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Chine/réduction de la pauvreté des enfants : expérimentation dans un village du Hubei

Publié le 2017-10-09 à 18:35 | french.xinhuanet.com

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WUHAN, 9 octobre (Xinhua) -- Quand elle parle avec un inconnu, Xiong Qianqian, jeune fille de 11 ans, a l'habitude de tourner un coin de son vêtement rose qui appartenait à sa soeur aînée. Xiong Qianqian habite avec ses grands parents dans un village montagneux de la province du Hubei, dans le centre de la Chine. Celui-ci est couvert par un programme pilote de réduction de la pauvreté destiné aux enfants qui a été lancé en 2013 par l'UNICEF et le Centre international de réduction de la pauvreté de Chine (CIRPC).

La mère de Xiong Qianqian est décédée quand elle était petite, et son père, ouvrier migrant dans une grande ville chinoise, ne rentre dans son village natal de Xingchong qu'une fois par an. Sa soeur aînée, âgée d'à peine 20 ans, est déjà mère d'un petit garçon de deux ans et gagne sa vie dans la capitale du pays, Beijing. Xiong Qianqian s'occupe de tâches ménagères depuis qu'elle est très jeune. Elève d'un internat, elle fait la cuisine, lave les vêtements et élève les cochons et les volailles de sa famille le week-end.

Durant son temps libre, Xiong Qianqian fréquente un petit centre de loisirs pour enfants au siège du gouvernement du village, administré par le district de Dawu, où elle lit des livres et s'amuse avec une trentaine d'enfants du village et des bénévoles du district.

LA JOIE DE L'ENFANCE NE DOIT PAS ÊTRE PERDUE A CAUSE DE LA PAUVRETE

Bien que la situation de Xiong Qianqian ne changera pas du jour au lendemain, comme 18.901 autres enfants de Dawu âgés de 0 à 18 ans vivant sous le seuil de pauvreté, elle a retrouvé la joie de son enfance grâce au centre de loisirs construit en 2015 par un fonds danois.

Le fonds de Bestseller, un groupe de mode danois, a financé depuis deux ans la construction de centres de loisirs pour enfants dans 80 villages de huit districts montagneux du Hubei, à la suite d'une étude conjointement menée par l'UNICEF et le CIRPC en 2013 sur la pauvreté des enfants au Hubei.

"Le Hubei se trouve au milieu de la Chine, reliant le sud et le nord, ainsi que l'est et l'ouest. Son niveau de pauvreté est proche de la moyenne nationale. Ces deux éléments rendent la province importante pour le programme pilote de réduction de la pauvreté des enfants de l'UNICEF et du CIRPC", explique Shi Weilin, spécialiste en politiques sociales de l'UNICEF Chine. "Si cette expérimentation au Hubei réussit, il est possible de la reproduire ailleurs en Chine".

Le district de Dawu a même développé son propre programme de cours "1+X" ("1" signifie intervention psychologique, "X" désigne des cours de santé, de nutrition, de dessin, etc.) destiné aux enfants ruraux pauvres dont les parents travaillent dans les villes. Ces cours se déroulent dans ces centres de loisirs pour enfants et permettent de considérablement accroître les interactions entre les enfants ruraux et les inconnus, qui sont souvent des bénévoles du district.

La directrice chargée de l'Association des femmes du district de Dawu, Zeng Caixia, a assisté au miracle produit en l'espace de deux ans par les deux programmes parallèles. "Auparavant, quand on essayait de communiquer avec les enfants du village, ils détournaient les yeux et semblaient indifférents. Aujourd'hui, ils nous saluent avec un grand sourire", constate-t-elle.

Jilian Popkins, chef de la section des politiques sociales et de la réforme pour les enfants de l'UNICEF Chine, remarque que, par le passé, la pauvreté était exclusivement exprimée en termes de revenu familial et de croissance économique. "Notre étude montre que les enfants ont des besoins intégrés. Ces besoins sont spécifiques à chaque étape de leur croissance et de leur développement", ajoute-t-elle.

Selon Mme Zeng, avant la mise en place du programme de réduction de la pauvreté des enfants de l'UNICEF et du CIRPC, les habitants urbains faisaient souvent don de cartables aux enfants ruraux pauvres. "Ces enfants ont-ils vraiment besoin de tant de cartables ?", s'interrogeait-elle cependant. Quand la commission de la santé et de la planification familiale du district lui a récemment proposé d'allouer une subvention de quelques centaines de yuans à ces enfants, Mme Zeng a répondu : "le matériel n'est pas le besoin le plus urgent. Un cours sur la santé correspond mieux au développement de ces jeunes garçons et filles".

L'ABSENCE DE PARENTS EST UN PROBLEME MAJEUR

Selon un récent sondage des autorités de la province du Hubei et de l'Université des sciences de Huazhong, 65% des enfants interrogés ne disposent pas de toilettes propres, 33% souffrent de malnutrition, et 29,7% n'ont pas accès à une eau potable propre.

Cependant, le problème le plus saillant pour les enfants ruraux pauvres, d'après des fonctionnaires et des bénévoles en première ligne dans le travail de réduction de la pauvreté, est l'absence de parents. "Les connaissances des grands-parents ne sont plus adaptées à l'évolution de la société. Pour réduire la pauvreté des enfants, la participation des parents est nécessaire", note Mme Zeng.

Selon un dossier de suivi de Xingchong, couvert par le programme pilote de l'UNICEF et du CIRPC, 90% des enfants du village déclarent que leur passion est de "regarder la télé", tandis que la plupart des parents préfèrent jouer au majong. Ces parents, qui ne rentrent qu'une ou deux fois par an dans leur village natal, ne savent pas comment communiquer avec leurs propres enfants.

Pan Lan, psychologue de Wuhan, capitale de la province du Hubei, organise depuis 2015 à la fin de chaque année une interaction entre les parents et les enfants. Les enfants présentent à cette occasion douze lettres (une par mois) à leurs parents, tandis que ces derniers doivent leur lire un petit message écrit.

Mme Pan note que les enfants ne sont pas touchés par les raisons évoquées par leurs parents pour justifier leur dur travail dans les villes en vue d'offrir un avenir meilleur à la famille. Mais, chaque fois, Mme Pan ajoute une phrase à la fin du message des parents -- "Je t'aime comme tu es". Et quand les parents prononcent cette phrase, tous les enfants pleurent.

Mme Pan est ravie de voir que tous les parents ont pris conscience de leur mauvaise connaissance de leurs propres enfants. Et certains ont choisi de rester au village pour les aider à grandir.

Jillian Popkins estime que l'enfance est une étape cruciale du développement d'une personne et que répondre aux besoins intégrés, notamment en termes d'éducation familiale et de nutrition, offre à chaque enfant l'opportunité de pleinement atteindre son potentiel. Elle propose d'intervenir à un moment approprié du développement de ces enfants ruraux pour rompre le cercle de la pauvreté.

 

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