruan Shili, directeur général du Château Changyu Moser XV Co., LTD. Ningxia, lors de son interview accordée à l'Agence de presse Xinhua (Chine nouvelle).

Le vin du Château Changyu est aussi un vin d'Etat destiné à être servi aux hôtes de marque du pays. Il est l'image de la Chine et la preuve de la culture du vin en Chine, ajoute-t-il.

La Chine compte une trentaine de variétés de raisins, dont certaines sauvages. La consommation de vin des Chinois augmente depuis une dizaine années. Les amateurs de vin sont en général nés dans les années 80 et 90. Ce sont des Chinois qui ont voyagé ou ont séjourné à l'étranger, et ce sont souvent des cadres. Les Chinois des générations précédentes, âgés de 50 ans et plus, préfèrent l'eau de vie.

Ninxgxia a commencé la plantation massive de vignes aux alentours de 1996, explique M. Ruan. Cela a conduit à la construction de châteaux. Il y en a 86 actuellement. D'autres sont en cours de création.

L'est des montagnes Helan, propice à la plantation de vignes, a été classé en 2002 réserve naturelle sous protection d'Etat. 650 000 Mu de vignes (un hectare équivaut à15 Mu), de 86 châteaux différents, donnent 100.000 tonnes de vin par an, soit 120.000.000 bouteilles.

La célèbre critique britannique Mme Jancis Mary Robinson a prévu que Ningxia sera sans aucun doute l'avenir du vin chinois, après avoir visité la zone de production dans les Monts Helan. Le " New York Times", aux Etats-Unis, a désigné la région autonome de Ningxia comme étant l'une des 46 destinations touristiques du monde en 2013 grâce à son vin de qualité.

Le gouvernement régional organise tous les ans depuis six ans des salons du vin, des concours internationaux qui ont séduit des producteurs de vin et des sommeliers du monde entier. Trois expositions sino-françaises d'équipements viti-vinicoles ont déjà eu lieu au Ningxia. Elles ont contribué à l'approfondissement des échanges entre les deux pays dans ce domaine.

La plupart des domaines viticoles des Monts Helan utilisent des tonneaux de chêne et des machines à vendanger venus de France. Un tonneau coûte à peu près entre 8000 et 10.000 RMB et il ne peut être utilisé que trois fois en principe. Un prix élevé estiment de nombreux propriétaires de châteaux. Mais ils préfèrent tout de même le tonneau français car il donne au vin un goût parfait.

De nombreux projets de coopération et d'échanges existent entre Ningxia et des écoles vinicoles d'Australie, de Nouvelle-Zélande et de France. En décembre 2013, des cours ont été donnés par des professeurs français à des stagiaires chinois. 23 viticulteurs des châteaux des Monts Helan ont suivi une formation en France. Ils ont appris les techniques de plantation de vignes, la dégustation et la production du vin, la sommellerie ainsi que la vente, visitant les vallées du Rhône et nombre de châteaux du bordelais.

La production du vin permet de créer des emplois et aide de plus en plus de paysans locaux à sortir de la pauvreté. L'Université du Ningxia a créé un institut du vin pour former du personnel spécialisé. Les diplômés travaillent dans différents châteaux du Ningxia après leurs études.

Gong Jie, propriétaire du château Hedong, était autrefois gérant d'une mine. "J'ai décidé de travailler dans la vigne parce que l'exploitation du charbon nuit aux ressources naturelles, et j'en suis navré".

Il s'est dit convaincu que grâce aux efforts de son château et de beaucoup d'autres, le monde commence à découvrir le vin chinois et à l'aimer.

Avec les prix internationaux décrochés par les vins chinois ces dernières années, le rêve de voir les Monts Helan devenir le Bordeaux de l'Orient sera réalité, a affirmé Gong Jie.

(contact du rédacteur : xinhuafr@xinhua.org)