Par Wu Xutong
BEIJING, 18 août (Xinhua) -- Nous sommes à l'hiver 2016. Dans une école de Mwanza en Tanzanie, une Chinoise de 20 ans joue au ballon avec les enfants dans la cour devant l'orphelinat, une image à laquelle les habitants de ce port sur le lac Victoria sont habitués.
Cette jeune fille s'appelle Zeng Rui. Etudiante en deuxième année à l'Université des langues étrangères de Beijing (BFSU), elle a décidé de faire un mois de bénévolat à Mwanza pour y enseigner le mandarin et la culture chinoise à une trentaine d'orphelins âgés de huit à douze ans.
"Shang ke! (On commence). Qi li! (Debout)". Cet appel était lancé à 8h tous les matins. Au début, les élèves ne parlaient aucun mot de chinois, mais après un mois à peine, ils étaient capables d'avoir une conversation basique en chinois et même écrire au pinceau leur nom et leur prénom traduits en chinois, selon Mlle Zeng.
Venue dans le cadre d'un programme de l'Association internationale des étudiants en sciences économiques et commerciales (AIESEC), elle avoue qu'au début, elle ne s'est pas bien adaptée à son nouvel environnement. Les Tanzaniens préfèrent par exemple manger avec les mains et il n'y avait pas d'eau chaude. Zeng Rui a alors dû se laver à l'eau froide et a attrapé la grippe. Les coupures d'eau et d'électricité étaient monnaie courante. "Nous regardions alors les étoiles, ce qui est aussi intéressant", sourit-elle.
C'est l'enthousiasme et l'amitié des Africains qui ont pu l'aider à se faire à sa nouvelle vie. "Les Africains sont très gentils avec les Chinois. Lorsque vous vous promenez dans la rue, ils vous disent toujours amicalement 'mambo' (bonjour)", souligne-t-elle. De plus, après la classe, les enfants s'amusaient souvent autour d'elle, criant : "Prends des photos! Prends des photos!".
Les Tanzaniens lui ont également fait découvrir le batik (tissu teinté) et appris la fabrication de tambours, la danse africaine ainsi que la production de céramiques. Elle raconte que les Tanzaniens fabriquent leur poterie à la main, dont des vases.
Mlle Zeng a travaillé avec une dizaine de bénévoles issus de pays différents comme le Botswana, le Kenya et l'Ouganda. Bien que les différences culturelles soient inévitables, ces bénévoles se sont compris du mieux qu'ils ont pu et se sont bien entendus.
Un professeur local l'a informée que ces enfants étaient très attachés à la Chine, mais vu le nombre de places limité, seuls certains ont eu l'occasion d'apprendre le mandarin et la culture chinoise. Par ailleurs, plusieurs habitants lui ont dit qu'ils voulaient un jour aller en Chine.
Zhao Qichen, une jeune Chinoise qui a fait du bénévolat à Casablanca en Maroc pendant un mois, confie elle aussi qu'au début, les locaux pensaient que la Chine était très loin, mais qu'en raison de l'arrivée des bénévoles chinois, ils se sont sentis plus proches de ce pays et de son peuple.
"Culturellement, c'est sûr que vous ne pouvez pas leur enseigner beaucoup de choses sur le court terme, mais vous exercez certainement une influence sur eux. Vous les avez accompagnés et ils savent que des professeurs chinois leur ont apporté de nombreuses choses différentes. En communiquant avec les Chinois, ils ont progressivement changé de point de vue sur la Chine", dit Zeng Rui.
Cette influence est sous-jacente et progressive, selon Wang Xiangjun, l'un des responsables de l'AIESEC en Chine continentale. "Chaque année, de nombreux bénévoles chinois travaillent en Afrique, ce qui favorise la relation amicale et la coopération entre les deux parties (...) à long terme", dit-il.
Selon le site Internet de China Young Volunteers, le nombre de jeunes bénévoles chinois n'a cessé d'augmenter ces dernières années, atteignant 40 millions en 2015, dont la majorité sont les étudiants nés après les années 1990.
Chaque année, des milliers de bénévoles travaillent dans des régions d'Afrique qui manquent de moyens éducatifs et d'équipements médicaux. Wang Xiangjun souligne qu'en 2016, dans le seul cadre de l'AIESEC, pas moins de 600 Chinois sont allés en Afrique. Ces projets de bénévolat renforcent le respect et le vivre ensemble au-delà des différences.