French.xinhuanet.com | Edition européenne | Edition nord-américaine  
ENGLISH
 
   

Les Djiboutiens se préparent pour l'Aïd el Fitr (REPORATGE)

French.xinhuanet.com   2017-06-23 00:36:49      

DJIBOUTI, 22 juin (Xinhua) -- Comme chaque année, à l'entame de la dernière semaine du mois de Ramadan, une euphorie générale s'empare de tous les Djiboutiens pour bien préparer la fête de l'Aïd el Fitr marquant la fin de ce mois de jeûne pour tous les musulmans du monde entier.

A Djibouti, c'est surtout une fièvre acheteuse qui caractérise chaque foyer de ce pays, même chez les familles aux faibles revenus. Ici, l'Aïd, reste avant tout une période de dépenses généreuses très particulière de l'année qui va habiller intégralement à cette occasion chaque membre de la famille, à commencer par les enfants, et offrir une nouvelle toilette intérieure à chaque maison.

En effet, c'est l'unique saison de l'année où tous les Djiboutiens, peu importante leur moyen, dépensent vraiment sans compter.

Hadiyo Omar est une de ces mères djiboutiennes qui travaillent durement aux côtés de leur mari pour subvenir aux besoins de leur famille. Mère-courage comme il en existe des milliers à Djibouti, Hadiyo, vendeuse d'amuse-gueules devant l'école primaire de son quartier, n'a pas été du tout gâtée par le destin. Mère de huit enfants dont le plus âgé est inscrit en troisième année de médecine, chaque jour qui se lève est un combat pour la dignité qu'elle doit l'honorer avec, comme seul soutien, son mari, un maçon, journalier dans le bâtiment, pour élever sa progéniture et cinq autres "cousins" qui vivent sous leur toit depuis des années.

Chez Hadiyo, l'on reconnait au premier regard ces traits si singuliers qui rappellent aisément cette grande majorité des foyers djiboutiens des quartiers populaires où le sacrifice et les valeurs familiales ont su leur forger à travers le temps une identité que nulle autre ne pourra jamais s'en auréoler.

Comme elle le répète souvent, pour que ses enfants et ceux de sa famille qui sont sous sa tutelle fêtent l'Aïd "comme tous les autres enfants de ce pays", Hadiyo, fait un véritable travail de fourmi dont elle est si fière à l'arrivée. "Dans des tontines que forment plusieurs femmes du quartier, j'épargne tout au long de l'année de sommes allant de deux mille à cinq mille francs par mois. Vu mon revenu, c'est un dur sacrifice. Mais le jour de l'Aïd, quand je vois tous les membres de ma famille sortir habillés de tout neuf pour la fête, je suis la mère la plus heureuse du monde", dit-elle cachant difficilement l'émotion qui semble luire soudainement dans son regard.

A deux rues de la maison de Hadiyo, habite Hasna Abdi, enseignante à la retraite et veuve qui vit toute seule depuis que ses quatre enfants ont tous quittés le nid familial pour fonder un foyer. Si elle n'a plus d'enfants ni de mari à habiller pour l'Aïd, elle n'est pas pour autant de toute repos pour cette fête. Elle fait vivre tout simplement une autre de ces belles images qui illustrent si bien la fête de l'Aïd à Djibouti : elle reçoit.

Chaque année, à l'instar de ces familles aisées du pays, l'ancienne enseignante arabisante investit un budget conséquent pour embellir sa maison à l'heure de la fête de l'Aïd. Nouveau décor intérieur, nouvelle disposition de meubles, des rideaux flambants neuf, nouvelle peinture aux couleurs toujours vifs sur les murs... Elle touche à tout. Elle refait toute la maison pour célébrer l'Aïd à chaque année. Et ce n'est pas tout. Femme au grand cœur, Hasna, qui est également active dans une association caritative connue pour offrir des habits neufs aux orphelins et aux enfants des familles les plus démunies du quartier, distribue toujours le jour de l'Aïd à ses visiteurs et à tous ses voisins des mets de tout genre et autres plats spéciaux aux goûts uniques que beaucoup des femmes lui envient secrètement.

A quelques jours seulement de l'Aïd, Djibouti bourdonne telle une ruche d'abeilles éventrée. Surtout après la rupture du jeûne.

En effet, à la tombée de la nuit, une marée humaine déchaînée et incessante déferle bruyamment de tous les côtés sur le centre commercial de la capitale. Le transport en commun est dépassé, les gens s'entassent des heures le long des artères principales. Les organisateurs de petits jeux pour les enfants le jour de l'Aïd délimitent déjà leurs zones dans les quartiers quand les plus rapides s'apprêtent à donner le dernier coup de pioche pour bien fixer les deux poteaux qui feront office de balançoire, jeu préféré de plus petits. Les femmes-tatoueuses relisent avec une nervosité inhabituelle une longue liste de commandes qu'elles ont négocié à prix d'or. Cette chaîne économique de l'Aïd que forme tout ce beau monde et d'autres inter-réagit déjà avec une perfection et une maîtrise qui surprendraient toutes les bourses du monde entier.

