french.xinhuanet.com

Deux tiers des mutations du cancer sont provoquées par la "malchance" (étude)

Publié le 2017-03-24 à 15:19 | french.xinhuanet.com

Taille du Texte
T+ | T-

RSS

Partager


Une semaine d'actualités en images (du 13 au 19 mars 2017)

Yukiya Amano nommé pour un troisième mandat à la tête de l'AIEA

WASHINGTON, 23 mars (Xinhua) -- Deux tiers des mutations du cancer sont imputables à des erreurs aléatoires de réplication de l'ADN qui se produisent naturellement au cours de la division des cellules saines, a conclu une nouvelle étude publiée jeudi par des chercheurs qui, il y a quelques années, avaient émis l'hypothèse controversée que la "malchance" jouait un rôle plus important dans le cancer que les facteurs environnementaux et les gènes héréditaires.

"La plupart du temps, ces mutations [aléatoires] ne font pas de mal, elles se produisent dans l'ADN non codant, des gènes non liés aux cancers, des endroits sans importance pour le cancer. C'est la situation normale, et c'est ce qui représente la chance dans notre métaphore. Mais parfois, elles se produisent dans un gène où elles sont susceptibles de provoquer un cancer, c'est la malchance", a expliqué lors d'une conférence de presse le professeur Bert Vogelstein de l'Université Johns Hopkins, dont l'étude a été publiée dans la revue américaine Science.

L'étude précédente de M. Vogelstein, publiée par Science en 2015, avait suscité un vif débat chez les scientifiques, qui avaient fait valoir que ces résultats n'incluaient pas les cancers du sein ou de la prostate et que ceux-ci ne reflétaient que l'incidence du cancer aux Etats-Unis.

Cette fois-ci, les chercheurs ont examiné le séquençage de l'ADN et les données épidémiologiques de 69 pays représentant 4,8 milliards de personnes, soit plus de la moitié de la population mondiale, en analysant spécifiquement les mutations qui ont entraîné une croissance cellulaire anormale parmi 32 types de cancer.

L'étude a conclu que la forte corrélation entre l'incidence du cancer et les divisions cellulaires découverte en 2015 était un phénomène universel, et non circonscrit aux Etats-Unis.

Par exemple, 77% des mutations du cancer du pancréas sont dues à des erreurs aléatoires de réplication de l'ADN, 18% à des facteurs environnementaux, comme le tabagisme, et 5% à l'hérédité.

Pour d'autres types de cancer, comme ceux de la prostate, du cerveau ou de l'os, plus de 95% des mutations sont dues à des erreurs aléatoires de réplication.

Le cancer du poumon présente toutefois un tableau différent: 65% de toutes les mutations sont dues à des facteurs environnementaux, principalement le tabagisme, et 35% sont dues à des erreurs de réplication de l'ADN. L'hérédité n'est pas considérée comme jouant un rôle dans le cancer du poumon.

En examinant les 32 types de cancer étudiés, les chercheurs ont estimé que 66% des mutations cancéreuses résultaient d'erreurs de réplication, 29% du style de vie ou de facteurs environnementaux et 5% de gènes héréditaires.

"Nous espérons que cette recherche réconfortera les millions de patients qui ont été atteints par un cancer alors qu'ils ont eu un style de vie quasiment parfait, n'ont pas fumé, ont évité de s'exposer au soleil sans crème solaire, suivi un régime alimentaire parfaitement sain, fait de l'exercice physique régulièrement, fait tout ce que nous savons pour prévenir le cancer, mais ont tout de même été touchés par la maladie", a expliqué M. Vogelstein.

"Ils doivent comprendre que ces cancers se seraient produits quoi qu'ils aient fait."

Dans un autre article, Martin Nowak de l'Université Harvard et Bartlomiej Waclaw de l'Université d'Edimbourg prédisent que les nouvelles conclusions de cette étude pourraient susciter de nouveau de grandes discussions au sein de la communauté médicale.

"Ces conclusions montrent que nous avons manifestement besoin d'une compréhension mathématique précise du cancer", ont-ils écrit. "Il faudra de nombreuses années pour répondre en détail aux questions intéressantes et passionnantes qui ont été soulevées."

Le professeur Lawrence Young, directeur du Centre de recherche sur le cancer de l'Université de Warwick, estime quant à lui que, si cette nouvelle étude est intéressante en ce qu'elle combine les données épidémiologiques et de séquençage du génome, "le message est toutefois complexe et il ne rend pas moins nécessaire l'adoption de meilleures approches de prévention du cancer de phase primaire et secondaire".

010020070770000000000000011107421361551421