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Présidence Trump : l'Amérique latine en proie au doute

French.xinhuanet.com | Publié le 2017-01-21 à 18:12

MEXICO, 20 janvier (Xinhua) -- Le nouveau président américain Donald Trump et sa politique encore difficile à cerner engendrent inquiétude et doute parmi les responsables et observateurs dans toute l'Amérique latine.

Au Mexique, pays voisin où 80% des exportations vont en direction des Etats-Unis, beaucoup se montrent perplexes face aux propositions isolationnistes et protectionnistes de M. Trump, dont la promesse de construire un mur le long de la frontière et celle d'imposer de lourdes taxes douanières sur le secteur manufacturier américain qui sous-traite au Mexique et rapatrie ensuite la production.

Soulignant l'impopularité de M. Trump au sud de cette frontière, le ministre mexicain de l'Economie, Ildefonso Guajardo Villareal, avait qualifié de "diable" le futur président lors d'une table ronde organisée en septembre dernier.

"S'il faut parler au diable pour garantir la sécurité et l'avenir du peuple mexicain et des Etats-Unis, alors nous parlerons avec le diable", a-t-il lancé.

Mais d'autres pensent que M. Trump aboie plus qu'il ne mord.

Angelina Gutiérrez, économiste à l'Université nationale autonome du Mexique (UNAM), pense ainsi qu'il est peu probable les propriétaires américains de "maquiladoras", ces usines de montage de pièces importées destinées à être réexportées, soient perturbés par les menaces de M. Trump de les faire fermer pour les installer aux Etats-Unis.

"Je ne crois pas que les multinationales soient désireuses de perdre leurs investissements et de détruire une chaîne de production, de distribution et de commercialisation qui est essentielle à la mondialisation et à l'intégration de pays dans des blocs régionaux et économiques", pense-t-elle.

Le constructeur automobile américain Ford a annoncé début janvier qu'il annulait une décision de bâtir une usine de 1,6 milliard de dollars au Mexique, tout en assurant que cette décision n'était pas liée à la politique de M. Trump.

Une décision qui risque de coûter cher à Ford, selon Violeta Rodriguez, également chercheuse à l'UNAM, car les coûts de production d'un véhicule sont 40% plus élevés aux Etats-Unis.

Au Brésil, des analystes pensent que le président américain âgé de 70 ans n'est pas en phase avec son temps.

"Ce qui me surprend, c'est la vision de Trump des relations économiques mondiales, qui doivent dater du XVIIIe ou du XIXe siècle", s'étonne Mauricio Santoro, professeur de relations internationales à l'Université de l'Etat de Rio de Janeiro (UERJ), dans un entretien à Xinhua.

"Penser qu'on ne peut s'enrichir qu'aux dépens de son voisin est une idée ridicule qui fait fi de siècles de données empiriques, parmi lesquelles l'ascension des Etats-Unis", observe-t-il.

Pour Gunther Rudizit, professeur de relations internationales à Rio Branco (ouest), Donald Trump est "imprévisible", car "personne ne sait vraiment ce qu'il va faire". "S'il était un homme d'affaires impitoyable, il serait alors plus prévisible".

En Argentine, Carolina Sampo, professeure invitée de l'Université Complutense de Madrid, estime que les positions de M. Trump menacent de défaire les récents progrès accomplis en matière de relations bilatérales américano-argentines.

Ces relations avaient été froides, voire hostiles, sous la présidence de gauche de Cristina Fernandez de Kirchner (2007-2015) qui avait décidé de renforcer l'intégration avec ses alliés régionaux, dont le Venezuela, à la consternation de Washington.

Son successeur libéral Mauricio Macri avait fait du renouement des relations avec Washington l'un de ses thèmes de campagne. Il avait d'ailleurs reçu Barack Obama en mars 2016 à Buenos Aires.

Mme Sampo pense que Donald Trump va poursuivre "une politique économique beaucoup plus protectionniste et une politique étrangère beaucoup plus restrictive", contrastant singulièrement avec celle d'Obama qui a notamment renoué des liens diplomatiques avec Cuba.

Une opinion que partage Paola de Simone, une spécialiste argentine de droit international. "Reste à savoir si les liens entre les deux pays sous (l'administration) Trump se poursuivront ou s'ils vont au contraire se refroidir", dit-elle, jugeant que s'ils se refroidissent, "ce ne sera pas la faute de l'Argentine, mais celle de l'isolationnisme américain".

A Cuba, qui a sans doute le plus à perdre avec le Mexique de la présidence Trump, l'avenir des relations bilatérales est teinté de pessimisme.

"Ce qui semble évident, c'est que Cuba n'est pas une priorité immédiate pour Trump. Etant donné les décisions qu'on ne connaît pas encore qu'il va prendre pour notre pays, le processus de normalisation des relations va soit avancer, soit reculer, ce qui est préoccupant", s'inquiète Tania Orozco, une fonctionnaire.

Notant l'intransigeance affichée de M. Trump, elle a dit compatir avec le Mexique. "Ce (...) qui a attiré mon attention, c'est la rigidité et l'autoritarisme dont il a fait preuve à propos de la construction du mur avec le Mexique. Il a dit que ce pays avait bien profité des Etats-Unis, alors qu'on sait tous que c'est le contraire", selon elle.

Pour le député péruvien Alberto Quintanilla, le message qu'adresse Trump va à l'opposé de la tendance vers une plus grande intégration économique.

Après le discours d'investiture du nouveau président américain vendredi, M. Quintanilla a dit à Xinhua y avoir vu une "une position qui va à l'encontre de la mondialisation. Mais j'espère qu'elle n'est que temporaire et qu'en fin de compte, le monde continuera vers une plus grande intégration'".

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