Et toute en haut de cette chaîne, l'on retrouve chaque année le même "animal" qui se taille toujours la part de lion dans ce marché de l'Aïd. Cet "animal" porte un nom à Djibouti : le prêt-à-porter.

"Les deux fêtes de l'Aïd, marquent le pic le plus important de la courbe de ventes de l'année dans le monde du prêt-à-porter djiboutien. A elles seules, ces deux fêtes génèrent plus de ventes que toute l'année. Vous imaginez, cette toute la population d'un pays qu'il faut habiller ! C'est très rentable, dommage que cette fête n'arrive que deux fois par an", explique Loula Salah, propriétaire de deux magasins de prêt-à-porter, avec un sourire très mercantile.

Pour cette fête de l'Aïd, Loula compte faire des recettes record qui vont battre celles de toutes les années précédentes. En effet comme la plupart de ces femmes commerçantes qui dominent le monde du prêt-à-porter djiboutien, cette année, elle a abandonné ses fournisseurs de toujours, l'Inde et Dubaï, pour l'immense marché de la Chine. C'est là-bas qu'elle est partie faire toutes ses commandes pour la fête de l'Aïd. Et elle semble ne pas la regretter du tout. Bien au contraire...

"Comme toutes les commerçantes de mon pays qui sont parties cette année en Chine, j'ai trouvé très varié et beaucoup plus riche l'offre des sociétés chinoises du prêt-à-porter que celles de l'Inde et de Dubaï, où je me suis toujours approvisionnée pour mes affaires. J'ai trouvé aussi des prix très compétitifs et surtout une offre sur-mesure dans toute la gamme du prêt-à-porter, du vêtement pour enfants jusqu'aux tenues pour adultes, en passant par les sandales et chaussures de tout genre. En Chine, je pouvais enfin demander que chaque catégorie d'articles que je vais commander soit crée en prenant en compte les grandes lignes du caractéristique social et culturel qui font les goûts des Djiboutiens dans ce domaine. C'est pourquoi cette année, je compte faire vraiment de très bonnes affaires", dit-elle en se frottant déjà les mains.

Et à l'entendre, les recettes de ces premiers jours de ventes viendraient confirmer déjà pleinement cette tendance. Et c'est tant mieux.

french.xinhuanet.com

Les Djiboutiens se préparent pour l'Aïd el Fitr (REPORATGE)

Publié le 2017-06-23 à 00:36 | french.xinhuanet.com

DJIBOUTI, 22 juin (Xinhua) -- Comme chaque année, à l'entame de la dernière semaine du mois de Ramadan, une euphorie générale s'empare de tous les Djiboutiens pour bien préparer la fête de l'Aïd el Fitr marquant la fin de ce mois de jeûne pour tous les musulmans du monde entier.

A Djibouti, c'est surtout une fièvre acheteuse qui caractérise chaque foyer de ce pays, même chez les familles aux faibles revenus. Ici, l'Aïd, reste avant tout une période de dépenses généreuses très particulière de l'année qui va habiller intégralement à cette occasion chaque membre de la famille, à commencer par les enfants, et offrir une nouvelle toilette intérieure à chaque maison.

En effet, c'est l'unique saison de l'année où tous les Djiboutiens, peu importante leur moyen, dépensent vraiment sans compter.

Hadiyo Omar est une de ces mères djiboutiennes qui travaillent durement aux côtés de leur mari pour subvenir aux besoins de leur famille. Mère-courage comme il en existe des milliers à Djibouti, Hadiyo, vendeuse d'amuse-gueules devant l'école primaire de son quartier, n'a pas été du tout gâtée par le destin. Mère de huit enfants dont le plus âgé est inscrit en troisième année de médecine, chaque jour qui se lève est un combat pour la dignité qu'elle doit l'honorer avec, comme seul soutien, son mari, un maçon, journalier dans le bâtiment, pour élever sa progéniture et cinq autres "cousins" qui vivent sous leur toit depuis des années.

Chez Hadiyo, l'on reconnait au premier regard ces traits si singuliers qui rappellent aisément cette grande majorité des foyers djiboutiens des quartiers populaires où le sacrifice et les valeurs familiales ont su leur forger à travers le temps une identité que nulle autre ne pourra jamais s'en auréoler.

Comme elle le répète souvent, pour que ses enfants et ceux de sa famille qui sont sous sa tutelle fêtent l'Aïd "comme tous les autres enfants de ce pays", Hadiyo, fait un véritable travail de fourmi dont elle est si fière à l'arrivée. "Dans des tontines que forment plusieurs femmes du quartier, j'épargne tout au long de l'année de sommes allant de deux mille à cinq mille francs par mois. Vu mon revenu, c'est un dur sacrifice. Mais le jour de l'Aïd, quand je vois tous les membres de ma famille sortir habillés de tout neuf pour la fête, je suis la mère la plus heureuse du monde", dit-elle cachant difficilement l'émotion qui semble luire soudainement dans son regard.

