
Un concours de chiens s'est tenu le 29 mai 2016 à Yantai, ville de l'est de la Chine. (Xinhua/Shen Jizhong)
Les scientifiques débattent depuis très longtemps de l'origine du chien domestique.
Certains estiment que les humains avaient domestiqué les loups pour la première fois en Europe, tandis que d'autres attribuaient cette domestication à l'Asie centrale ou à la Chine.
Selon cette nouvelle étude publiée dans le journal américain Science, il est possible que les chiens aient été domestiqués non pas une fois, comme on le pense généralement, mais deux fois, une fois en Europe et une fois en Asie centrale ou en Chine, a révélé jeudi une étude majeure.
Pour les auteurs de cette étude, financée par le Conseil européen de la Recherche et le Natural Environment Research Council britannique, le meilleur ami de l'homme pourrait être apparu de manière indépendante à partir de deux populations de loup distinctes, et aujourd'hui éteintes, vivant à deux points opposés du continent eurasiatique.

Un concours de chiens s'est tenu le 29 mai 2016 à Yantai, ville de l'est de la Chine. (Xinhua/Shen Jizhong)
Cette équipe, dirigée par l'université d'Oxford et comprenant des chercheurs français basés à Lyon et au Musée d'histoire naturelle à Paris, sont parvenus à cette conclusion à l'issue d'une reconstruction de l'histoire de l'évolution des chiens.
Les chercheurs ont tout d'abord séquencé le génome d'un chien de taille moyenne âgé de 4.800 ans, d'après un os retrouvé dans le tombeau néolithique de Newgrange en Irlande.
Ils ont ensuite obtenu l'ADN mitochondrial d'une soixantaine de chiens antiques vivant il y a 3.000 à 14.000 ans, et l'ont comparé avec la signature génétique de plus de 2.500 chiens modernes étudiés au préalable.
Leur analyse a révélé une séparation génétique entre les populations de chien modernes vivant actuellement en Asie de l'Est en en Europe, une séparation qui serait selon eux apparue plusieurs milliers d'année après la première apparition connue des chiens en Europe.

Arthur Ward et son chien de montagne des Pyrénées lors du premier jour de l'exposition canine de Crufts à Birmingham, en Angleterre le 5 mars 2015. (Photo: Reuters/Darren Staples)
Cette nouvelle preuve génétique montre également un déclin de la population en Europe lié en grande partie à un remplacement de la première population de chiens dans cette région, ce qui étaye l'hypothèse d'une arrivée ultérieure de chiens importés d'ailleurs.
Enfin, un examen des traces archéologiques montrent que les premiers chiens sont apparus aussi bien dans l'Orient que dans l'Occident il y a plus de 12.000 ans, mais seulement il y a 8.000 ans en Asie Centrale.
Mises bout à bout, ces nouvelles conclusions poussent les chercheurs à penser que les chiens ont été domestiqués pour la première fois à partir de deux populations de loup distinctes, en des points opposés du continent eurasiatique.
A un moment donné après leur domestication, les chiens orientaux ont été disséminés avec les migrations humaines jusqu'en Europe où ils se seraient mélangés avec les chiens européens et les auraient en grande partie remplacé.
La plupart des chiens actuels sont un mélange de chiens orientaux et occidentaux, ce qui explique la difficulté d'interpréter les études génétiques, estiment les chercheurs.