Un couple togolais messager de la culture chinoise (MAGAZINE)
Publié le 2016-12-15 à 21:06 | french.xinhuanet.com
Par Koffi T et Zhang Gaiping
LOME, 15 décembre (Xinhua) -- Treize années en Chine ont ancré profondément la culture chinoise dans la vie d'un ancien couple de diplomate togolais, devenus aujourd'hui acteurs de premier plan des échanges culturels entre la Chine et le Togo.
L'ancien diplomate Yao Bloua Agbo et son épouse ont vécu en tant que témoins privilégiés, en deux accréditations de trois et dix ans à Beijing, la période immédiate post-révolution culturelle et le renouveau d'ouverture mené par le feu dirigeant chinois Deng Xiaoping.
Ils se sont plongés dans les méandres de la culture chinoise et ont une étonnante connaissance de la langue chinoise, même dans les conversations familiales.
M. Agbo est aujourd'hui le président de l'Association Amitié Chine-Togo (AACT), qui lui est un excellent cadre de promotion de la culture chinoise au Togo, où s'est déroulée pour la première fois en septembre dernier une semaine du cinéma sino-togolais, organisée à l'occasion du 44e anniversaire de l'établissement des relations diplomatique entre les deux pays.
Au domicile et dans le quotidien de cette famille togolaise atypique, la culture chinoise est omniprésente.
Deux plaques dorées de lions ornent le portail de leur résidence, le décor intérieur est à la chinoise, et la langue chinoise est maniée avec adresse, témoignant fortement de l'attachement à la Chine de cette famille où les parents et les enfants parlent le mandarin.
"Mon époux et moi parlons chinois, nos enfants parlent chinois et à la maison, lors de nos conversations, la langue chinoise s'invite involontairement", a évoqué Mme Agbo Ama, cadre de la Banque togolaise du commerce et de l'industrie (BTCI).
Elle avait quitté son poste dans cette banque pour deux séjours aux côtés de son mari, nommé deux fois ambassadeur en Chine à la fin des années 1970 et à la fin des années 1980.
Tout est parti de l'accréditation en 1979 de M. Agbo Blua en tant qu'ambassadeur du Togo en Chine, où il aura achevé une première mission de trois ans. Son épouse se souvient bien encore de leur arrivée à Beijing en décembre 1979, dans un rude hiver, avec dans les bras un nourrisson de trois semaines et un petit garçon de plus d'un an.
Dans ce nouvel univers, elle n'avait d'autre choix que d'engager une assistante maternelle chinoise pour ses enfants et était confrontée à la difficulté de la barrière linguistique.
Au cours d'un entretien avec l'agence Xinhua, elle a rappelé : "La communication avec la maman (nourrice) chinoise était difficile et il me fallait m'exprimer par des gestes. Ce qui m'a poussée à apprendre le chinois".
Pour s'en sortir, Mme Agbo s'est inscrite à l'Institut des langues de Beijing. "Je m'étais privée des loisirs pour faire des économies et financer mes études", a-t-elle confié à Xinhua, et s'est félicité de cette réussite qui lui est aujourd'hui un atout sans pareil dans le milieu bancaire au Togo.
En effet, après une première mission de 1979 à 1982, M. Agbo a été nommé à nouveau ambassadeur en Chine de 1987 à 1997, soit pendant dix ans, portant ainsi leur séjour en Chine à 13 années.
"Au cours de ce séjour, je me suis imprégné dans l'amitié de la culture chinoise, j'ai pris goût à cette culture", a-t-il confié à Xinhua au cours d'un entretien dans le jardin de leur domicile, dans un décor typiquement chinois.
"Les Chinois sont des gens extrêmement paisibles, très amicaux et d'un abord très facile. Mais il faut bien pouvoir les aborder avant de savoir que ce sont des gens très courtois, très gentils et d'une disponibilité exceptionnelle. C'est un peuple que j'apprécie beaucoup", a précisé M. Agbo.
"J'étais arrivé quelques années après le décès du président Mao. J'ai vécu pratiquement la fin de la révolution culturelle. J'ai été un témoin oculaire du changement profond de la Chine", se vante cet ancien diplomate qui a occupé, entre deux nominations diplomatiques, le poste de ministre de la Culture et des Sports et celui de ministre des Sociétés d'Etat.
M. Agbo rappelle que Deng Xiaoping avait dirigé la Chine vers l'ouverture au monde entier afin d'attirer les investisseurs pour promouvoir le développement économique et social de la Chine.
En mai 2008, M. Agbo a été élu président de l'Association Amitié Chine-Togo (AACT), créée en 1975 dans les années de l'euphorie marquant l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et le Togo.
Ce grand témoin de l'évolution de la Chine s'est rendu en Chine en juin 2009, à l'invitation de l'Association du peuple chinois pour l'amitié avec l'étranger (APCAE) dans le cadre des excellentes relations d'amitié et de coopération entre la Chine et son pays.
Presque 12 ans après, M. Agbo s'est émerveillé de la modernisation de la Chine qui, dit-il, a "beaucoup évolué".
"La dernière fois que j'ai effectué une visite en Chine, il y a avait des endroits que je ne reconnaissais plus", a-t-il indiqué. "A notre époque, il y avait beaucoup de vélos et les maisons n'étaient pas aussi grandes, c'étaient des pagodes. Les vélos sont maintenant rares dans les rues", a-t-il déploré.
A Lomé, grâce à sa bonne connaissance de la langue chinoise, Mme Agbo est amie avec des Chinoises dont les enfants l'appellent affectueusement "Togo Maman". Sa connaissance de la langue chinoise lui a permis d'être nommée chef des relations Asie-Pacifique, et aujourd'hui responsable de l'Espace Asiatique à la BTCI, où elle a repris ses fonctions.
Selon l'ancien diplomate, pour renforcer les échanges entre la Chine et le Togo, il faut aller au-delà des investissements et des dons financiers en renforçant la connaissance mutuelle. "Les visites mutuelles, les échanges d'information et la connaissance mutuelle seront de nature à dynamiser davantage les échanges culturels", a-t-il expliqué.
En matière de communication, "il serait hautement nécessaire de mettre l'accent sur le développement et le partage de la technologie de l'information", a estimé M. Agbo. "Ces dernières années, nous avons vécu avec grande satisfaction de nombreux échanges culturels et en matière de communication entre nos deux pays", a-t-il relevé.
"Le clou de ces échanges aura été certainement cette année 2016. Année que je qualifie volontiers d'année de la culture audiovisuelle, année où le cinéma aura été à l'honneur", a précisé M. Agbo, qui présente comme un "événement majeur" l'organisation en septembre dernier d'une semaine du cinéma sino-togolais, avec la projection des longs métrages chinois.
Son grand souhait d'échanges réussis, c'est de voir "de jeunes chinois, filles et garçons, en tenue togolaise et en train de chanter des chansons togolaises en langues locales tout en dansant en même temps".
Pour lui, c'est réconfortant de constater que la Chine et le Togo entretiennent depuis les années 1970 une coopération fructueuse dans les domaines politique, économique, technique, financier et socio-culturel.
"Au niveau de l'Association Amitié Chine-Togo, nous continuerons de tout mettre en œuvre afin que cette amitié historique se renforce davantage", a annoncé très rassurant ce messager de la culture chinoise.