MANILLE, 30 juin (Xinhua) -- Le nouveau président philippin Rodrigo Duterte devrait adopter une approche pragmatique dans la résolution des différends avec la Chine en mer de Chine méridionale, ont déclaré des analystes à Manille, ajoutant que Manille bénéficiera grandement d'une relation amicale avec Beijing.
M. Duterte a prêté serment jeudi pour devenir le 16e président du pays.
Le gouvernement de l'ancien président philippin Benigno Aquino III avait saisi la la Cour permanente d'arbitrage (CPA) en 2013, et ce en dépit de l'accord conclu avec la Chine sur la résolution de leurs différends en mer de Chine méridionale via des négociations bilatérales.
La Chine a refusé de participer à la procédure arbitrale et a déclaré qu'elle n'en reconnaîtrait jamais le verdict, soulignant que le tribunal n'a aucune autorité sur cette affaire car il s'agit essentiellement de souveraineté territoriale et de délimitation maritime.
"Chaque nouveau président, chaque nouveau gouvernement, bénéficie d'un nouveau départ", a déclaré mercredi le diplomate Lauro Baja. "Et au vu des déclarations de M. Duterte, il semble être plus ouvert au dialogue avec la Chine que son prédécesseur (le président Benigno Aquino III)".
Le contentieux en mer de Chine méridionale est la question "la plus sensible" de la politique étrangère de M. Duterte et de son gouvernement, a indiqué M. Baja, ajoutant : "Ce que je crois est qu'il doit y avoir des canaux de communication entre la Chine et les Philippines qui n'existent pas pour l'instant".
Le professeur de sciences politiques Benito Lim a affirmé que M. Duterte est en train de "tenter de régler les affaires" en ce qui concerne les différends maritimes.
"Il existe deux possibilités : soit nous parlons avec la Chine, soit nous continuons ce conflit. Mais nous devons nous demander : Qu'est-ce que ce conflit nous a apporté? Qu'y a-t-il de mal à leur parler?", a-t-il poursuivi.
M. Lim a noté que le nouveau gouvernement doit faire preuve de souplesse et avoir un esprit clair et ouvert s'il veut faire face à la Chine.
"Il est temps que nous pensions sérieusement ce que nous voulons exactement dans cette région au lieu de continuer une dispute qui mène vers quelque chose qui n'est pas constructif", a-t-il ajouté.
Interrogé pour savoir s'il y aurait un changement dans la relation entre Manille et Beijing, M. Lim a déclaré que cela dépendra de ce que le gouvernement Duterte fera.
"Le ministère des Affaires étrangères et les gens là-bas devraient se poser les questions suivantes : Que voulons-nous exactement avec la question de la mer de Chine méridionale? Qu'allons nous demander? Nous ne pouvons pas dire qu'elle nous appartient (...) Nous serions donc de nouveau dans une impasse. Il n'y a rien que nous puissions tirer de cette position. Il n'y aura rien de progressif", a indiqué M. Lim.
"Notre gouvernement devra donc évaluer et réfléchir très attentivement ce dont nous avons besoin et ce qui est le plus bénéfique pour le pays si nous arrivions à nous asseoir et à parler", a-t-il poursuivi.
M. Duterte a déclaré le mois dernier qu'il voulait que la Chine puisse aider le pays à améliorer ses infrastructures en construisant un système de chemin de fer qui relierait l'ensemble du pays.
Clarita Carlos, professeure à l'Université des Philippines et présidente du Centre pour les études d'Asie- Pacifique, a déclaré que M. Duterte est en train de mettre en oeuvre une stratégie "brillante" face à la Chine.
"Ce qui est important est que nous poursuivions le dialogue et travaillons de manière constructive avec la Chine", a ajouté Mme Carlos, prédisant que les relations entre les deux pays vont s'améliorer.