Crise migratoire: "L'Europe à l'heure de vérité", estime le Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés

Publié le 2016-03-08 à 22:29 | french.xinhuanet.com

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STRASBOURG, 8 mars (Xinhua) -- Le Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés Filippo Grandi a interpellé avec force, mardi, le Parlement européen réuni en session plénière à Strasbourg et jugé que l'Europe se trouve "à l'heure de vérité" quant à ses responsabilités face à la crise migratoire, et plus particulièrement face aux femmes réfugiées.

A l'occasion de la Journée internationale des droits de la femme, le Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés a rappelé aux eurodéputés que "contrairement à ce que pense encore une bonne partie de l'opinion publique, deux tiers des personnes qui arrivent en Europe dans l'espoir de trouver un sanctuaire en Europe sont des femmes et des enfants".

"Nous avons besoin d'une réponse qui va au-delà de l'humanitaire. Nous pouvons gérer cette crise. Il nous faut une action politique courageuse tournée vers l'avenir", a plaidé Filippo Grandi. "88% des personnes qui arrivent en Europe viennent de 10 pays où il y a des conflits. Nombre d'entre eux sont bloquées à la frontière sans aucune sécurité et sont en proie à des risques d'exploitation sexuelle et de traite des êtres humains. A commencer par les femmes", a-t-il ajouté.

L'incapacité de l'Union européenne (UE) à organiser l'accueil sur son sol du million de personnes arrivés en 2015 est "le témoignage tragique de notre échec collectif", a encore déclaré le Haut-Commissaire de l'ONU. "Bâtir des murs n'est pas une solution. Il est inacceptable d'agiter des peurs", a-t-il affirmé.

Au lendemain de la réunion extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE et du Premier ministre turc qui s'est tenue lundi à Bruxelles, Filippo Grandi a exprimé ses inquiétudes face à" toute mesure qui impliquerait le retour d'un pays vers un autre sans aucune mesure d'accompagnement et de sauvegarde".

Avant même l'ouverture du sommet de Bruxelles, lundi, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a martelé que l'UE attendait de la Turquie qu'elle reprenne "tous les réfugiés non syriens" et fasse tout pour stopper le départ de migrants syriens depuis ses côtes.

Les Européens espèrent qu'Ankara mettra en oeuvre dès juin, comme promis, un accord de réadmission pour tous les migrants économiques et tous les demandeurs d'asile déboutés en Europe arrivés depuis la Turquie, qui devra à son tour les renvoyer dans leurs pays d'origine.

"De telles mesures doivent être définies et inscrites juridiquement afin de protéger le demandeur d'asile contre le refoulement", a insisté le Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés. "La réaction européenne doit être coordonnée. Le partage des responsabilités est nécessaire. Nous avons avancé vendredi dernier un ensemble de propositions à la Commission européenne", a-t-il précisé.

"La solidarité essentielle vis à vis de la Grèce et de l'Italie sera peut être nécessaire avec d'autres pays", a par ailleurs prévenu Filippo Grandi. "En Syrie, 13,5 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire. On dénombre 6 millions de déplacés à l'intérieur du pays. Les pays voisins ont recueilli des millions de réfugiés dans des conditions très difficiles. 90% des réfugiés syriens au Liban vivent au dessous du seuil de pauvreté", a-t-il dit.

Dans son discours, largement applaudi, le Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés a également insisté sur la dimension mondiale de la crise migratoire qui concerne "60 millions de personnes déplacées - dont la moité sont des femmes - et dont 86% vivent sur d'autres continents que l'Europe".

Malgré l'écho de ses propos au sein du PE, le départ de l'hémicycle de Filippo Grandi a été perturbé par des parlementaires d' extrême droite qui l'ont vivement pris à partie.

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Crise migratoire: "L'Europe à l'heure de vérité", estime le Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés

Publié le 2016-03-08 à 22:29 | french.xinhuanet.com

STRASBOURG, 8 mars (Xinhua) -- Le Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés Filippo Grandi a interpellé avec force, mardi, le Parlement européen réuni en session plénière à Strasbourg et jugé que l'Europe se trouve "à l'heure de vérité" quant à ses responsabilités face à la crise migratoire, et plus particulièrement face aux femmes réfugiées.

A l'occasion de la Journée internationale des droits de la femme, le Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés a rappelé aux eurodéputés que "contrairement à ce que pense encore une bonne partie de l'opinion publique, deux tiers des personnes qui arrivent en Europe dans l'espoir de trouver un sanctuaire en Europe sont des femmes et des enfants".

"Nous avons besoin d'une réponse qui va au-delà de l'humanitaire. Nous pouvons gérer cette crise. Il nous faut une action politique courageuse tournée vers l'avenir", a plaidé Filippo Grandi. "88% des personnes qui arrivent en Europe viennent de 10 pays où il y a des conflits. Nombre d'entre eux sont bloquées à la frontière sans aucune sécurité et sont en proie à des risques d'exploitation sexuelle et de traite des êtres humains. A commencer par les femmes", a-t-il ajouté.

L'incapacité de l'Union européenne (UE) à organiser l'accueil sur son sol du million de personnes arrivés en 2015 est "le témoignage tragique de notre échec collectif", a encore déclaré le Haut-Commissaire de l'ONU. "Bâtir des murs n'est pas une solution. Il est inacceptable d'agiter des peurs", a-t-il affirmé.

Au lendemain de la réunion extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE et du Premier ministre turc qui s'est tenue lundi à Bruxelles, Filippo Grandi a exprimé ses inquiétudes face à" toute mesure qui impliquerait le retour d'un pays vers un autre sans aucune mesure d'accompagnement et de sauvegarde".

Avant même l'ouverture du sommet de Bruxelles, lundi, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a martelé que l'UE attendait de la Turquie qu'elle reprenne "tous les réfugiés non syriens" et fasse tout pour stopper le départ de migrants syriens depuis ses côtes.

Les Européens espèrent qu'Ankara mettra en oeuvre dès juin, comme promis, un accord de réadmission pour tous les migrants économiques et tous les demandeurs d'asile déboutés en Europe arrivés depuis la Turquie, qui devra à son tour les renvoyer dans leurs pays d'origine.

"De telles mesures doivent être définies et inscrites juridiquement afin de protéger le demandeur d'asile contre le refoulement", a insisté le Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés. "La réaction européenne doit être coordonnée. Le partage des responsabilités est nécessaire. Nous avons avancé vendredi dernier un ensemble de propositions à la Commission européenne", a-t-il précisé.

"La solidarité essentielle vis à vis de la Grèce et de l'Italie sera peut être nécessaire avec d'autres pays", a par ailleurs prévenu Filippo Grandi. "En Syrie, 13,5 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire. On dénombre 6 millions de déplacés à l'intérieur du pays. Les pays voisins ont recueilli des millions de réfugiés dans des conditions très difficiles. 90% des réfugiés syriens au Liban vivent au dessous du seuil de pauvreté", a-t-il dit.

Dans son discours, largement applaudi, le Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés a également insisté sur la dimension mondiale de la crise migratoire qui concerne "60 millions de personnes déplacées - dont la moité sont des femmes - et dont 86% vivent sur d'autres continents que l'Europe".

Malgré l'écho de ses propos au sein du PE, le départ de l'hémicycle de Filippo Grandi a été perturbé par des parlementaires d' extrême droite qui l'ont vivement pris à partie.

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