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(VOIX DE XINHUA) Le terrorisme constitue une menace à long terme pour l'Europe

                 French.xinhuanet.com | Publié le 2016-08-13 à 17:12

France : hommage aux victimes de l'attaque de Nice
Des habitants se rassemblent pour rendre hommage aux victimes de l'attaque de Nice, survenue le 14 juillet 2016 à Nice en France. Un camion a foncé dans la foule lors des célébrations sur la Promenade des Anglais à Nice, faisant 84 morts et 202 blessés. Le Premier ministre français Manuel Valls a déclaré vendredi matin un deuil national de trois jours à partir du 16 juillet. (Xinhua/Xu Jinquan)

Par Tang Ji

BEIJING, 13 août (Xinhua) -- L'Europe peine à retrouver le calme cet été.

En effet, une vague d'attentats terroristes a semé la terreur et choqué le monde entier. Des grandes destinations touristiques telles que Paris, Nice ou encore Munich ont été touchées en plein coeur.

L'Europe traverse une période difficile. En un peu plus d'un an, la France a été la cible de quatre attentats graves : l'attaque contre l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, les attentats du 13 novembre dernier à Paris, l'attaque au camion à Nice et la prise d'otages de Saint-Etienne-du-Rouvray. L'Allemagne, quant à elle, a été la cible de quatre attaques en une semaine et peine à trouver une issue favorable à la crise des réfugiés.

Malgré le niveau d'alerte terroriste très élevé, le terrorisme constitue une menace à long terme pour l'Europe, car des problèmes très difficiles à résoudre demeurent.

SANS UN SYSTEME DE SECURITE SOLIDE, L'UE RESTE FRAGILE

L'Union européenne s'est étendue très rapidement ces dernières années, ce qui a permis à l'intégration économique et politique de progresser. En revanche, l'intégration de la sécurité n'a progressé que lentement. Or, la vague d'attentats terroristes met à l'épreuve la sécurité commune de l'Union.

Dans une interview, les journalistes du quotidien allemand Bild ont demandé récemment au président français François Hollande pourquoi il n'existait pas encore un système européen de fichage des personnes dangereuses. Le président a avoué que sa mise en place avait été retardée et que ces retards étaient le problème majeur de l'Europe.

Le niveau d'alerte est très élevé en Europe, mais les remparts de la lutte antiterroriste ne sont pas assez solides. Selon Li Wei, un expert chinois de la lutte antiterroriste, l'Europe doit faire de l'intégration de la sécurité commune sa priorité, car, sans elle, l'intégration économique et politique et la libre-circulation dans l'espace européen restent très fragiles. Malheureusement, les considérations économiques et politiques ont pris le pas sur la sécurité.

Mais un autre problème profond se pose. La plupart des pays européens semblent préférer ces "retards'' en matière d'intégration de la sécurité commune, un domaine qui touche à la souveraineté et la sécurité de chaque pays.

Yan Xuetong, doyen de l'Institut des relations internationales modernes de l'Université Tsinghua, estime dans l'ouvrage ''L'inertie de l'Histoire'' que la plupart des pays européens redoutent que le processus d'intégration de l'UE affaiblisse leur souveraineté. Le moteur franco-allemand est en train de perdre l'équilibre, car l'économie allemande est en essor mais celle de la France recule.

Pour l'instant, durant la crise européenne de la dette, à travers des plans d'aide financiers, l'Allemagne est devenue le plus grand pays créancier de l'Europe. Un mauvais signe pour le reste de l'Europe. A l'avenir, grâce à sa puissance économique, l'Allemagne pourrait jouer un rôle dominant au sein de l'Union européenne quand celui de la France serait secondaire. Et d'autres pays européens qui auraient cédé de leur souveraineté seraient réduits à des provinces d'une Union qui serait contrôlée par l'Allemagne.

Ces "retards'' reflètent donc une inquiétude de certains pays européens. Ainsi, même face à la menace croissante du terrorisme, l'intégration de la sécurité à l'échelle européenne est encore difficile.

LES SERVICES DE RENSEIGNEMENT DOIVENT ETRE AMELIORES

Les failles des services de renseignement ont choqué l'Europe. Selon un rapport du député français Georges Fenech, président d'une commission d'enquête parlementaire, la communication entre les services de renseignement, les forces d'intervention et les forces militaires est extrêmement confuse en cas d'attentat terroriste. "Notre rapport pose la question de la pertinence de la force Sentinelle. Souvenez-vous qu'elle était présente devant le Bataclan et qu'aucun ordre ne lui a été donné pour ouvrir le feu", a-t-il déploré.

