Le Tchad face à l'insécurité routière : 15% de personnes meurent dans les accidents de la route (PAPIER GENERAL)
Publié le 2016-06-25 à 22:40 | french.xinhuanet.com
N'DJAMENA, 25 juin (Xinhua) -- Au Tchad, les accidents de la route deviennent de plus en plus récurrents, principalement dans la capitale. Environ 15% de personnes meurent, chaque année, de suites d'accidents de la circulation, selon le gouvernement qui, avec l'appui des partenaires, multiplie les actions de riposte, misant principalement sur la sensibilisation.
Avec en moyenne 29,7 décès sur la route pour 100.000 usagers en 2012 (contre une moyenne africaine de 24 et une moyenne européenne en deçà de 10), le Tchad détient le triste record mondial des routes les plus dangereuses du monde, ainsi que le risque le plus élevé de décès à un accident de la circulation.
Les pertes économiques subies par le Tchad du fait de l'insécurité routière estimées avec des bases minimalistes s'élèvent à plus de 72 milliards pour l'année 2010, soit l'équivalent de 1,12% du PIB pour l'année 2012, selon l'étude d'actualisation de la Stratégie nationale de la sécurité routière.
En lançant mardi la première édition de la semaine de la sécurité routière, le ministre tchadien des Infrastructures, du Désenclavement et du Transport, Adoum Younousmi, a indiqué que le Tchad doit mettre un accent particulier sur les accidents dus aux facteurs humains qui représente près de 2.698 tués en moyenne par an, soit plus du double du nombre de tués au Cameroun alors que le parc automobile camerounais est environ deux fois celui du Tchad, et que le réseau de routes bitumées au Cameroun est presque 4 fois celui du Tchad. D'après le responsable gouvernemental, ce nombre de tués représente 13 fois et demie celui du Danemark qui a un parc de véhicule égal 20 fois celui du Tchad.
"La majorité des victimes soit 78,90% ont au plus 30 ans. Ce qui explique que la jeunesse et particulièrement les travailleurs potentiels d'aujourd'hui et de demain qui sont les plus affectés", précise M. Adoum Younousmi, qui rassure que la sécurité routière reste un des volets les plus importants du programme de travail de son département en 2016.
Sur les causes des accidents de la route, le ministre des Transports évoque une urbanisation croissante et mal contrôlée de la ville de N'Djaména (qui compte près de 2 millions d'habitants), l'introduction massive de motocyclettes, automobiles et autres moyens de transport, l'occupation anarchique des voies urbaines, ainsi que l'incivisme des concitoyens.
La capitale tchadienne est devenue, ces dernières années, un marché florissant de véhicules d'occasion importés du Cameroun voisin ou de l'Afrique de l'ouest. Des milliers de motocyclettes y circulent sans aucune immatriculation ou avec une fausse immatriculation. Sur les rues de N'Djaména, trois catégories de conducteurs sont particulièrement redoutées: les conducteurs de moto-taxis, de minibus et de bennes.
Les plus dangereux sont les "clandomen", nom donné aux conducteurs de moto-taxis qui sont arrivés ces dernières années sur le marché des transports intra-urbains de la capitale jusque-là essentiellement exploité par de petits propriétaires privés de taxis et minibus souvent déglingués. Jeunes garçons, parfois mineurs, les "clandomen" ignorent tout du Code de la route, roulent vite, sans casque, sans assurance et leurs motos manquent parfois de plaque d'immatriculation.
Il y a ensuite les minibus qui desservent les différentes lignes de la ville. Leurs conducteurs, pour la plupart illettrés, s'arrêtent souvent brutalement en pleine chaussée ou aux carrefours dès qu'un client se signale, sans tenir compte des autres usagers de la route, et régulièrement c'est le choc qui se produit avec des motocyclistes ou des véhicules.
Enfin, il y a les bennes qui transportent les matériaux de construction, et qui sont réputés d'occasion et dans un état technique lamentable. Si elles rendent des services non négligeables pour la transformation du visage de la capitale tchadienne, les bennes perturbent la circulation et causent quelques accidents parmi les plus horribles que N'Djaména connaît.
"Environ 15% de personnes meurent, chaque année, au Tchad, de suites d'accidents de la circulation. Malgré la prise de conscience collective dans le pays, il manque une vision globale de la problématique, d'objectifs, d'actions et mesures à court, moyen et long termes d'amélioration", déclare Edmond Bagdé Dingamhoudou, responsable de la communication à la représentation nationale de la Banque mondiale.
Le financement global des interventions de la Banque mondiale pour la sécurité routière, au plan national et régional, dépasse cinq millions de dollars, ajoute-t-il.
En dépit des dispositions prises à divers niveaux, pour atténuer ces accidents, les résultats ne semblent guère satisfaisants. L'insécurité routière est en passe de devenir un problème de santé publique.
Pour Adoum Younousmi, il faut agir pleinement sur le comportement de l'homme par l'information, la formation et la sensibilisation, le contrôle et la sanction.
"Il nous faudra un citoyen nouveau qui roule à allure modérée, n'effectue pas de dépassement dangereux, ne téléphone pas au volant, ne boit pas de l'alcool avant de prendre le volant, signale convenablement son véhicule avec un triangle de présignalisation en cas de panne sur la chaussée et roule dans un véhicule en bon état. En somme un citoyen qui respecte scrupuleusement le code de la route", conclut le ministre des Infrastructures, du Désenclavement et du Transport.
Des ONG, appuyant le gouvernement, sillonnent, depuis quelques jours, les gares routières, agences de voyage terrestre, parcs de camions et stations de taxis et minibus, pour expliquer aux conducteurs, collaborateurs et autres usagers, "les comportements des conducteurs et excès de vitesse", leurs conséquences et l'importance de la sécurité routière. D'autres vont au contact des jeunes dans les grandes écoles, universités, stations de mototaxis et autres, pour les sensibiliser et les éduquer sur "les comportements des usagers de la route". Fin

