Sécurité nucléaire : un élan durable est nécessaire dans l'ère post-SSN
Publié le 2016-04-05 à 11:28 | french.xinhuanet.com
Par Huang Han et Huangyin Jiazi
BEIJING, 5 avril (Xinhua) -- Sept ans après que le président américain Barack Obama a proposé la vision d'un monde sans armes nucléaires dans un discours prononcé à Prague, le mécanisme de Sommet sur la sécurité nucléaire (SSN) qu'il a initié prend fin avec un quatrième rendez-vous qui s'est tenu les 31 mars et 1er avril à Washington.
Ces dernières années, la sensibilisation et la coopération internationales sur la sécurité nucléaire se sont renforcées, en partie grâce à ce mécanisme qu'est le SSN, qui a aidé à élargir le consensus international et a joué un rôle constructif en venant compléter les efforts internationaux menés par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Cependant, ce processus prend fin au moment où la situation de la sécurité nucléaire internationale est devenue plus compliquée, en raison de l'accumulation des ressources nucléaires et de la recrudescence du terrorisme.
En cette ère post-SSN qui s'annonce, des analystes estiment que la communauté internationale doit donner un nouvel élan aux échanges et à la coopération dans le cadre du système de sécurité international piloté par l'AIEA afin de protéger le monde du terrorisme nucléaire.
BEAUCOUP RESTE A FAIRE
Depuis le premier SSN en 2010 à Washington, les pays ont fait d'importants progrès en verrouillant leurs matières nucléaires et en actualisant leurs législations. Selon une étude de l'Université de Harvard, plus de 1.500 kilos d'uranium hautement enrichi et de plutonium ont été renvoyés dans leurs pays d'origine ou ont été éliminés, tandis que 15 nouveaux pays se sont débarrassés de leur uranium hautement enrichi.
"Ces six dernières années, de nombreux pays ont adopté des mesures répondant directement aux sommets afin de renforcer la sécurité de leurs matières" nucléaires, note Page Stoutland, vice-président en charge des affaires scientifiques et techniques à l'Initiative contre la menace nucléaire (NTI), une ONG basée à Washington.
Le SSN a renforcé la sensibilisation et le consensus internationaux sur le dossier de la sécurité nucléaire, indique Ruan Zongze, vice-président de l'Institut chinois des études internationales.
Néanmoins, beaucoup reste à faire. Tout d'abord, les problèmes structurels actuels du système international de sécurité nucléaire n'ont pas été résolus. Les experts ont fait état de sérieux manques au sein de la gouvernance internationale en matière de partage d'informations, de supervision par des pairs et de définition de normes applicables.
De plus, la méfiance entre pays porte atteinte à cette coopération internationale. Enfin, les Etats-Unis, initiateurs du SSN et plus grands détenteurs d'armes nucléaires au monde, traînent des pieds devant la promesse de réduire leur arsenal nucléaire.
UN SYSTEME SAIN EST NECESSAIRE
Alors que le monde est devenu davantage multilatéral, des analystes pensent qu'un système dominé par quelques pays ne suffit pas à résoudre les problèmes internationaux et que cette logique s'applique également à la sécurité nucléaire.
Dans le cas du SSN, un problème évident est l'absence de l'autre poids lourd du nucléaire, à savoir la Russie. Contestant le bien-fondé du sommet, Moscou a souligné que de tels rassemblements doivent être convoqués dans le cadre de l'AIEA. Bien que les déclarations finales des derniers sommets aient réaffirmé à maintes reprises le rôle directeur de l'AIEA, les divergences entre Washington et Moscou démontrent la nécessité d'un régime international fiable.
"Chaque pays doit jouer son rôle. Les principaux pays en matière de programmes nucléaires, tels que la Chine, la Russie et les Etats-Unis, doivent en particulier jouer un rôle important, tandis que les pays sans sites ou matières nucléaires doivent s'assurer que leur territoire ne servira pas de théâtre d'opération pour terroristes", avertit M. Stoutland.
Les experts ont également appelé les pays à faire davantage d'efforts pour montrer que leurs programmes et procédures de sécurité sont adéquats. "L'un des moyens est d'ouvrir leurs programmes et installations nucléaires à d'autres pays et organisations internationales", ajoute-t-il.
LE ROLE DE LA CHINE
La Chine, qui développe un programme nucléaire de longue date et dont le palmarès en matière de sécurisation de ses matières nucléaires ces 50 dernières années est bon, sert d'exemple à d'autres pays, relève M. Stoutland.
La Chine a fait beaucoup d'efforts pour améliorer la technologie et la réponse aux situations d'urgence. Elle mène des vérifications complètes de la sécurité des installations nucléaires à travers le pays. Elle rédige également des règles nationales afin d'intégrer la sécurité nucléaire dans le cadre institutionnel et juridique.
La Chine a également contribué à localiser les risques en matière de sécurité nucléaire et à coordonner les efforts internationaux pour les résoudre. Par exemple, elle a dirigé une initiative internationale visant à pousser le Japon à céder une très grande et inquiétante quantité de matières nucléaires, rappelle M. Ruan.