Depuis les fusillades de Toulouse en 2012, la France a connu plusieurs attentats graves. La question se pose de savoir si le gouvernement français est capable de gérer ces problèmes de sécurité à l'heure où ses services de renseignement sont remis en question. Comme l'a souligné Georges Fenech, il est vital de ''comprendre comment les auteurs des pires attaques terroristes que l'Hexagone ait connues depuis l'après-guerre ont pu se déplacer à leur guise, alors qu'ils étaient, dans leur quasi-totalité, fichés, surveillés, condamnés ou sous le coup d'un mandat d'arrêt".

M. Fenech a proposé la création d'une ''agence nationale de lutte contre le terrorisme'' qui permettrait au chef de l'Etat français de mieux coordonner la lutte antiterroriste. Tout le monde pense que c'est une bonne proposition. Mais ce n'est qu'une proposition. Puisque jusqu'à présent, on ne voit aucun mesure concrète prise par le gouvernement français pour rendre les services de renseignement plus unifiés et efficaces.

LE TERRORISME ETROITEMENT LIE A LA DELINQUANCE ET A L'INTEGRATION DES IMMIGRES

L'intégration des immigrés et la délinquance des jeunes sont depuis longtemps deux problèmes insolubles en France. A présent, la radicalisation vient compléter ce tableau. La lutte contre le terrorisme devient donc de plus en plus complexe.

Depuis les fusillades de Toulouse, un dénominateur commun important des attaques a été que les attentats ont été perpétrés par des Français issus de l'immigration, nés et scolarisés en France, qui sont passés de la délinquance à la radicalisation, puis au terrorisme très rapidement.

Selon le spécialiste du djihadisme français Gilles Kepel, "la classe politique (...) donne le sentiment de courir derrière l'événement''. Ce sont des Français qui lancent des attaques contre les Français, et ils connaissent bien la ville où ils habitent et les points faibles du dispositif de sécurité mis en place par la police.

LES FRAPPES MILITAIRES NE SONT PAS LA SEULE SOLUTION

Après l'attentat de Nice, François Hollande a déclaré que la France renforcerait ses actions militaires en Syrie et en Irak. "Nous allons continuer à frapper ceux qui nous attaquent dans leur repaire", a-t-il ainsi déclaré.

De Nicolas Sarkozy à François Hollande, les frappes militaires ont été la solution privilégiée aux problèmes de la France. Au Mali, en Libye, en Syrie et en Irak, les Rafale et le porte-avions Charles de Gaulle ont souvent été déployés.

Pourtant, il n'en a pas toujours été ainsi. A l'époque de Jacques Chirac, la France soutenait la Palestine et s'opposait à la guerre en Irak. Le pays avait même exprimé devant le Conseil de sécurité de l'ONU sa forte opposition à l'intervention militaire en Irak. Grâce à cette politique, la France a joui d'un grand prestige au Moyen-Orient à cette époque.

Mais depuis la présidence de Nicolas Sarkozy, le renversement du régime de Moammar Kadhafi et les bombardements en Syrie aux côtés des Etats-Unis ont attisé les conflits dans la région, qui ont à leur tour nourri le terrorisme contre la France. Chaque frappe aérienne contre l'Etat islamique entraîne de nouvelles attaques terroristes. Ainsi, la France est entrée dans un terrible engrenage dont elle peinera à se sortir.

Lors du 5e Forum mondial pour la paix en juillet à Beijing, l'ex-Premier ministre français Dominique de Villepin a déclaré que les interventions militaires en Irak, en Afghanistan et en Libye n'avaient pas réussi à éradiquer le terrorisme. ''Au contraire, elles ont favorisé le terrorisme. Il nous faut comprendre que l'utilisation de la force peut être utile dans des circonstances très limitées, mais elle n'est pas la meilleure solution", a-t-il souligné.

Selon lui, l'adoption de nouveaux outils, l'élaboration de nouvelles politiques et mesures sécuritaires, judiciaires et financières et le contrôle d'Internet peuvent contribuer à résoudre le problème du terrorisme.

Au lendemain de l'attentat de Nice, le Premier ministre français Manuel Valls a déclaré avec gravité que ''la France va devoir vivre avec le terrorisme''. De fait, si l'Europe ne parvient pas à trouver rapidement de bonnes solutions pour résoudre les causes fondamentales du terrorisme, la menace des attentats continuera de planer sur le continent pendant encore longtemps.

