Laura Weissbecker, l'actrice française "devenue" chinoise (INTERVIEW)

Publié le 2016-11-06 à 00:38 | french.xinhuanet.com

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Par Claudine Girod-Boos

STRASBOURG, 5 novembre (Xinhua) -- Dans son autobiographie, "Comment je suis devenue chinoise - Une actrice française star à Pékin", Laura Weissbecker, peu connue dans l'Hexagone bien que célèbre pour son rôle dans le film de Jackie Chan "Chinese Zodiac", raconte son parcours initiatique en Chine. Dans un entretien à Xinhua, elle explique pourquoi "vivre dans l'Empire du Milieu, c'est presque changer de soleil".

"Les gens sont invariablement intrigués quand j'annonce que j'ai travaillé en Chine et vécu comme une Chinoise: cette superpuissance sur le point de détrôner les autres fascine et inquiète. Fascine, car elle apparaît comme le nouvel eldorado (aussi pour le cinéma); inquiète, parce que c'est l'inconnu", confie l'actrice d'origine strasbourgeoise au parcours des plus atypiques.

"Un monde sépare les cultures occidentale et orientale, opaques l'une pour l'autre. Il faut vivre et travailler en Chine, pour en mesurer l'ampleur. Vivre dans l'Empire du Milieu, c'est presque changer de soleil", explique-t-elle dans son autobiographie "Comment je suis devenue chinoise - Une actrice française star à Pékin", qui vient de sortir aux Editions La Nuée Bleue.

L'ouvrage au style rafraîchissant, qui fourmille d'anecdotes croustillantes sur sa découverte de l'univers chinois et du monde du cinéma, devrait bientôt être traduit en mandarin. "C'est en cours de négociation. Un éditeur chinois est très intéressé", glisse la jeune femme dans un sourire lumineux.

Rien ne prédisposait cette fille de professeurs de mathématiques, une Alsacienne "montée" à Paris pour une formation très exigeante d'ingénieur agronome, à un tel destin. "Parallèlement à mes études d'ingénieur, j'étais mannequin. Un agent m'a proposé d'aller une semaine à Pékin pour la Fashion Week (semaine des défilés de mode). J'étais parmi les 15 mannequins sélectionnés, j'ai sauté de joie!", se souvient-elle avec émotion.

"Mais c'est en 2011 avec le film de Jackie Chan "Chinese Zodiac" que débute véritablement ma carrière en Asie. Je me sentais comme un enfant balbutiant, trébuchant et curieux, qui a tout à apprendre", poursuit-elle. Débute alors la grande aventure d'un film désormais classé dans le top 5 des films ayant eu le plus gros box-office dans l'histoire du cinéma en Chine, qui permettra à l'actrice française de remporter le "Best global emerging actress" (meilleur espoir féminin) au Huading Awards de Macao en 2013.

Même si Laura Weissbecker a travaillé avec des réalisateurs français comme Cédric Klapisch, Elie Chouraqui, Thierry Binisti ou encore Tonie Marshall, elle reste peu connue dans l'Hexagone. Aux Etats-Unis où elle vit désormais une grande partie du temps, "l'on me désigne comme une working actress (une actrice qui travaille), je ne suis pas une star. En France, les gens du métier me connaissent mais pas le grand public. Alors que des centaines de millions de Chinois connaissent mon nom et m'apprécient ! On m'appelle Laura ou Bai Luna", s'amuse-t-elle.

"J'aurai toujours une infinie gratitude envers tous ces Chinois qui m'ont adoptée et d'abord envers Jackie Chan qui m'a choisie pour Chinese Zodiac. C'est quelqu'un d'extraordinaire, de très simple. Pendant le tournage, il dormait dans l'hôtel des techniciens et aidait le jeune assistant à passer l'aspirateur, je n'ai jamais vu un réalisateur français faire ça! C'est une belle personne avisée et intelligente qui a la sagesse de s'entourer uniquement de gens travailleurs, honnêtes, enthousiastes et passionnés par leur métier", raconte-t-elle.

"J'aime la Chine et les Chinois. Et même si, en bonne Française, je râle parfois et je me plains (ce qui n'est pas dans la mentalité chinoise), au fond je suis heureuse. Je le dis souvent: Pour moi, la Chine, c'est le futur. Rien qu'au niveau du box office américain, elle est aujourd'hui le deuxième territoire et ne tardera pas à dépasser les Etats-Unis. On estime que dix nouvelles salles de cinéma sont créées chaque jour en Chine!", s'enthousiasme-t-elle.

