France/Présidentielle : une campagne chaotique et inédite sur fond de recomposition politique (ANALYSE)

Publié le 2017-01-31 à 22:03 | french.xinhuanet.com

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PARIS, 31 janvier (Xinhua) -- L'enquête autour du candidat de droite à la présidentielle François Fillon, entendu lundi avec son épouse Penelope sur des soupçons d'emplois fictifs, et la désignation d'un champion socialiste partisan d'une "gauche totale", Benoît Hamon, accroissent encore le climat d'incertitude quant à l'issue du scrutin des 23 avril et 7 mai prochains qui se tiendra dans une France toujours sous "état d'urgence".

Les récents épisodes du feuilleton de la campagne présidentielle française secouent l'Hexagone qui vit désormais au rythme de nouvelles révélations quasi quotidiennes. Les commentateurs ne savent plus où donner de la tête et se perdent en conjectures tandis que les sondeurs, bien que jusqu'ici largement désavoués par les faits, continuent d'alimenter les scénarios de "politique fiction". Et que les bookmakers ont ouvert les paris...

En quelques jours, les événements se sont en effet précipités, rebattant les cartes dans un paysage électoral chaotique où tout semble désormais possible.

Après les suspicions sur l'organisation de la primaire à gauche, le "PenelopeGate" à droite, les doutes sur les frais de représentation de l'ex-ministre de l'Economie Emmanuel Macron, candidat pour son mouvement En Marche!, les soupçons qui pèsent sur la rémunération des assistants de la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen au Parlement européen, la désignation de l'outsider Benoît Hamon comme candidat du Parti socialiste vient encore ajouter à l'incertitude.

Ces derniers jours, la course à la charge suprême de la République a pris un virage inédit. Les "boules puantes" visant les principaux candidats n'ont certes rien de nouveau dans les campagnes politiques à la française.

Mais jamais, sans doute sous la Ve République, les soubresauts n'ont remis en cause de la sorte les rapports de force que l'on pensait établis entre les concurrents. Le quotidien de centre-gauche Le Monde n'hésite pas à évoquer une "campagne folle".

L'affaire dite "PenelopeGate" fragilise considérablement l'ex-Premier ministre de Nicolas Sarkozy, même si sa famille politique serre les rangs pour l'instant. Ce, d'autant que François Fillon a fait de l'exemplarité son cheval de bataille.

L'enquête ouverte par le parquet financier, après les révélations de l'hebdomadaire Le Canard enchaîné sur les 500.000 euros qu'aurait touchés l'épouse du candidat conservateur en tant qu'assistante parlementaire et collaboratrice d'une revue littéraire, laissera des traces quelle que soit son issue.

"François Fillon n'est plus le vainqueur automatique tel qu'il apparaissait au lendemain de la primaire de la droite", a d'ailleurs concédé le journal conservateur Le Figaro qui ne rejette pas l'éventualité d'un "grand chambardement" dans un "scrutin où tout peut arriver".

Autre inconnue de taille: que se passerait-il si François Fillon retirait sa candidature ? Cette éventualité n'a pas été prévue par les textes qui régissent la vie politique du parti Les Républicains (LR). La charte de la primaire étant caduque, il faudrait en théorie organiser une nouvelle élection. Or, la date limite de dépôt des candidatures à la présidentielle est fixée au 22 mars.

Dans les rangs de la gauche, la qualification de Benoît Hamon apparaît comme un facteur d'incertitude supplémentaire. Nul doute que le vainqueur de la primaire contre Manuel Valls aura bien du mal à mettre en ordre de bataille un PS idéologiquement clivé et comptable du bilan de la présidence Hollande.

"Nous sommes d'accord sur le fait qu'il n'y a pas de possibilité pour la gauche de l'emporter sans qu'elle se rassemble", a-t-il d'ailleurs reconnu lundi.

