Par Raphaël MVOGO

YAOUNDE, 22 mars (Xinhua) -- Le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) au Cameroun a choisi de faire de la star de football Samuel Eto'o Fils son nouvel ambassadeur de bonne volonté, une mission que l'ex-capitaine des Lions Indomptables et quatruple Ballon d'or africain dit vouloir assumer comme un "devoir" en faveur de "nos petites sœurs et nos mamans qui traînent dans la rue".

Le célèbre footballeur avait déjà joué le même rôle en 2005, lorsqu'il évoluait au sein du FC Barcelone, l'un des deux clubs européens avec l'Inter Milan (Italie) avec lesquels il s'était distingué comme un joueur emblématique en devenant en 2009 et 2010 le premier et le seul à remporter trois triplés consécutifs : championnat, Ligue des champions et coupe.

Meilleur buteur de l'histoire de la sélection nationale avec laquelle il avait remporté la médaille d'or aux Jeux Olympiques de 2000 à Sydney (Australie) et deux titres de champion africain lors des éditions de 2000 et 2002 de la Coupe d'Afrique des nations de football (CAN), une compétition dont il reste aussi le meilleur buteur, l'attaquant camerounais qui évolue aujourd'hui à Antalyaspor (Turquie), était à Yaoundé mercredi dans le cadre de sa nouvelle mission humanitaire.

"C'est un honneur pour moi d'être ambassadeur de l'UNICEF", a-t-il déclaré lors d'un échange avec la presse mercredi soir, au terme d'une journée marquée par la visite d'un foyer de jeunes filles en détresse et d'une causerie éducative avec plusieurs milliers de jeunes scolarisés de la capitale et de ses environs rassemblés au Palais polyvalent des sports.

A 36 ans, Samuel Eto'o Fils se réclame lui-même d'extraction modeste et se propose d'œuvrer à créer une chaîne de solidarité pour venir en aide aux jeunes filles et femmes âgées en détresse. "Je suis né dans le besoin comme la plupart des Camerounais. Même si je vis loin du Cameroun, mon cœur est ici, mes oreilles sont ici, je dirais même mes yeux sont ici", clame-t-il.

"J'étais le voisin de la prison de Kodengui [à Yaoundé]. Mon papa a bougé pour Douala et j'étais le voisin de la prison de New Bell. J'aurais pu être [comme] ces enfants-là", ajoute-t-il en évoquant sa visite au Foyer de l'Espérance, un centre d'accueil de jeunes filles en détresse de Yaoundé où il confie avoir eu le "cœur déchiré", au contact d'un besoin d'assistance d'une très grande ampleur.

L'idole des amoureux du football n'a pas attendu sa nomination comme ambassadeur de bonne volonté de l'UNICEF au Cameroun pour s'investir dans l'humanitaire. A l'instar de son aîné "le Vieux Lion" Roger Milla, connu pour sa part pour être le meilleur footballeur africain du siècle désigné par la Confédération africaine de football (CAF), il a mis sur pied depuis 2006 une fondation.

Grâce à la Fondation Samuel Eto'o, de nombreux jeunes Camerounais ont notamment pu bénéficier de bourses pour leurs études ou leur formation professionnelle pour leur éducation et leur intégration sociale, et d'autres des aides d'urgence pour leur santé. Cette institution se sert du sport comme outil d'intégration d'enfants handicapés mentaux.

Samuel Eto'o Fils est aussi responsable du projet Fundesport qui a mis en place quatre centre de formation au Cameroun (Douala, Yaoundé, Limbe et Bamenda) et un autre à Libreville (Gabon), pour l'encadrement sportif de jeunes Africains.

L'actuel portier des Lions Indomptables Fabrice Ondoa, élu parmi le onze type établi par la CAF au terme de la CAN-2017 remporté par le Cameroun en février à Libreville, a fait ses classes dans cette pépinière.

Samuel Eto'o a aussi financé la construction d'un hôpital en attente d'inauguration par les autorités depuis quatre ans à Douala, la métropole économique camerounaise.

Pour son engagement en faveur des jeunes filles et des femmes âgées, il demande la mise à disposition par le gouvernement d'un site pour la construction d'un centre d'encadrement dédié à cette catégorie sociale, en partenariat avec l'UNICEF.

"Nous avons un problème qui est urgent. Nous avons nos petites sœurs et nos mamans qui traînent dans la rue. Il faut qu'[elles] quittent la rue. C'est très très urgent. On ne peut plus attendre. Il faut faire quelque chose. Moi, grâce à mon aura, l'UNICEF va peut-être véhiculer des messages et j'espère que mes jeunes frères et sœurs vont nous suivre", assure-t-il.

"On doit se battre pour que ce projet-là voie le jour (...) Ce que je veux aujourd'hui, c'est de créer une chaîne [de solidarité]. On ne peut pas se mettre ensemble et commencer à construire ? " poursuit-il, faisant part de son plaidoyer pour la mobilisation de fonds pour permettre à l'agence onusienne à mener ses interventions sociales.

Félécité Tchibindat, la représentante-résidente de l'UNICEF au Cameroun, a justifié le choix de l'ex-capitaine des Lions Indomptables par le fait que "c'est une icône africaine, c'est une icône camerounaise. Les gens peuvent se projeter à travers lui. C'est ce modèle-là que nous avons choisi pour permettre aux jeunes de réaliser leurs rêves".

"L'Afrique, c'est le continent d'aujourd'hui et de demain. Il faut qu'on change le narratif, qu'on regarde ce continent de façon positive avec toutes ses potentialités et opportunités (...) Il y a beaucoup de génies qui sont là et que nous devons accompagner et révéler à la face du monde", a-t-elle ajouté.