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(VOIX DE XINHUA) Guerres et réfugiés : l'aide humanitaire orpheline d'une réforme (PAPIER D'ANGLE)

                 French.xinhuanet.com | Publié le 2016-08-12 à 16:51

Syrie : Ramadan dans un camp de réfugiés de Damas
Une famille syrienne prépare à manger dans le camp de réfugiés de Harjelah, près de Damas, en Syrie, lors du premier jour du Ramadan, mois du jeûne pour les musulmans, le 6 juin 2016. (Xinhua/Yang Zhen)

Par Gong Manti

BEIJING, 12 août (Xinhua) -- La hausse des guerres civiles dans le monde, avec son corollaire de réfugiés et de déplacés, a créé des besoins humanitaires d'une ampleur sans précédent, alors que le système d'aide ne semble plus satisfaire ces besoins urgents. Tandis que l'ONU se lamente régulièrement sur le manque de fonds, l'impérieuse nécessité d'une réforme profonde de ce système revient sur le devant de la scène. Sans trouver de réponse pour l'heure.

Dans le dernier appel en date, le secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires, Stephen O'Brien, a appelé mercredi à ce qu'on évite une aggravation de la tragédie humanitaire au Soudan du Sud, qu'il venait de visiter, en précisant avoir constaté une nette détérioration de la situation humanitaire par rapport à sa première visite il y a un an.

Parallèlement, quelque 1,5 million d'habitants d'Alep en Syrie sont eux aussi confrontés à une situation humanitaire catastrophique à cause la récente intensification des combats. Les coupures d'eau et d'électricité ainsi que le manque de nourriture menacent des populations déjà affectées par les violences et les bombardements.

Chaque jour dans le monde, près de 34.000 personnes touchées par les conflits sont contraintes de fuir leur foyer. Selon l'ONU, il existe aujourd'hui un écart de 14,7 milliards de dollars entre les fonds humanitaires disponibles et le budget prévu. A tel point qu'il a fallu -une fois de plus- lancer de nouveaux appels à la solidarité et réclamer une réforme profonde du système humanitaire.

UN MANQUE DE FONDS

Différent du budget régulier de l'ONU provenant des quotes-parts versées par les Etats Membres, les fonds et programmes de l'ONU, tel que le Haut-commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR), disposent de leur propre budget qui dépend majoritairement des contributions volontaires des pays membres.

Or, les fonds collectés dans le cadre de ce système basé sur le volontariat ne satisfont plus aux besoins.

Avant le Soudan du Sud, M. O'Brien avait réclamé fin juillet davantage de soutien financier pour aider les populations des pays du bassin du lac Tchad, en soulignant que le plan humanitaire 2016 pour le Nigeria n'était financé qu'à hauteur de 28% sur un total de 279,3 millions de dollars.

En Irak, à la fin juin, moins du quart des 584 millions de dollars réclamés pour répondre aux besoins des déplacés pour cette année a été versé, selon le représentant local du HCR. En effet, en date de juillet 2016, les appels de fonds de l'ONU ont atteint 21,9 milliards, pour seulement 7,2 milliards reçus.

Ce manque d'argent est une question récurrente. En 2015, les fonds internationaux collectés ne représentaient que la moitié de ce qui avait été demandé, ce qui a entraîné la cessation des aides dans certaines régions. Le 28 juillet 2015, l'ONU a ainsi dû suspendre 184 services de santé de première nécessité et plusieurs autres services d'aide humanitaire en Irak en raison du manque d'argent.

MONTEE DES CRISES ET PERFORMANCES INSATISFAISANTES

Des méthodes efficaces pour prévenir et réduire les crises de ses racines ne sont toujours pas trouvées. Les crises initialement causées ou attisées par les interventions militaires imprudentes de puissances occidentales ou des rivalités entre nations persistent, tandis que de nouveau conflits sont apparus, entraînant davantage de pays dévastés et de populations en souffrance.

En Syrie, le conflit déclenché en 2011 a fait plus de 290.000 morts, poussant la moitié des habitants à fuir leur foyer. Au Soudan du Sud, de récents affrontements ont poussé 60.000 personnes à prendre la route de l'exode.

Par ailleurs, des attaques ont visé des travailleurs et des chargements humanitaires, ce qui a alourdi la charge financière pesant sur l'action humanitaire de l'ONU.

