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Les drones américains, bourreaux de civils (REPORTAGE)

Publié le 2016-07-22 à 01:20 | french.xinhuanet.com

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BEIJING, 21 juillet (Xinhua) -- Une Kenyane de neuf ans fermait tranquillement son étal, contente d'avoir vendu toutes ses crêpes pour la journée. Elle ne savait pas qu'elle serait brutalement tuée la seconde suivante, ensemble avec plusieurs terroristes somaliens présents dans la maison derrière.

Cette scène cauchemardesque, issue du long métrage de 2015 "Eye in the Sky" (Les yeux dans le ciel), représente un scénario de la vie commune pour de nombreux civils dans des pays comme le Pakistan, le Yémen et la Somalie.

Le Bureau du journalisme d'investigation, une ONG basée à Londres, a récemment rapporté que les Etats-Unis ont lancé 424 attaques de drones au Pakistan seul depuis 2004, tuant 424 à 966 civils, dont environ 200 enfants. Selon son calcul, les drones américains ont tué 492 à 1.100 civils au Pakistan et dans d'autres pays depuis 2002.

Toutefois, les politiciens de la Maison Blanche semblent plus intéressés par les scores politiques que par les "dommages collatéraux", à savoir la perte de vies civiles.

UN BILAN SOUS-ESTIME DE PERTES HUMAINES

Les drones se sont développés à partir d'un projet de l'Agence centrale du renseignement (CIA) en une puissance aérienne de plus en plus forte pour les Etats-Unis. Ils ont été utilisés dans plusieurs centaines d'opérations dans au moins neuf pays, et sont plus efficaces que les forces militaires sur le terrain, grâce à leur capacité de "ciblage d'une précision extraordinaire", selon Washington.

La plus récente frappe de drone, dont le président Barack Obama s'est réjoui, est l'assassinat ciblé du 21 mai du chef des talibans afghans, le mollah Akthar Mansour.

Bien que les Américains valorisent une guerre antiterroriste, les victimes et leurs familles ne ressentent certainement pas la même chose.

Le chauffeur pakistanais Mohammad Azam, tué en même temps que le mollah Mansour en mai, a laissé derrière lui une mère aveugle, un frère handicapé et quatre enfants âgés de moins de dix ans qui doivent être élevés par sa femme seule.

Les chiffres publiés récemment par la Maison Blanche montrent qu'un total de 473 frappes aériennes, dont la plupart lancées par des drones, ont tué de 64 à 116 civils entre 2009 et 2015 au Pakistan, en Libye, au Yémen, en Somalie et en Afrique du Nord où les Etats-Unis ne sont pas en guerre, alors que les pertes civiles en Afghanistan, en Irak et en Syrie ne sont pas comptées dans le rapport.

Ces chiffres ont été remis en question par de nombreuses organisations non-gouvernementales et groupes de réflexion qui ont suivi la stratégie de frappe de drone des Etats-Unis, affirmant que le nombre a été gravement sous-estimé.

Human Rights Watch, organisation non-gouvernementale basée à New York, a indiqué qu'au moins 57 civils ont été tués dans sept frappes de drones américains au Yémen entre 2009 et 2013, un nombre qui équivaut déjà à la moitié du bilan de victimes au maximum annoncé par Washington.

UN BOURREAU REMIS EN QUESTION

Les cibles des frappes de drones américains peuvent être sélectionnées uniquement sur la base de modèles de comportement considérés comme montrant des activités terroristes, alors que leur identité est encore inconnue. Même ce standard a donné lieu à des raisons absurdes pour attaquer.

En février 2002, la CIA a lancé une attaque de drone en Afghanistan, tuant trois ramasseurs d'ordures locaux. La raison de l'attaque était que "l'une des cibles a une taille similaire à celle de Ben Laden".

Il est estimé que les "signature strikes" ont représenté plus de deux tiers des frappes de drones menées au Pakistan pendant le premier mandat de Barack Obama.

"Très souvent, les appareils pilotés à distance sont utilisés comme un outil pour tuer des individus sans raison, plutôt que comme un des nombreux outils pour démanteler les réseaux terroristes", a indiqué en juin le lieutenant-colonel en retraite T. Mark McCurley, un ancien pilote de l'Armée de l'air américaine, lors d'une interview avec Reuters.

Les attaques violent les droits de l'Homme et le droit international car elles ne discriminent pas les civils des terroristes, a déclaré à Xinhua, Reiner Braun, co-président du Bureau international pour la paix, qui est l'une des plus anciennes fédérations internationales pour la paix.

Les frappes de drones servent de juges et de bourreaux en même temps, a ajouté M. Braun.

L'ancien pilote de drone Brandon Bryant a averti qu'en utilisant les drones dans la lutte contre le terrorisme, les Etats-Unis risqueraient de favoriser davantage le terrorisme, car les membres de famille ou des amis des victimes de dommages collatéraux pourraient vouloir se venger et se joindre éventuellement au rang des terroristes.

Lire aussi : Comment les frappes de drones américains tuent des civils innocents (PAPIER D'ANGLE)

BEIJING, 21 juillet (Xinhua) -- Après les attaques terroristes du 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont considérablement augmenté leur utilisation de drones pour frapper les terroristes présumés dans au moins sept pays, à savoir l'Afghanistan, le Pakistan, le Yémen, l'Irak, la Somalie, la Libye et la Syrie.

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