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Burundi : les réalisations des indicateurs de développement humain restent "assez mitigées" (INTERVIEW)

French.xinhuanet.com   2017-07-28 03:58:31      

BUJUMBURA, 27 juillet (Xinhua) -- Les réalisations des indicateurs de développement humain restent à ce jour "assez mitigées" pour le Burundi, selon Déogratias Ngendakumana, directeur de l'Institut de Développement Economique (IDEC), professeur à l'Université du Burundi (UB) avec une expertise en management et gestion des entreprises. M. Ngendakumana, lors d'une interview accordée à Xinhua jeudi à Bujumbura sur l'état des lieux en matière de développement humain pour le Burundi ; et ce au lendemain du lancement de la diffusion dans le pays, du rapport mondial sur le développement humain 2016 au niveau de tous les 188 pays qui composent le monde entier par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).

Le développement humain, a-t-il précisé d'emblée, est un "concept très riche" touchant à tout ce qui est relatif à aux aspirations de l'être humain, avec trois indicateurs-clés pris en compte dans la détermination de l'Indice de Développement Humain (IDH), à savoir l'espérance de vie à la naissance, la durée moyenne de scolarisation et le revenu national par habitant.

"Les réalisations de ces indicateurs restent assez mitigées pour un pays comme le Burundi classé 184ème position sur les 188 pays évalués en 2016 au niveau de l'IDH, parce que le Burundi affiche de faibles performances en la matière", a-t-il expliqué.

Par exemple, a-t-il illustré, l'espérance de vie des Burundais est de 57 ans en moyenne alors que les populations des pays du Nord comme la Suède placée en première position au niveau de l'IDH au plan planétaire, l'Australie, l'Allemagne et les Pays-Bas franchissent une moyenne dépassant les 80 ans.

Le Burundi accuse aussi des faiblesses au niveau de la durée moyenne de scolarisation évaluée aujourd'hui à 3 ans alors que les pays les mieux classés en arrivent à 13 ans, a-t-il fait remarquer en ajoutant que cela vaut de même pour le revenu national annuel par habitant. En effet, celui-ci est évalué à 691 USD pour le Burundi contre 67.614 USD pour la Norvège classé 1ère au niveau mondial en ce qui concerne l'IDH.

Toutefois, quatre pays africains ont été classés au bas de l'échelle d'appréciation de l'IDH et ce derrière le Burundi, a-t-il nuancé, en citant le Burkina Faso, le Tchad, le Niger et la République Centrafricaine (RCA), qui affichent des réalisations "les plus faibles" en termes du niveau d'IDH au plan planétaire. La RCA, occupant la 188ème position et dernière du monde, n'a que 587 USD comme revenu national annuel par habitant.

"En fait, sur le plan statistique, au Burundi tout comme sous d'autres cieux africains de la partie subsaharienne, on peut parfois faire face à certains indicateurs revêtant un caractère composite comme celui de la bonne gouvernance, et d'autres pouvant être considérés en entrant dans les détails, comme des éléments désagrégés tels que le revenu par tête d'habitant ou l'espérance de vie dont l'appréciation effective peut être faite sous diverses angles", a-t-il souligné.

En revanche, sur le volet de l'indicateur portant sur l'espérance de vie à la naissance évalué aujourd'hui à 57 ans pour les Burundais et partant jugé "mitigé", l'expert Ndikumana a indiqué qu'en jetant un regard rétrospectif en arrière, on découvre que le Burundi a déjà posé des "jalons importants en la matière".

Car, a-t-il insisté, il faut garder à l'esprit qu'à l'aube des années 1990, l'espérance de vie des Burundais à la naissance était de 41 ans.

"A mes yeux, on serait tenté d'attribuer ces progrès marqués sur l'espérance de vie, si minces soient-ils, à une bonne évolution de la médecine au Burundi tant au plan qualitatif que quantitatif (augmentation des effectifs des structures sanitaires et des prestataires de soins dont les médecins) si bien que les Burundais, par rapport aux deux dernières décennies, jouissent d'un meilleur accès aux soins de santé ; évidemment sous réserve de comparaisons d'autres régions du monde, en l'occurrence celles des pays développés de l'hémisphère nord", a-t-il affirmé.

L'expert Ndikumana a ajouté qu'en scrutant de près la question de l'espérance de vie des Burundais à la naissance sous l'angle de la qualité de la vie dans le pays, on relève "d'importantes préoccupations" plaidant pour l'amélioration de cet indicateur d'ici l'horizon 2030 censé être le rendez-vous d'évaluation de l'atteinte des Objectifs pour le Développement Durable (ODD).

