Président guinéen: "Nous voulons que la coopération économique avec la Chine soit plus forte que la coopération politique"(INTERVIEW)
Publié le 2016-10-26 à 11:58 | french.xinhuanet.com
CONAKRY, 25 octobre (Xinhua) -- "Nous voulons que la coopération économique avec la Chine soit plus forte que la coopération politique", a déclaré le président guinéen Alpha Condé avant son départ pour la Chine, lors d'une interview exclusive accordée à l'agence Xinhua à Conakry.
Le président guinéen a quitté Conakry dans la nuit de lundi à mardi pour une visite d'Etat en Chine. Pour lui, la coopération politique bilatérale est excellente, "parce que nous avons été non seulement le premier pays à reconnaître la République populaire de Chine, mais nous faisons aussi partie des 22 pays qui se sont battus pour que les droits de la Chine soient reconnus au sein des Nations Unies".
Malgré les 50 ans de coopération entre la Chine et la Guinée, M. Condé a tout de même avoué que "la coopération économique n'est vraiment pas à hauteur de la coopération politique".
Parlant de son voyage en Chine, le président guinéen a indiqué que cette visite s'inscrit dans le cadre du renforcement des liens de coopération économique entre les deux pays.
"La Guinée a été le premier pays d'Afrique à établir des relations diplomatiques avec la Chine en 1960, et depuis lors nous avons tenu des relations de coopération excellentes avec la Chine, tant dans le domaine politique qu'économique", a rappelé Alpha Condé.
Concernant la relance de l'économie post-Ebola, le président guinéen a remercié la Chine pour l'aide qu'elle a apporté à la Guinée pendant la crise sanitaire liée à la fièvre Ebola.
"Nous avons eu un très bon soutien de la Chine", a affirmé le président, qui a rappelé qu'il fallait maintenant pour relancer l'économie du pays de l'énergie, parce que "sans énergie, il n'y a pas de développement".
En outre, le pays a besoin d'infrastructures, de moderniser son agriculture et de nouvelles technologies, ainsi que de l'assistance technique que la Chine a toujours apporté à la Guinée, a poursuivi M. Condé.
A la question de savoir si le président guinéen, dont le pays riche en ressources minières serait disposé à nouer des relations avec la Chine pour la mise en valeur de ces ressources, il a répondu favorablement en affirmant qu'il souhaite lier une coopération stratégique avec la Chine.
"Nous avons une coopération stratégique avec la Chine, car nous avons des minerais et nous avons besoin d'industrie, la Chine a besoin de matières premières et elle a des capitaux", a précisé le président Condé, qui a qualifié cette relation bilatérale d'"une relation presque naturelle".
"C'est pourquoi j'ai dit que la Chine est une chance pour la Guinée et la Guinée est une chance pour la Chine", a indiqué le chef de l'Etat.
En ce qui concerne l'expérience chinoise dans la modernisation de l'agriculture, le président guinéen n'a pas manqué de souligner que son pays pouvait s'inspirer de cette expérience pour assurer une autosuffisance alimentaire réussie.
Il a ajouté que l'expérience chinoise pourrait servir à la Guinée, et que surtout la Chine pourra accompagner le pays dans le domaine de sélection des semences, dans la formation des cadres, et dans l'irrigation.
Par ailleurs, le président guinéen a indiqué que sa visite sera mise à profit pour discuter avec le gouvernement chinois de la relance des activités d'exploitation des minerais de fer à Simandou, où la société chinoise Chinalco est actionnaire avec le géant minier Rio Tinto et la Société financière internationale (SFI, filiale de la Banque mondiale).
Revenant sur les perspectives de coopération entre la Chine et la Guinée, M. Condé a expliqué que son pays a besoin d'infrastructures routières et portuaires, de chemins de fer, et qu'il souhaite l'appui et l'accompagnement de la Chine dans ces domaines importants pour le développement de son pays.
Selon le chef de l'Etat guinéen, la Chine peut accompagner le pays dans le domaine de l'énergie ainsi que dans le domaine de l'agriculture, à travers les techniques agricoles d'irrigation afin de faire trois cultures par an. "La Guinée peut devenir le 'grenier à grains' de l'Afrique de l'Ouest, c'est-à-dire produire du riz et servir les autres pays, parce que nous somme le château d'eau de l'Afrique de l'Ouest", a-t-il affirmé .
"Nous avons toujours été du même coté avec la Chine sur le plan de la politique internationale ainsi que dans les relations bilatérales internationales. Donc notre relation politique est très excellente", a conclu le président guinéen.