Nuit debout: une manifestation de plus en plus critiquée (PAPIER GENERAL)
Publié le 2016-04-29 à 18:55 | french.xinhuanet.com
Des gens participent au mouvement citoyen "Nuit Debout" à la place de la République, à Paris, capitale française, le 22 avril 2016. (Xinhua/Zheng Bin)
Dossier: "Nuit debout" en France
Par WANG Songyu
BEIJING, 29 avril (Xinhua) -- Une manifestation émaillée de violences a relancé le débat sur le mouvement Nuit debout contre la loi travail en France après qu'une voiture a été incendiée et que des lycées ont été bloqués au regret des riverains. Les médias français ont été nombreux à porter un jugement critique sur ces incidents.
"Une mobilisation moindre et débordée par les violences", titre Le Figaro sur son site Internet, estimant que "le mouvement contre le projet de loi El Khomri s'essouffle et se radicalise".
A l'appel de sept syndicats (CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL et FIDL), une nouvelle manifestation s'est déroulée le 28 avril sur la place de la République à Paris. Le rassemblement avait été autorisé jusqu'à minuit, mais plusieurs centaines de personnes refusaient de quitter le lieu et ont été dispersées par la police avec de grenades lacrymogènes et assourdissantes vers 1h30 du matin.
Selon la police, entre 170.000 et 500.000 manifestants étaient présents. Les policiers ont été visés par des jets de pierre et de projectiles enflammés.
"Cent vingt-quatre personnes ont été interpellées sur le territoire national, ce qui porte à 382 le nombre d'interpellations depuis le début des manifestations. Aujourd'hui, 24 policiers et gendarmes ont été blessés à l'occasion de ces manifestations, dont trois très grièvement à Paris. Il y a un policier qui est actuellement en urgence absolue", a indiqué sur BFMTV le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.
Les médias ont parlé de "violences inqualifiables" et de "casseurs organisés et méthodiques", et le Premier ministre français Manuel Valls a condamné sur son compte Twitter "les violences d'une 'minorité' d'irresponsables" qui "devront rendre des comptes devant la justice".
"L'objet de notre manifestation n'est pas les violences. Les casseurs sont une minorité, qui ont d'autres objectifs et profitent de nos manifestations", s'est défendue sur BFMTV Marthe Corpet de l'Union nationale des étudiants de France (UNEF).
Avec les multiples incidents rapportés par les médias, le mouvement Nuit debout est de plus en plus critiqué.
A Paris, la plupart des commerçants ont constaté une baisse d'activité ces dernières semaines, car les riverains ont peur de sortir de chez eux. "C'est impossible de s'en sortir dans ces conditions. (...) Certains individus ont des comportements inacceptables. Ils s'invectivent, boivent et s'arrogent le droit de passer de la musique toute la nuit", ont expliqué aux médias certains habitants du quartier.
Selon les médias français, "des blocages d'établissement étaient prévus à la mi-journée pour 'inciter' les jeunes à se joindre à la manifestation".
Les partisans de Nuit debout estiment qu'ils doivent se démarquer de la démagogie politique et que l'activité politique n'est pas le monopole des partis et de leurs dirigeants. Mais le quotidien Le Monde s'interroge si Nuit debout sera capable de trouver un débouché politique.
Alexandre Devecchio, journaliste au Figaro, considère que Nuit debout est un "mouvement tombé amoureux de lui-même". Selon lui, Nuit debout est tombé dans le piège d'une contestation sans revendication. "La kermesse héroïque est devenue le dernier bastion du gauchisme culturel, l'université populaire une caricature de fac de socio, l'agora athénienne un agrégat de tribus sectaires (...)", a-t-il estimé.