Au palmarès de ces préoccupations burundaises "non encore satisfaites" au niveau local, il a cité notamment les fréquents déplacements de Burundais dans les pays étrangers à la recherche des "soins plus performants".

Pour lui, pour le cas spécifique burundais, il ne faut pas écarter l'hypothèse d'une étroite corrélation entre les défis économiques d'une part et les défis sanitaires d'autre part.

"En effet, l'insuffisance de l'offre en devises dans le pays influe indubitablement sur la baisse de la capacité au niveau de l'importation des médicaments et la faiblesse de capacités pour la prise en charge financière des médecins spécialistes", a-t-il insisté.

Sur le terrain burundais, la problématique de pauvreté locale influence beaucoup sur plusieurs indicateurs de développement humain au premier rang desquels l'espérance de vie, a-t-il affirmé en pointant du doigt des paramètres d'appréciation comme le cadre environnemental de vie, l'accès aux médicaments, la disponibilité des produits alimentaires et l'accès aux revenus monétaires.

Sur les perspectives de l'évolution de l'espérance de vie des Burundais en se projetant vers l'horizon planétaire de 2030 portant évaluation de la mise en œuvre des ODD, l'expert Ngendakumana s'est dit "très optimiste".

Pour l'expert Ndikumana, la faiblesse des principaux indicateurs de développement humain au Burundi s'explique aussi bien amont qu'en aval par "son histoire tumultueuse en termes de bain de sang au cours des diverses crises cycliques récurrentes" dont les années de repères sont 1965, 1972, 1991 et 1993.

"En effet, le développement humain au Burundi a souffert aussi des longues années d'instabilité politique ponctuées de guerres civiles, qui ont étouffé l'élan des investissements internationaux dans le pays à cause de ces fréquentes périodes de rupture, qui ont fait revenir souvent les efforts de développement entrepris à zéro", a-t-il expliqué.

A ses yeux, le plus gros défi pour améliorer l'IDH au Burundi se trouve au niveau de la gouvernance (indice de corruption en hausse ; qualité de l'administration publique) de par son caractère transversal où le Burundi dispose des records "relativement faibles". En revanche, le Burundi a de "bons scores" sur d'autres axes du développement humain, a-t-il nuancé en citant notamment l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes.

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Burundi : les réalisations des indicateurs de développement humain restent "assez mitigées" (INTERVIEW)

Publié le 2017-07-28 à 03:58 | french.xinhuanet.com

BUJUMBURA, 27 juillet (Xinhua) -- Les réalisations des indicateurs de développement humain restent à ce jour "assez mitigées" pour le Burundi, selon Déogratias Ngendakumana, directeur de l'Institut de Développement Economique (IDEC), professeur à l'Université du Burundi (UB) avec une expertise en management et gestion des entreprises. M. Ngendakumana, lors d'une interview accordée à Xinhua jeudi à Bujumbura sur l'état des lieux en matière de développement humain pour le Burundi ; et ce au lendemain du lancement de la diffusion dans le pays, du rapport mondial sur le développement humain 2016 au niveau de tous les 188 pays qui composent le monde entier par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).

Le développement humain, a-t-il précisé d'emblée, est un "concept très riche" touchant à tout ce qui est relatif à aux aspirations de l'être humain, avec trois indicateurs-clés pris en compte dans la détermination de l'Indice de Développement Humain (IDH), à savoir l'espérance de vie à la naissance, la durée moyenne de scolarisation et le revenu national par habitant.

"Les réalisations de ces indicateurs restent assez mitigées pour un pays comme le Burundi classé 184ème position sur les 188 pays évalués en 2016 au niveau de l'IDH, parce que le Burundi affiche de faibles performances en la matière", a-t-il expliqué.

Par exemple, a-t-il illustré, l'espérance de vie des Burundais est de 57 ans en moyenne alors que les populations des pays du Nord comme la Suède placée en première position au niveau de l'IDH au plan planétaire, l'Australie, l'Allemagne et les Pays-Bas franchissent une moyenne dépassant les 80 ans.

Le Burundi accuse aussi des faiblesses au niveau de la durée moyenne de scolarisation évaluée aujourd'hui à 3 ans alors que les pays les mieux classés en arrivent à 13 ans, a-t-il fait remarquer en ajoutant que cela vaut de même pour le revenu national annuel par habitant. En effet, celui-ci est évalué à 691 USD pour le Burundi contre 67.614 USD pour la Norvège classé 1ère au niveau mondial en ce qui concerne l'IDH.