 

 
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France : hommage aux victimes de l'attaque de Nice
Des habitants se rassemblent pour rendre hommage aux victimes de l'attaque de Nice, survenue le 14 juillet 2016 à Nice en France. Un camion a foncé dans la foule lors des célébrations sur la Promenade des Anglais à Nice, faisant 84 morts et 202 blessés. Le Premier ministre français Manuel Valls a déclaré vendredi matin un deuil national de trois jours à partir du 16 juillet. (Xinhua/Xu Jinquan)

Par Tang Ji

BEIJING, 13 août (Xinhua) -- L'Europe peine à retrouver le calme cet été.

En effet, une vague d'attentats terroristes a semé la terreur et choqué le monde entier. Des grandes destinations touristiques telles que Paris, Nice ou encore Munich ont été touchées en plein coeur.

L'Europe traverse une période difficile. En un peu plus d'un an, la France a été la cible de quatre attentats graves : l'attaque contre l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, les attentats du 13 novembre dernier à Paris, l'attaque au camion à Nice et la prise d'otages de Saint-Etienne-du-Rouvray. L'Allemagne, quant à elle, a été la cible de quatre attaques en une semaine et peine à trouver une issue favorable à la crise des réfugiés.

Malgré le niveau d'alerte terroriste très élevé, le terrorisme constitue une menace à long terme pour l'Europe, car des problèmes très difficiles à résoudre demeurent.

SANS UN SYSTEME DE SECURITE SOLIDE, L'UE RESTE FRAGILE

L'Union européenne s'est étendue très rapidement ces dernières années, ce qui a permis à l'intégration économique et politique de progresser. En revanche, l'intégration de la sécurité n'a progressé que lentement. Or, la vague d'attentats terroristes met à l'épreuve la sécurité commune de l'Union.

Dans une interview, les journalistes du quotidien allemand Bild ont demandé récemment au président français François Hollande pourquoi il n'existait pas encore un système européen de fichage des personnes dangereuses. Le président a avoué que sa mise en place avait été retardée et que ces retards étaient le problème majeur de l'Europe.

Le niveau d'alerte est très élevé en Europe, mais les remparts de la lutte antiterroriste ne sont pas assez solides. Selon Li Wei, un expert chinois de la lutte antiterroriste, l'Europe doit faire de l'intégration de la sécurité commune sa priorité, car, sans elle, l'intégration économique et politique et la libre-circulation dans l'espace européen restent très fragiles. Malheureusement, les considérations économiques et politiques ont pris le pas sur la sécurité.

Mais un autre problème profond se pose. La plupart des pays européens semblent préférer ces "retards'' en matière d'intégration de la sécurité commune, un domaine qui touche à la souveraineté et la sécurité de chaque pays.

Yan Xuetong, doyen de l'Institut des relations internationales modernes de l'Université Tsinghua, estime dans l'ouvrage ''L'inertie de l'Histoire'' que la plupart des pays européens redoutent que le processus d'intégration de l'UE affaiblisse leur souveraineté. Le moteur franco-allemand est en train de perdre l'équilibre, car l'économie allemande est en essor mais celle de la France recule.

Pour l'instant, durant la crise européenne de la dette, à travers des plans d'aide financiers, l'Allemagne est devenue le plus grand pays créancier de l'Europe. Un mauvais signe pour le reste de l'Europe. A l'avenir, grâce à sa puissance économique, l'Allemagne pourrait jouer un rôle dominant au sein de l'Union européenne quand celui de la France serait secondaire. Et d'autres pays européens qui auraient cédé de leur souveraineté seraient réduits à des provinces d'une Union qui serait contrôlée par l'Allemagne.

Ces "retards'' reflètent donc une inquiétude de certains pays européens. Ainsi, même face à la menace croissante du terrorisme, l'intégration de la sécurité à l'échelle européenne est encore difficile.

LES SERVICES DE RENSEIGNEMENT DOIVENT ETRE AMELIORES

Les failles des services de renseignement ont choqué l'Europe. Selon un rapport du député français Georges Fenech, président d'une commission d'enquête parlementaire, la communication entre les services de renseignement, les forces d'intervention et les forces militaires est extrêmement confuse en cas d'attentat terroriste. "Notre rapport pose la question de la pertinence de la force Sentinelle. Souvenez-vous qu'elle était présente devant le Bataclan et qu'aucun ordre ne lui a été donné pour ouvrir le feu", a-t-il déploré.

