A presque 70 ans, un ancien militaire sénégalais apprend le chinois pour devenir interprète (PORTRAIT)
Publié le 2017-03-22 à 12:19 | french.xinhuanet.com
DAKAR, 21 mars (Xinhua) -- Son nom chinois est Lin Bo, mais son nom sénégalais est Mame Thierno Sow. Retraité de l'armée sénégalaise, où il était faisait partie des commandos de la marine, cet homme s'est fixé un immense défi : apprendre le chinois et devenir interprète. A 68 ans, il est le plus âgé des étudiants inscrits à l'Institut Confucius de Dakar. Mame Thierno Sow est né en 1949 à Dakar, où il a fait des études primaires et une formation de navigateur.
"Très tôt, je suis parti à l'étranger, à 18 ans. J'ai fait beaucoup de pays. J'ai navigué en Europe. J'ai été jusqu'en Union soviétique trois fois de suite", raconte-t-il. Aujourd'hui, l'envie d'approfondir ses études le motive à étudier la langue chinoise, 17 ans après sa retraite professionnelle. "Dans la vie, il faut s'instruire jusqu'à la mort. Je suis curieux et j'aime apprendre", confie-t-il.
Une autre motivation est que "la Chine est maintenant un pays plus qu'émergent. Elle s'est ouverte au reste du monde. Et tout le monde peut y aller, y travailler. En même temps aussi, les Chinois sont partout. Ils sont dans le commerce, les entreprises. S'il y a des Sénégalais qui sont en mesure de servir d'intermédiaires ou de collaborateurs, c'est mieux", a-t-il indiqué.
L'ancien militaire reste toutefois réaliste. Le travail physique n'est plus de son âge. "Il me faut retourner à un travail intellectuel et il ne me reste qu'à être interprète", explique ce retraité féru de langues, qui parle le français, l'italien et un peu l'anglais.
On peut tout apprendre dans la vie. C'est la conviction de M. Sow qui, dès qu'il a été informé de l'existence d'un Institut Confucius à Dakar, s'y est rendu aussitôt pour se renseigner sur les modalités d'inscription. "Mais, dès que la secrétaire m'a vu, elle a été surprise", raconte le Sénégalais, qui s'est inscrit sans problème aux cours de chinois dans une classe où il n'y a que des jeunes. Mais pas de quoi démonter l'ancien militaire. Il lève la main, pose des questions s'il ne comprend pas et parle avec ses camarades de classe en cas de souci. Sa seule difficulté, dit-il, "c'est suivre au même rythme que les jeunes". Ses camarades de classe et ses professeurs éprouvent un grand respect à son égard. M. Sow est décrit comme "un très bon étudiant" par l'une de ses professeurs, Mme Yang. "C'est vrai que ce n'est pas aussi facile qu'avec les étudiants de l'université. Mais, il a fait d'immenses progrès maintenant. Il peut même écrire les caractères chinois", se réjouit-elle. Pour Patrice Baraye, étudiant du même qui apprend une langue telle que le chinois, qui "n'est pas facile à maîtriser".
"Il est rigoureux, dynamique par rapport au cours. Il fait de son mieux pour comprendre. Une fois, il avait même proposé que l'on fasse des cours de renforcement avec lui, pour dire à quel point il tient à maîtriser cette nouvelle langue. M. Lin Bo doit être un exemple pour tous les étudiants de l'Institut Confucius et mérite plus de respect et d'encouragement", affirme son camarade de classe.
Aminatou Hann, la chargée de communication de l'Institut, souligne quant à elle sa motivation.
"Il demande même à M. Bakhoum (un professeur sénégalais qui enseigne le chinois à l'Institut, ndlr) de lui donner des cours pour se perfectionner. Il s'est inscrit à la bibliothèque et fait de son mieux pour comprendre et pour écrire les caractères chinois, qui sont très compliqués", a-t-elle indiqué. Selon elle, il est très rare de voir un homme de cet âge "aussi énergique"."Il a du punch et ne recule pas devant l'objectif qu'il s'est fixé. Il devrait être nommé étudiant d'honneur de l'Institut. C'est un exemple pour les jeunes. Il est ambitieux et regorge d'abnégation", a-t-elle estimé.