Négocier avec le leader du Parti de gauche, tribun de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, ne s'annonce pas davantage plus aisé pour M. Hamon. Quant au candidat des Verts, Yannick Jadot, il a de son côté annoncé qu'il maintiendrait sa candidature.

Dans ce contexte, l'extrême droite, déjà galvanisée par le Brexit et l'arrivée au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis, se frotte les mains. Le lieutenant de Marine Le Pen, Florian Philippot, jouait sur du velours au micro de France Culture mardi matin, clamant à nouveau que le "Front national est le premier parti de France".

Mais si la candidate du FN a de grandes chances d'accéder au second tour, quel que soit son adversaire au second tour, elle ne dispose pas des réserves de voix pour l'emporter, s'accordent à dire les analystes politiques. Certains évoquent la possibilité qu'elle ne soit pas qualifiée à l'issue du premier tour en raison d'une grande dispersion des voix sur une douzaine de candidats.

Tous les regards se portent désormais vers Emmanuel Macron, un "OPNI" (objet politique non identifié) selon le politologue Pascal Perrineau. L'ancien ministre de l'Economie, ex-banquier d'affaires âgé de 39 ans, a fait salle comble dans ses meetings et pourrait engranger les ralliements d'une partie de la droite et de la gauche.

Lundi, le richissime mécène Pierre Bergé, copropriétaire du journal Le Monde, lui a affiché son soutien. "Ce qui est clair, c'est qu'une partie des déçus de Valls va se reporter sur Macron", a par ailleurs affirmé lundi le sociologue Jean-Pierre Le Goff, auteur d'un ouvrage intitulé "La gauche à l'agonie?".

Reste qu'au-delà de l'attraction que suscite le personnage d'Emmanuel Macron, son programme reste encore flou aux yeux de nombreux électeurs. Ces mêmes électeurs, "objet fantôme" selon les politologues, dont les comportements sont de plus en plus imprévisibles. Les électeurs des primaires de droite comme de gauche sont-ils vraiment le reflet du corps électoral de l'Hexagone? La question mériterait d'être posée.

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France/Présidentielle : une campagne chaotique et inédite sur fond de recomposition politique (ANALYSE)

Publié le 2017-01-31 à 22:03 | french.xinhuanet.com

PARIS, 31 janvier (Xinhua) -- L'enquête autour du candidat de droite à la présidentielle François Fillon, entendu lundi avec son épouse Penelope sur des soupçons d'emplois fictifs, et la désignation d'un champion socialiste partisan d'une "gauche totale", Benoît Hamon, accroissent encore le climat d'incertitude quant à l'issue du scrutin des 23 avril et 7 mai prochains qui se tiendra dans une France toujours sous "état d'urgence".

Les récents épisodes du feuilleton de la campagne présidentielle française secouent l'Hexagone qui vit désormais au rythme de nouvelles révélations quasi quotidiennes. Les commentateurs ne savent plus où donner de la tête et se perdent en conjectures tandis que les sondeurs, bien que jusqu'ici largement désavoués par les faits, continuent d'alimenter les scénarios de "politique fiction". Et que les bookmakers ont ouvert les paris...

En quelques jours, les événements se sont en effet précipités, rebattant les cartes dans un paysage électoral chaotique où tout semble désormais possible.

Après les suspicions sur l'organisation de la primaire à gauche, le "PenelopeGate" à droite, les doutes sur les frais de représentation de l'ex-ministre de l'Economie Emmanuel Macron, candidat pour son mouvement En Marche!, les soupçons qui pèsent sur la rémunération des assistants de la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen au Parlement européen, la désignation de l'outsider Benoît Hamon comme candidat du Parti socialiste vient encore ajouter à l'incertitude.

Ces derniers jours, la course à la charge suprême de la République a pris un virage inédit. Les "boules puantes" visant les principaux candidats n'ont certes rien de nouveau dans les campagnes politiques à la française.

Mais jamais, sans doute sous la Ve République, les soubresauts n'ont remis en cause de la sorte les rapports de force que l'on pensait établis entre les concurrents. Le quotidien de centre-gauche Le Monde n'hésite pas à évoquer une "campagne folle".

