France/Présidentielle: le candidat Fillon tente de reprendre l'offensive dans un contexte très troublé (PAPIER GÉNÉRAL)
Publié le 2017-02-07 à 02:35 | french.xinhuanet.com
François Fillon lors d'une conférence de presse à Paris le 6 février 2016 (Xinhua/Théo Duval)
Par Claudine Girod-Boos
PARIS, 6 février (Xinhua) -- Dos au mur depuis le déclenchement du PenelopeGate, le candidat de droite à la présidentielle François Fillon a tenté lundi après-midi une opération de contre-attaque en présentant ses excuses aux Français et en annonçant la publication sur internet de tout le détail de son patrimoine dans un contexte toujours très incertain quant à l'issue de la course à l'Elysée.
"Collaborer avec sa famille en politique, c'est une pratique désormais rejetée par les Français. En travaillant avec ma femme et mes enfants, j'ai privilégié cette collaboration de confiance qui aujourd'hui suscite la défiance. C'était une erreur. Je le regrette profondément : je présente mes excuses aux Français", a déclaré, devant la presse, à son QG de campagne, lundi après-midi, François Fillon. "J'assume toutes mes responsabilités. Tous les faits évoqués sont légaux et transparents", a-t-il affirmé, à la fois inflexible et repentant.
Depuis dix jours, le candidat de la droite est miné par un scandale retentissant. Il est soupçonné d'avoir salarié pendant près de dix ans sa femme Penelope pour un travail d'assistante parlementaire dont la réalité est contestée et d'avoir aussi rémunéré deux de ses enfants pour des missions controversées. Une enquête a été ouverte. Le journal "Le Monde" a par ailleurs fait lundi de nouvelles révélations concernant un possible trafic d'influence autour d'une Légion d'honneur.
Lors de son discours devant la presse, François Fillon a annoncé qu'il allait publier sur internet "dans la soirée" tout le détail de son patrimoine. "On réclame la transparence, je n'ai rien à cacher. Maintenant, tout est sur la table", a-t-il asséné. Avant d'ajouter: "La transparence devrait s'appliquer à tous", puis de préciser à la foule de journalistes présents qu'il ne répondrait à aucune question sur les procédures en cours.
Depuis dix jours, François Fillon, qui a fait de la probité et de l'exemplarité des thèmes phares de sa campagne, s'efforce de contre-attaquer en dénonçant l'œuvre d'"officines", n'hésitant pas à évoquer la semaine dernière un "coup d'Etat institutionnel". "Ce n'est pas le tribunal médiatique qui me jugera", a-t-il répété lundi devant la presse.
En réponse aux questions des journalistes, le candidat investi à l'issue de la primaire de la droite et du centre a jugé qu'"aucune instance n'a la légitimité" de remettre en cause sa candidature, estimant qu'il est le seul qui peut "mener le redressement national" alors qu'une partie des parlementaires Les Républicains (LR) appellent à son retrait.
Celui qui était donné largement favori pour la présidentielle a dégringolé dans les sondages et est désormais donné éliminé dès le premier tour de la présidentielle. Les proches du candidat Fillon veulent croire néanmoins que sa famille politique est toujours derrière lui et s'appuient sur un sondage IFOP du Journal du dimanche du 4 février selon lequel 64% des électeurs de droite seraient pour le maintien de sa candidature (contre 68% de l'ensemble des Français qui ne le souhaiteraient pas).
Depuis son lancement, cette campagne présidentielle 2017 a pris des allures de feuilleton aux nombreux rebondissements. Elle est "complètement inédite", soulignait lundi matin sur les ondes de France Culture le politologue et sondeur Jérôme Sainte-Marie. "Tout le monde est suspendu à la décision de François Fillon. Mais "au-delà du nuages de péripéties, ce qui est assez incroyable, c'est pour l'instant, qu'aucun des deux grands partis ne semble en mesure de se qualifier pour le second tour", relevait-il.
Les jours à venir montreront si François Fillon a réussi avec cette prestation télévisuelle à renverser la vapeur et convaincre sa famille politique (qui n'a pas prévu de candidat de substitution) de resserrer les rangs.
En attendant, tous les projecteurs sont braqués sur la présidente du Front National Marine Le Pen, tenante d'un "Frexit", qui a rassemblé ses troupes à Lyon le week-end dernier où elle a égrené ses 144 propositions pour la France autour de son slogan "Au nom du peuple", dans un discours anti-Union européenne et anti-immigration.
L'ancien ministre de l'Economie de François Hollande, Emmanuel Macron, est lui aussi l'objet de toutes les attentions. Celui que le politologue Pascal Perrineau a baptisé "OPNI" (Objet Politique Non identifié) a adopté une posture ni "droite ni gauche", libérale et européiste. Mais l'ex banquier d'affaires, au-delà du charisme qui lui est reconnu, ne dispose pas d'appareil de parti et aura bien du mal à convaincre la gauche classique.
Le candidat du Parti socialiste Benoît Hamon tente de son côté de rassembler sa famille politique mais est pris en étau sur son flanc droit par Emmanuel Macron et sur son aile gauche par le leader du Parti de Gauche et tribun Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier était lui aussi en meeting à Lyon le week-end dernier et de façon simultanée dans la région parisienne grâce à son hologramme qui a attiré plusieurs milliers de personnes.
Plus que jamais, la course à l'Elysée reste ouverte.
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