Lors d'un pillage de masse survenu en juillet dernier à Juba, la capitale sud-soudanaise, 4.500 tonnes de nourriture destinée à nourrir plus de 220.000 Sud-soudanais pour un mois a été volée en une semaine. Dans le nord-est du Nigeria, un convoi humanitaire de l'ONU a été attaqué le 28 juillet, poussant l'ONU à suspendre temporairement son aide humanitaire dans la région.

NECESSITE D'UN PARTAGE PLUS EQUITABLE DES RESPONSABILITES

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a exprimé à plusieurs reprises son ambition de rendre cette aide plus efficace et coordonnée, appelant la communauté internationale à la solidarité. "Ni les frontières ni les murs ne seront capables de nous dispenser de régler ces problèmes", a-t-il souligné.

Cette réforme a été le sujet principal du premier Sommet humanitaire mondial en mai dernier à Istanbul, en Turquie. Certains pays ayant accueilli un nombre considérable des réfugiés, tels que la Turquie, où 2,5 millions de déplacés sont installés, réclament un système au sein duquel chacun assume ses responsabilités.

Angela Merkel, la chancelière de l'Allemagne, le troisième donateur des activités du HCR, a souligné qu'il fallait un système plus fiable pour mettre fin aux promesses de dons non tenues et garantir le financement des projets humanitaires.

L'Union africaine a appelé lors du sommet d'Istanbul au renforcement des pouvoirs des communautés locales, afin que davantage de ressources et soutiens financiers soient attribués aux acteurs locaux.

La Chine a réitéré son idée de "s'opposer à la politisation des questions humanitaires et à la militarisation de l'aide humanitaire", mettant l'accent sur le respect de la souveraineté des pays bénéficiaires afin que de nouveaux conflits ne se produisent plus.

Autant dire que les opinions les plus variées ont été exprimées sur cette question, qui n'a toujours pas trouvé de réponse globale.

Peut-être faudra-t-il attendre la mi-septembre, date à laquelle l'Assemblée générale des Nations Unies, qui ambitionne d'adopter une résolution consacrée au règlement de cette crise, a programmé une série de réunions de haut niveau, vient d'annoncer son président, le Danois Mogens Lykketoft.

 
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French.xinhuanet.com | Publié le 2016-08-12 à 16:51

Syrie : Ramadan dans un camp de réfugiés de Damas
Une famille syrienne prépare à manger dans le camp de réfugiés de Harjelah, près de Damas, en Syrie, lors du premier jour du Ramadan, mois du jeûne pour les musulmans, le 6 juin 2016. (Xinhua/Yang Zhen)

Par Gong Manti

BEIJING, 12 août (Xinhua) -- La hausse des guerres civiles dans le monde, avec son corollaire de réfugiés et de déplacés, a créé des besoins humanitaires d'une ampleur sans précédent, alors que le système d'aide ne semble plus satisfaire ces besoins urgents. Tandis que l'ONU se lamente régulièrement sur le manque de fonds, l'impérieuse nécessité d'une réforme profonde de ce système revient sur le devant de la scène. Sans trouver de réponse pour l'heure.

Dans le dernier appel en date, le secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires, Stephen O'Brien, a appelé mercredi à ce qu'on évite une aggravation de la tragédie humanitaire au Soudan du Sud, qu'il venait de visiter, en précisant avoir constaté une nette détérioration de la situation humanitaire par rapport à sa première visite il y a un an.

Parallèlement, quelque 1,5 million d'habitants d'Alep en Syrie sont eux aussi confrontés à une situation humanitaire catastrophique à cause la récente intensification des combats. Les coupures d'eau et d'électricité ainsi que le manque de nourriture menacent des populations déjà affectées par les violences et les bombardements.

Chaque jour dans le monde, près de 34.000 personnes touchées par les conflits sont contraintes de fuir leur foyer. Selon l'ONU, il existe aujourd'hui un écart de 14,7 milliards de dollars entre les fonds humanitaires disponibles et le budget prévu. A tel point qu'il a fallu -une fois de plus- lancer de nouveaux appels à la solidarité et réclamer une réforme profonde du système humanitaire.

UN MANQUE DE FONDS

Différent du budget régulier de l'ONU provenant des quotes-parts versées par les Etats Membres, les fonds et programmes de l'ONU, tel que le Haut-commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR), disposent de leur propre budget qui dépend majoritairement des contributions volontaires des pays membres.