L'affaire dite "PenelopeGate" fragilise considérablement l'ex-Premier ministre de Nicolas Sarkozy, même si sa famille politique serre les rangs pour l'instant. Ce, d'autant que François Fillon a fait de l'exemplarité son cheval de bataille.

L'enquête ouverte par le parquet financier, après les révélations de l'hebdomadaire Le Canard enchaîné sur les 500.000 euros qu'aurait touchés l'épouse du candidat conservateur en tant qu'assistante parlementaire et collaboratrice d'une revue littéraire, laissera des traces quelle que soit son issue.

"François Fillon n'est plus le vainqueur automatique tel qu'il apparaissait au lendemain de la primaire de la droite", a d'ailleurs concédé le journal conservateur Le Figaro qui ne rejette pas l'éventualité d'un "grand chambardement" dans un "scrutin où tout peut arriver".

Autre inconnue de taille: que se passerait-il si François Fillon retirait sa candidature ? Cette éventualité n'a pas été prévue par les textes qui régissent la vie politique du parti Les Républicains (LR). La charte de la primaire étant caduque, il faudrait en théorie organiser une nouvelle élection. Or, la date limite de dépôt des candidatures à la présidentielle est fixée au 22 mars.

Dans les rangs de la gauche, la qualification de Benoît Hamon apparaît comme un facteur d'incertitude supplémentaire. Nul doute que le vainqueur de la primaire contre Manuel Valls aura bien du mal à mettre en ordre de bataille un PS idéologiquement clivé et comptable du bilan de la présidence Hollande.

"Nous sommes d'accord sur le fait qu'il n'y a pas de possibilité pour la gauche de l'emporter sans qu'elle se rassemble", a-t-il d'ailleurs reconnu lundi.

Négocier avec le leader du Parti de gauche, tribun de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, ne s'annonce pas davantage plus aisé pour M. Hamon. Quant au candidat des Verts, Yannick Jadot, il a de son côté annoncé qu'il maintiendrait sa candidature.

Dans ce contexte, l'extrême droite, déjà galvanisée par le Brexit et l'arrivée au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis, se frotte les mains. Le lieutenant de Marine Le Pen, Florian Philippot, jouait sur du velours au micro de France Culture mardi matin, clamant à nouveau que le "Front national est le premier parti de France".

Mais si la candidate du FN a de grandes chances d'accéder au second tour, quel que soit son adversaire au second tour, elle ne dispose pas des réserves de voix pour l'emporter, s'accordent à dire les analystes politiques. Certains évoquent la possibilité qu'elle ne soit pas qualifiée à l'issue du premier tour en raison d'une grande dispersion des voix sur une douzaine de candidats.

Tous les regards se portent désormais vers Emmanuel Macron, un "OPNI" (objet politique non identifié) selon le politologue Pascal Perrineau. L'ancien ministre de l'Economie, ex-banquier d'affaires âgé de 39 ans, a fait salle comble dans ses meetings et pourrait engranger les ralliements d'une partie de la droite et de la gauche.

Lundi, le richissime mécène Pierre Bergé, copropriétaire du journal Le Monde, lui a affiché son soutien. "Ce qui est clair, c'est qu'une partie des déçus de Valls va se reporter sur Macron", a par ailleurs affirmé lundi le sociologue Jean-Pierre Le Goff, auteur d'un ouvrage intitulé "La gauche à l'agonie?".

Reste qu'au-delà de l'attraction que suscite le personnage d'Emmanuel Macron, son programme reste encore flou aux yeux de nombreux électeurs. Ces mêmes électeurs, "objet fantôme" selon les politologues, dont les comportements sont de plus en plus imprévisibles. Les électeurs des primaires de droite comme de gauche sont-ils vraiment le reflet du corps électoral de l'Hexagone? La question mériterait d'être posée.

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