Chine : quatre personnes condamnées pour subversion du pouvoir de l'Etat
Publié le 2016-08-06 à 21:09 | french.xinhuanet.com
TIANJIN, 6 août (Xinhua) -- Quatre personnes ont été condamnées pour subversion du pouvoir de l'Etat par un tribunal de Tianjin au cours des quatre derniers jours.
Parmi ces quatre accusés, Hu Shigen, chef d'une église clandestine, a eu la plus lourde peine de prison, soit 7 ans et demi. A 61 ans, il est le plus âgé des quatre et a pris part à des activités de subversion du pouvoir de l'Etat depuis les années 1990.
Zhou Shifeng, avocat qui était à la tête du Cabinet juridique de Fengrui à Beijing, a été condamné à sept ans de prison ferme.
Zhai Yanmin, un résident sans emploi de Beijing, a été condamné à une peine de prison de trois ans avec un sursis de quatre ans.
L'entrepreneur Gou Hongguo a été condamné, quant à lui, à une peine de prison de trois ans avec un sursis de trois ans.
Zhai Yanmin et Gou Hongguo, s'ils ne commettent pas d'autres infractions pendant la période probatoire, pourraient ne pas aller en prison.
Tous les quatre ont plaidé coupable et ont exprimé leurs remords. Aucun d'entre eux n'a décidé de faire appel.
Ces quatre hommes ont "établi une idéologie, des méthodes et des étapes systématiques", pour subvertir le pouvoir de l'Etat, a expliqué le tribunal dans des communiqués.
Hu Shigen, considéré comme le cerveau, a propagé les idées et les plans, et formé des agents comme Gou Hongguo. Zhou Shifeng a utilisé son cabinet juridique comme un front pour mener des activités de subversion avec Hu Shigen et d'autres personnes. Zhai Yanmin, "l'exécuteur", a reçu des instructions de Hu Shigen pour recruter des pétitionnaires payés à mener des manifestations illégales, selon les communiqués.
Chen Yaodong, vice-chef de l'Ecole de droit de l'Université Nankai, qui a observé les procès, a conclu que ceux-ci étaient "ouverts et justes", et que les organes judiciaires du pays ont traité ces affaires sensibles dans les règles.
"LE CHEF SPIRITUEL" HU
Originaire de la ville de Nanchang dans la province chinoise du Jiangxi (est), Hu Shigen était professeur dans une université de Beijing avant de s'engager dans des activités de subversion.
Il avait été condamné à 20 ans de prison en 1994 pour des crimes "anti-révolutionnaires". Il est retourné sur la voie de la subversion peu après sa libération en 2008.
Il a voulu propager l'idée de "démolir la muraille", à savoir renverser le système existant en Chine et accomplir une "révolution de couleur".
"Hu Shigen est notre 'chef spirituel'", a déclaré Zhai Yanmin dans son témoignage, ajoutant que celui-ci a exercé une grande influence sur ses idées et concepts.
Selon des témoins, Hu Shigen s'est engagé dans le "lavage de cerveau" à travers des activités "missionnaires". Il était fier de faire des histoires sur des dossiers juridiques sensibles, et souvent , à travers des conflits provoqués par des pétitionnaires payés.
Il a même trompé les pétitionnaires en leur affirmant que "c'est un honneur d'être arrêté", leur promettant des indemnités financières en cas d'arrestation.
Selon un témoin du nom de Liu, Hu Shigen a considéré ces pétitionnaires comme une force pour subvertir le pouvoir de l'Etat, car "ils sont assez audacieux et faciles à exalter" et ils "obéissent aussi à ses ordres".
D'après Gou Hongguo, ce que les pétitionnaires ont en commun, c'est la rancune contre le gouvernement, et une fois organisés, ils peuvent devenir une force puissante contre le gouvernement.
Hu a aussi avancé l'idée de "trois objectifs", à savoir un plus fort pouvoir citoyen contre le système existant, une division interne au sein du parti au pouvoir et l'interférence par la société internationale. Il a aussi élaboré "cinq plans" pour "une transformation pacifique".
"J'ai inculqué ces idées aux autres dans le but d'accomplir 'une révolution de couleur'", a-t-il avoué.
UN AVOCAT SANS SCRUPULES
Zhou Shifeng, âgé de 51 ans et originaire de la ville d'Anyang dans la province du Henan (centre), était directeur du cabinet d'avocats Fengrui, lequel a été suspendu de ses opérations en 2015 après une enquête de la police à l'encontre de plusieurs employés.