Toutefois, quatre pays africains ont été classés au bas de l'échelle d'appréciation de l'IDH et ce derrière le Burundi, a-t-il nuancé, en citant le Burkina Faso, le Tchad, le Niger et la République Centrafricaine (RCA), qui affichent des réalisations "les plus faibles" en termes du niveau d'IDH au plan planétaire. La RCA, occupant la 188ème position et dernière du monde, n'a que 587 USD comme revenu national annuel par habitant.

"En fait, sur le plan statistique, au Burundi tout comme sous d'autres cieux africains de la partie subsaharienne, on peut parfois faire face à certains indicateurs revêtant un caractère composite comme celui de la bonne gouvernance, et d'autres pouvant être considérés en entrant dans les détails, comme des éléments désagrégés tels que le revenu par tête d'habitant ou l'espérance de vie dont l'appréciation effective peut être faite sous diverses angles", a-t-il souligné.

En revanche, sur le volet de l'indicateur portant sur l'espérance de vie à la naissance évalué aujourd'hui à 57 ans pour les Burundais et partant jugé "mitigé", l'expert Ndikumana a indiqué qu'en jetant un regard rétrospectif en arrière, on découvre que le Burundi a déjà posé des "jalons importants en la matière".

Car, a-t-il insisté, il faut garder à l'esprit qu'à l'aube des années 1990, l'espérance de vie des Burundais à la naissance était de 41 ans.

"A mes yeux, on serait tenté d'attribuer ces progrès marqués sur l'espérance de vie, si minces soient-ils, à une bonne évolution de la médecine au Burundi tant au plan qualitatif que quantitatif (augmentation des effectifs des structures sanitaires et des prestataires de soins dont les médecins) si bien que les Burundais, par rapport aux deux dernières décennies, jouissent d'un meilleur accès aux soins de santé ; évidemment sous réserve de comparaisons d'autres régions du monde, en l'occurrence celles des pays développés de l'hémisphère nord", a-t-il affirmé.

L'expert Ndikumana a ajouté qu'en scrutant de près la question de l'espérance de vie des Burundais à la naissance sous l'angle de la qualité de la vie dans le pays, on relève "d'importantes préoccupations" plaidant pour l'amélioration de cet indicateur d'ici l'horizon 2030 censé être le rendez-vous d'évaluation de l'atteinte des Objectifs pour le Développement Durable (ODD).

Au palmarès de ces préoccupations burundaises "non encore satisfaites" au niveau local, il a cité notamment les fréquents déplacements de Burundais dans les pays étrangers à la recherche des "soins plus performants".

Pour lui, pour le cas spécifique burundais, il ne faut pas écarter l'hypothèse d'une étroite corrélation entre les défis économiques d'une part et les défis sanitaires d'autre part.

"En effet, l'insuffisance de l'offre en devises dans le pays influe indubitablement sur la baisse de la capacité au niveau de l'importation des médicaments et la faiblesse de capacités pour la prise en charge financière des médecins spécialistes", a-t-il insisté.

Sur le terrain burundais, la problématique de pauvreté locale influence beaucoup sur plusieurs indicateurs de développement humain au premier rang desquels l'espérance de vie, a-t-il affirmé en pointant du doigt des paramètres d'appréciation comme le cadre environnemental de vie, l'accès aux médicaments, la disponibilité des produits alimentaires et l'accès aux revenus monétaires.

Sur les perspectives de l'évolution de l'espérance de vie des Burundais en se projetant vers l'horizon planétaire de 2030 portant évaluation de la mise en œuvre des ODD, l'expert Ngendakumana s'est dit "très optimiste".

Pour l'expert Ndikumana, la faiblesse des principaux indicateurs de développement humain au Burundi s'explique aussi bien amont qu'en aval par "son histoire tumultueuse en termes de bain de sang au cours des diverses crises cycliques récurrentes" dont les années de repères sont 1965, 1972, 1991 et 1993.

"En effet, le développement humain au Burundi a souffert aussi des longues années d'instabilité politique ponctuées de guerres civiles, qui ont étouffé l'élan des investissements internationaux dans le pays à cause de ces fréquentes périodes de rupture, qui ont fait revenir souvent les efforts de développement entrepris à zéro", a-t-il expliqué.

A ses yeux, le plus gros défi pour améliorer l'IDH au Burundi se trouve au niveau de la gouvernance (indice de corruption en hausse ; qualité de l'administration publique) de par son caractère transversal où le Burundi dispose des records "relativement faibles". En revanche, le Burundi a de "bons scores" sur d'autres axes du développement humain, a-t-il nuancé en citant notamment l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes.

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