Or, les fonds collectés dans le cadre de ce système basé sur le volontariat ne satisfont plus aux besoins.

Avant le Soudan du Sud, M. O'Brien avait réclamé fin juillet davantage de soutien financier pour aider les populations des pays du bassin du lac Tchad, en soulignant que le plan humanitaire 2016 pour le Nigeria n'était financé qu'à hauteur de 28% sur un total de 279,3 millions de dollars.

En Irak, à la fin juin, moins du quart des 584 millions de dollars réclamés pour répondre aux besoins des déplacés pour cette année a été versé, selon le représentant local du HCR. En effet, en date de juillet 2016, les appels de fonds de l'ONU ont atteint 21,9 milliards, pour seulement 7,2 milliards reçus.

Ce manque d'argent est une question récurrente. En 2015, les fonds internationaux collectés ne représentaient que la moitié de ce qui avait été demandé, ce qui a entraîné la cessation des aides dans certaines régions. Le 28 juillet 2015, l'ONU a ainsi dû suspendre 184 services de santé de première nécessité et plusieurs autres services d'aide humanitaire en Irak en raison du manque d'argent.

MONTEE DES CRISES ET PERFORMANCES INSATISFAISANTES

Des méthodes efficaces pour prévenir et réduire les crises de ses racines ne sont toujours pas trouvées. Les crises initialement causées ou attisées par les interventions militaires imprudentes de puissances occidentales ou des rivalités entre nations persistent, tandis que de nouveau conflits sont apparus, entraînant davantage de pays dévastés et de populations en souffrance.

En Syrie, le conflit déclenché en 2011 a fait plus de 290.000 morts, poussant la moitié des habitants à fuir leur foyer. Au Soudan du Sud, de récents affrontements ont poussé 60.000 personnes à prendre la route de l'exode.

Par ailleurs, des attaques ont visé des travailleurs et des chargements humanitaires, ce qui a alourdi la charge financière pesant sur l'action humanitaire de l'ONU.

Lors d'un pillage de masse survenu en juillet dernier à Juba, la capitale sud-soudanaise, 4.500 tonnes de nourriture destinée à nourrir plus de 220.000 Sud-soudanais pour un mois a été volée en une semaine. Dans le nord-est du Nigeria, un convoi humanitaire de l'ONU a été attaqué le 28 juillet, poussant l'ONU à suspendre temporairement son aide humanitaire dans la région.

NECESSITE D'UN PARTAGE PLUS EQUITABLE DES RESPONSABILITES

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a exprimé à plusieurs reprises son ambition de rendre cette aide plus efficace et coordonnée, appelant la communauté internationale à la solidarité. "Ni les frontières ni les murs ne seront capables de nous dispenser de régler ces problèmes", a-t-il souligné.

Cette réforme a été le sujet principal du premier Sommet humanitaire mondial en mai dernier à Istanbul, en Turquie. Certains pays ayant accueilli un nombre considérable des réfugiés, tels que la Turquie, où 2,5 millions de déplacés sont installés, réclament un système au sein duquel chacun assume ses responsabilités.

Angela Merkel, la chancelière de l'Allemagne, le troisième donateur des activités du HCR, a souligné qu'il fallait un système plus fiable pour mettre fin aux promesses de dons non tenues et garantir le financement des projets humanitaires.

L'Union africaine a appelé lors du sommet d'Istanbul au renforcement des pouvoirs des communautés locales, afin que davantage de ressources et soutiens financiers soient attribués aux acteurs locaux.

La Chine a réitéré son idée de "s'opposer à la politisation des questions humanitaires et à la militarisation de l'aide humanitaire", mettant l'accent sur le respect de la souveraineté des pays bénéficiaires afin que de nouveaux conflits ne se produisent plus.

Autant dire que les opinions les plus variées ont été exprimées sur cette question, qui n'a toujours pas trouvé de réponse globale.

Peut-être faudra-t-il attendre la mi-septembre, date à laquelle l'Assemblée générale des Nations Unies, qui ambitionne d'adopter une résolution consacrée au règlement de cette crise, a programmé une série de réunions de haut niveau, vient d'annoncer son président, le Danois Mogens Lykketoft.

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