Zhou Shifeng a avoué qu'il était mécontent des actuels systèmes judiciaires et du gouvernement. Il a depuis longtemps été influencé par des forces anti-chinoises et progressivement développé des idées pour renverser le système politique du pays.
Depuis 2011, il a fait de son cabinet un front pour son programme subversif, en recrutant des avocats partageant les mêmes valeurs et d'autres personnes. Ensemble, ils ont discrédité les organes judiciaires, attaqué les systèmes judiciaires et encouragé le sentiment anti-gouvernemental en intervenant dans des dossiers sensibles et en exagérant l'importance de ces derniers.
Selon un témoin à charge, qui travaillait au cabinet de Zhou Shifeng, celui-ci a recruté deux assistants administratifs importants, du nom respectif de Wu et de Liu, alors qu'aucun des deux n'était avocat. Le travail de Liu était d'analyser les dossiers sensibles et identifier les lacunes, tandis que Wu était chargé de les promouvoir.
Zhou Shifeng les a recrutés pour déformer les faits, semer la confusion et l'instabilité sociale et attaquer le système judiciaire du pays.
Lyu Hongbing, chef adjoint de l'Association chinoise des avocats, qui était présent lors du procès de cette semaine, a souligné que tous les avocats devaient tirer des leçons de cette affaire.
Il les a appelés à respecter la loi, à s'en tenir aux faits et à protéger les droits légitimes de leurs clients.
LE SOUTIEN ETRANGER
Les activités de ce groupe ont bénéficié d'un soutien étranger au cours des années, selon les enquêtes.
En mars et en avril 2014, Gou Hongguo a été envoyé par Hu Shigen pour participer à des programmes à l'étranger visant à former les participants, par des théories et des techniques, sur les moyens de subvertir un gouvernement.
"Certains séparatistes recherchant 'l'indépendance du Tibet' et 'l'indépendance du Xinjiang' ont également pris part à ce 'camp de leader' afin d'apprendre des théories anti-Chine et des compétences pour confronter le gouvernement et les forces de l'ordre", a confessé Hu Shigen.
"J'ai découvert que ce programme était en effet un rassemblement de membres venant de tous les groupes anti-Chine", a noté Gou Hongguo. "Hu Shigen lui-même ne pouvait pas quitter le pays, c'est pourquoi il a décidé de faire de moi son agent pour les activités de 'mouvements civils' à l'étranger et son bras droit pour les opérations à l'intérieur du pays. Une fois le mouvement commencé dans le pays, je pouvais organiser les gens avec ce que j'avais appris au cours du programme de formation".
Wang Yu, une avocate ayant travaillé pour Zhou Shifeng, a également participé, avec son mari Bao Longjun, à des formations en Grande-Bretagne, en Suisse, en Thaïlande, à Taiwan et à Hong Kong, grâce au financement d'organisations étrangères.
Des organisations étrangères ont également fourni une assistance financière. Selon Li Heping, un autre avocat proche de Zhou Shifeng, il a reçu des fonds venant d'une fondation étrangère depuis 2013 pour un projet de trois ans.
D'après l'assistant de Li Heping, du nom de Gao, le projet a formé un groupe d'avocats sélectionnés et de pétitionnaires payés pour organiser des manifestations et manipuler l'opinion publique.
Gao a cité l'exemple d'une manifestation organisée par Wu devant un tribunal de niveau provincial du Jiangxi l'année dernière, laquelle était sponsorisée par cette fondation.
Zhou Shifeng a reconnu que des organisations étrangères s'étaient montrées intéressées par ses activités.
"Leur but en s'approchant de moi est de nous utiliser pour défier l'ordre des tribunaux et le système judiciaire de la Chine et causer des problèmes au gouvernement chinois. Leur objectif ultime est de mettre fin au règne du Parti communiste chinois", a poursuivi Zhou Shifeng.
Wang Zeqing, un législateur venu de l'Assemblée populaire municipale de Tianjin, a expliqué qu'une "révolution de couleur" était au fond une tentative politique malveillante de certains pays occidentaux ou de groupes d'intérêt de provoquer des conflits intérieurs et de comploter avec les forces insurgées d'un pays pour intervenir dans les affaires intérieures de celui-ci, semer le chaos, subvertir le pouvoir de l'Etat et influencer la situation politique internationale afin d'en tirer profit.
"Cela va à l'encontre de la démocratie et des progrès réels et porte une atteinte grave à la société", a noté Wang Zeqing, ajoutant que de telles tentatives étaient vouées à l'échec.