"Le titre de mon livre n'est évidemment pas à prendre au premier degré; c'est un clin d'oeil. Le titre envisagé pour la version en mandarin est d'ailleurs : "étudier comment on devient chinois". Bien sûr, je n'ai pas le passeport chinois et je ne suis pas née chinoise", précise-t-elle. "Je le suis devenue avec patience et difficulté, étant de premier abord la plus occidentale qui soit. Une blonde Chinoise. Pire, une Alsacienne blonde chinoise! Et pourtant, c'est une évidence: depuis mon adolescence, la Chine m'intrigue", ajoute la Strasbourgeoise.

"L'apprentissage de la langue a été très difficile au début. J'ai beaucoup galéré, surtout avec les tons et l'écriture! Mais le fait de parler déjà plusieurs langues m'a sûrement été très utile. Sur le tournage de Chinese Zodiac, à part Jackie Chan, les autres acteurs ne parlaient que chinois... Je me suis donc lancée à corps perdu", se rappelle-t-elle.

"Avant la promotion du film, j'ai fait un programme intensif de deux mois pendant lequel nous n'avions pas le droit de parler dans une autre langue. C'était rude. Si on se faisait attraper à envoyer un courriel autrement qu'en chinois, c' est simple: on était viré ! Cela m'a permis de faire toutes mes conférences de presse et mes interview en chinois !", raconte, avec fierté, celle qui s'est baptisée Bai Luna.

"Il est très important et très compliqué de prendre un nom chinois. Je voulais un nom qui sonne bien pour une oreille chinoise, mais aussi occidentale, qui possède de beaux caractères avec une signification poétique et positive, dont le nom ressemble phonétiquement au mien et dont les caractères ne soient pas trop compliqués à écrire. J'ai opté pour Bai Luna qui signifie blanche rosée du matin féminine", explique l'actrice.

"Même si je fais des fautes quand je parle chinois, j'ai droit à des compliments, c'est encourageant. Il est beaucoup plus gratifiant de parler chinois qu'anglais. Anglais, c'est le minimum syndical. Chinois, c'est la classe!", lâche-t-elle dans un rire, avant de montrer la dédicace que lui a faite Jackie Chan: "J'espère que Chinese Zodiac qui t'a amenée en Chine te fera rester en Chine".

Laura Weissbecker - Bai Luna a désormais créé sa société de production et travaille avec ardeur à une co-production franco-chinoise, un long métrage, une comédie qui sera tournée majoritairement en Chine. "Choisissez un travail que vous aimez et vous n'aurez pas à travailler un seul jour de votre vie", conclut-elle en citant Confucius.

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Laura Weissbecker, l'actrice française "devenue" chinoise (INTERVIEW)

Publié le 2016-11-06 à 00:38 | french.xinhuanet.com

Par Claudine Girod-Boos

STRASBOURG, 5 novembre (Xinhua) -- Dans son autobiographie, "Comment je suis devenue chinoise - Une actrice française star à Pékin", Laura Weissbecker, peu connue dans l'Hexagone bien que célèbre pour son rôle dans le film de Jackie Chan "Chinese Zodiac", raconte son parcours initiatique en Chine. Dans un entretien à Xinhua, elle explique pourquoi "vivre dans l'Empire du Milieu, c'est presque changer de soleil".

"Les gens sont invariablement intrigués quand j'annonce que j'ai travaillé en Chine et vécu comme une Chinoise: cette superpuissance sur le point de détrôner les autres fascine et inquiète. Fascine, car elle apparaît comme le nouvel eldorado (aussi pour le cinéma); inquiète, parce que c'est l'inconnu", confie l'actrice d'origine strasbourgeoise au parcours des plus atypiques.

"Un monde sépare les cultures occidentale et orientale, opaques l'une pour l'autre. Il faut vivre et travailler en Chine, pour en mesurer l'ampleur. Vivre dans l'Empire du Milieu, c'est presque changer de soleil", explique-t-elle dans son autobiographie "Comment je suis devenue chinoise - Une actrice française star à Pékin", qui vient de sortir aux Editions La Nuée Bleue.

L'ouvrage au style rafraîchissant, qui fourmille d'anecdotes croustillantes sur sa découverte de l'univers chinois et du monde du cinéma, devrait bientôt être traduit en mandarin. "C'est en cours de négociation. Un éditeur chinois est très intéressé", glisse la jeune femme dans un sourire lumineux.

Rien ne prédisposait cette fille de professeurs de mathématiques, une Alsacienne "montée" à Paris pour une formation très exigeante d'ingénieur agronome, à un tel destin. "Parallèlement à mes études d'ingénieur, j'étais mannequin. Un agent m'a proposé d'aller une semaine à Pékin pour la Fashion Week (semaine des défilés de mode). J'étais parmi les 15 mannequins sélectionnés, j'ai sauté de joie!", se souvient-elle avec émotion.