A deux rues de la maison de Hadiyo, habite Hasna Abdi, enseignante à la retraite et veuve qui vit toute seule depuis que ses quatre enfants ont tous quittés le nid familial pour fonder un foyer. Si elle n'a plus d'enfants ni de mari à habiller pour l'Aïd, elle n'est pas pour autant de toute repos pour cette fête. Elle fait vivre tout simplement une autre de ces belles images qui illustrent si bien la fête de l'Aïd à Djibouti : elle reçoit.

Chaque année, à l'instar de ces familles aisées du pays, l'ancienne enseignante arabisante investit un budget conséquent pour embellir sa maison à l'heure de la fête de l'Aïd. Nouveau décor intérieur, nouvelle disposition de meubles, des rideaux flambants neuf, nouvelle peinture aux couleurs toujours vifs sur les murs... Elle touche à tout. Elle refait toute la maison pour célébrer l'Aïd à chaque année. Et ce n'est pas tout. Femme au grand cœur, Hasna, qui est également active dans une association caritative connue pour offrir des habits neufs aux orphelins et aux enfants des familles les plus démunies du quartier, distribue toujours le jour de l'Aïd à ses visiteurs et à tous ses voisins des mets de tout genre et autres plats spéciaux aux goûts uniques que beaucoup des femmes lui envient secrètement.

A quelques jours seulement de l'Aïd, Djibouti bourdonne telle une ruche d'abeilles éventrée. Surtout après la rupture du jeûne.

En effet, à la tombée de la nuit, une marée humaine déchaînée et incessante déferle bruyamment de tous les côtés sur le centre commercial de la capitale. Le transport en commun est dépassé, les gens s'entassent des heures le long des artères principales. Les organisateurs de petits jeux pour les enfants le jour de l'Aïd délimitent déjà leurs zones dans les quartiers quand les plus rapides s'apprêtent à donner le dernier coup de pioche pour bien fixer les deux poteaux qui feront office de balançoire, jeu préféré de plus petits. Les femmes-tatoueuses relisent avec une nervosité inhabituelle une longue liste de commandes qu'elles ont négocié à prix d'or. Cette chaîne économique de l'Aïd que forme tout ce beau monde et d'autres inter-réagit déjà avec une perfection et une maîtrise qui surprendraient toutes les bourses du monde entier.

Et toute en haut de cette chaîne, l'on retrouve chaque année le même "animal" qui se taille toujours la part de lion dans ce marché de l'Aïd. Cet "animal" porte un nom à Djibouti : le prêt-à-porter.

"Les deux fêtes de l'Aïd, marquent le pic le plus important de la courbe de ventes de l'année dans le monde du prêt-à-porter djiboutien. A elles seules, ces deux fêtes génèrent plus de ventes que toute l'année. Vous imaginez, cette toute la population d'un pays qu'il faut habiller ! C'est très rentable, dommage que cette fête n'arrive que deux fois par an", explique Loula Salah, propriétaire de deux magasins de prêt-à-porter, avec un sourire très mercantile.

Pour cette fête de l'Aïd, Loula compte faire des recettes record qui vont battre celles de toutes les années précédentes. En effet comme la plupart de ces femmes commerçantes qui dominent le monde du prêt-à-porter djiboutien, cette année, elle a abandonné ses fournisseurs de toujours, l'Inde et Dubaï, pour l'immense marché de la Chine. C'est là-bas qu'elle est partie faire toutes ses commandes pour la fête de l'Aïd. Et elle semble ne pas la regretter du tout. Bien au contraire...

"Comme toutes les commerçantes de mon pays qui sont parties cette année en Chine, j'ai trouvé très varié et beaucoup plus riche l'offre des sociétés chinoises du prêt-à-porter que celles de l'Inde et de Dubaï, où je me suis toujours approvisionnée pour mes affaires. J'ai trouvé aussi des prix très compétitifs et surtout une offre sur-mesure dans toute la gamme du prêt-à-porter, du vêtement pour enfants jusqu'aux tenues pour adultes, en passant par les sandales et chaussures de tout genre. En Chine, je pouvais enfin demander que chaque catégorie d'articles que je vais commander soit crée en prenant en compte les grandes lignes du caractéristique social et culturel qui font les goûts des Djiboutiens dans ce domaine. C'est pourquoi cette année, je compte faire vraiment de très bonnes affaires", dit-elle en se frottant déjà les mains.

Et à l'entendre, les recettes de ces premiers jours de ventes viendraient confirmer déjà pleinement cette tendance. Et c'est tant mieux.

010020070770000000000000011100001363872611