Depuis les fusillades de Toulouse en 2012, la France a connu plusieurs attentats graves. La question se pose de savoir si le gouvernement français est capable de gérer ces problèmes de sécurité à l'heure où ses services de renseignement sont remis en question. Comme l'a souligné Georges Fenech, il est vital de ''comprendre comment les auteurs des pires attaques terroristes que l'Hexagone ait connues depuis l'après-guerre ont pu se déplacer à leur guise, alors qu'ils étaient, dans leur quasi-totalité, fichés, surveillés, condamnés ou sous le coup d'un mandat d'arrêt".

M. Fenech a proposé la création d'une ''agence nationale de lutte contre le terrorisme'' qui permettrait au chef de l'Etat français de mieux coordonner la lutte antiterroriste. Tout le monde pense que c'est une bonne proposition. Mais ce n'est qu'une proposition. Puisque jusqu'à présent, on ne voit aucun mesure concrète prise par le gouvernement français pour rendre les services de renseignement plus unifiés et efficaces.

LE TERRORISME ETROITEMENT LIE A LA DELINQUANCE ET A L'INTEGRATION DES IMMIGRES

L'intégration des immigrés et la délinquance des jeunes sont depuis longtemps deux problèmes insolubles en France. A présent, la radicalisation vient compléter ce tableau. La lutte contre le terrorisme devient donc de plus en plus complexe.

Depuis les fusillades de Toulouse, un dénominateur commun important des attaques a été que les attentats ont été perpétrés par des Français issus de l'immigration, nés et scolarisés en France, qui sont passés de la délinquance à la radicalisation, puis au terrorisme très rapidement.

Selon le spécialiste du djihadisme français Gilles Kepel, "la classe politique (...) donne le sentiment de courir derrière l'événement''. Ce sont des Français qui lancent des attaques contre les Français, et ils connaissent bien la ville où ils habitent et les points faibles du dispositif de sécurité mis en place par la police.

LES FRAPPES MILITAIRES NE SONT PAS LA SEULE SOLUTION

Après l'attentat de Nice, François Hollande a déclaré que la France renforcerait ses actions militaires en Syrie et en Irak. "Nous allons continuer à frapper ceux qui nous attaquent dans leur repaire", a-t-il ainsi déclaré.

De Nicolas Sarkozy à François Hollande, les frappes militaires ont été la solution privilégiée aux problèmes de la France. Au Mali, en Libye, en Syrie et en Irak, les Rafale et le porte-avions Charles de Gaulle ont souvent été déployés.

Pourtant, il n'en a pas toujours été ainsi. A l'époque de Jacques Chirac, la France soutenait la Palestine et s'opposait à la guerre en Irak. Le pays avait même exprimé devant le Conseil de sécurité de l'ONU sa forte opposition à l'intervention militaire en Irak. Grâce à cette politique, la France a joui d'un grand prestige au Moyen-Orient à cette époque.

Mais depuis la présidence de Nicolas Sarkozy, le renversement du régime de Moammar Kadhafi et les bombardements en Syrie aux côtés des Etats-Unis ont attisé les conflits dans la région, qui ont à leur tour nourri le terrorisme contre la France. Chaque frappe aérienne contre l'Etat islamique entraîne de nouvelles attaques terroristes. Ainsi, la France est entrée dans un terrible engrenage dont elle peinera à se sortir.

Lors du 5e Forum mondial pour la paix en juillet à Beijing, l'ex-Premier ministre français Dominique de Villepin a déclaré que les interventions militaires en Irak, en Afghanistan et en Libye n'avaient pas réussi à éradiquer le terrorisme. ''Au contraire, elles ont favorisé le terrorisme. Il nous faut comprendre que l'utilisation de la force peut être utile dans des circonstances très limitées, mais elle n'est pas la meilleure solution", a-t-il souligné.

Selon lui, l'adoption de nouveaux outils, l'élaboration de nouvelles politiques et mesures sécuritaires, judiciaires et financières et le contrôle d'Internet peuvent contribuer à résoudre le problème du terrorisme.

Au lendemain de l'attentat de Nice, le Premier ministre français Manuel Valls a déclaré avec gravité que ''la France va devoir vivre avec le terrorisme''. De fait, si l'Europe ne parvient pas à trouver rapidement de bonnes solutions pour résoudre les causes fondamentales du terrorisme, la menace des attentats continuera de planer sur le continent pendant encore longtemps.

 

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