"Mais c'est en 2011 avec le film de Jackie Chan "Chinese Zodiac" que débute véritablement ma carrière en Asie. Je me sentais comme un enfant balbutiant, trébuchant et curieux, qui a tout à apprendre", poursuit-elle. Débute alors la grande aventure d'un film désormais classé dans le top 5 des films ayant eu le plus gros box-office dans l'histoire du cinéma en Chine, qui permettra à l'actrice française de remporter le "Best global emerging actress" (meilleur espoir féminin) au Huading Awards de Macao en 2013.

Même si Laura Weissbecker a travaillé avec des réalisateurs français comme Cédric Klapisch, Elie Chouraqui, Thierry Binisti ou encore Tonie Marshall, elle reste peu connue dans l'Hexagone. Aux Etats-Unis où elle vit désormais une grande partie du temps, "l'on me désigne comme une working actress (une actrice qui travaille), je ne suis pas une star. En France, les gens du métier me connaissent mais pas le grand public. Alors que des centaines de millions de Chinois connaissent mon nom et m'apprécient ! On m'appelle Laura ou Bai Luna", s'amuse-t-elle.

"J'aurai toujours une infinie gratitude envers tous ces Chinois qui m'ont adoptée et d'abord envers Jackie Chan qui m'a choisie pour Chinese Zodiac. C'est quelqu'un d'extraordinaire, de très simple. Pendant le tournage, il dormait dans l'hôtel des techniciens et aidait le jeune assistant à passer l'aspirateur, je n'ai jamais vu un réalisateur français faire ça! C'est une belle personne avisée et intelligente qui a la sagesse de s'entourer uniquement de gens travailleurs, honnêtes, enthousiastes et passionnés par leur métier", raconte-t-elle.

"J'aime la Chine et les Chinois. Et même si, en bonne Française, je râle parfois et je me plains (ce qui n'est pas dans la mentalité chinoise), au fond je suis heureuse. Je le dis souvent: Pour moi, la Chine, c'est le futur. Rien qu'au niveau du box office américain, elle est aujourd'hui le deuxième territoire et ne tardera pas à dépasser les Etats-Unis. On estime que dix nouvelles salles de cinéma sont créées chaque jour en Chine!", s'enthousiasme-t-elle.

"Le titre de mon livre n'est évidemment pas à prendre au premier degré; c'est un clin d'oeil. Le titre envisagé pour la version en mandarin est d'ailleurs : "étudier comment on devient chinois". Bien sûr, je n'ai pas le passeport chinois et je ne suis pas née chinoise", précise-t-elle. "Je le suis devenue avec patience et difficulté, étant de premier abord la plus occidentale qui soit. Une blonde Chinoise. Pire, une Alsacienne blonde chinoise! Et pourtant, c'est une évidence: depuis mon adolescence, la Chine m'intrigue", ajoute la Strasbourgeoise.

"L'apprentissage de la langue a été très difficile au début. J'ai beaucoup galéré, surtout avec les tons et l'écriture! Mais le fait de parler déjà plusieurs langues m'a sûrement été très utile. Sur le tournage de Chinese Zodiac, à part Jackie Chan, les autres acteurs ne parlaient que chinois... Je me suis donc lancée à corps perdu", se rappelle-t-elle.

"Avant la promotion du film, j'ai fait un programme intensif de deux mois pendant lequel nous n'avions pas le droit de parler dans une autre langue. C'était rude. Si on se faisait attraper à envoyer un courriel autrement qu'en chinois, c' est simple: on était viré ! Cela m'a permis de faire toutes mes conférences de presse et mes interview en chinois !", raconte, avec fierté, celle qui s'est baptisée Bai Luna.

"Il est très important et très compliqué de prendre un nom chinois. Je voulais un nom qui sonne bien pour une oreille chinoise, mais aussi occidentale, qui possède de beaux caractères avec une signification poétique et positive, dont le nom ressemble phonétiquement au mien et dont les caractères ne soient pas trop compliqués à écrire. J'ai opté pour Bai Luna qui signifie blanche rosée du matin féminine", explique l'actrice.

"Même si je fais des fautes quand je parle chinois, j'ai droit à des compliments, c'est encourageant. Il est beaucoup plus gratifiant de parler chinois qu'anglais. Anglais, c'est le minimum syndical. Chinois, c'est la classe!", lâche-t-elle dans un rire, avant de montrer la dédicace que lui a faite Jackie Chan: "J'espère que Chinese Zodiac qui t'a amenée en Chine te fera rester en Chine".

Laura Weissbecker - Bai Luna a désormais créé sa société de production et travaille avec ardeur à une co-production franco-chinoise, un long métrage, une comédie qui sera tournée majoritairement en Chine. "Choisissez un travail que vous aimez et vous n'aurez pas à travailler un seul jour de votre vie", conclut-elle en citant Confucius.

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