La Grèce et l'Autriche s'opposent sur la question des réfugiés
Publié le 2016-02-16 à 05:03 | french.xinhuanet.com
ATHENES, 15 février (Xinhua) -- La proposition du ministre autrichien des Affaires étrangères Sebastian Kurz de fermer la frontière grecque avec la Macédoine afin d'ajouter de la pression sur la Grèce pour qu'elle prenne plus de mesures afin d'endiguer l'afflux des réfugiés, a déclenché l'ire des officiels grecs lundi.
"Si la frontière au nord est fermée, laissant la Grèce pendant plus de 24 heures avec les réfugiés sur son territoire, alors son intérêt à accepter l'aide européenne changera rapidement', a déclaré M. Kurz dans une interview accordée au journal local Nea (News).
"Nous devons ralentir l'afflux des réfugiés en les arrêtant à une frontière. Si ce n'est pas à la frontière entre la Grèce et la Turquie, alors cela peut être la frontière entre la Macédoine et la Grèce", a expliqué le chef de la diplomatie autrichienne.
Ses commentaires ont fait l'effet d'une bombe à Athènes, ont noté d'autres médias grecs, reproduisant ses propos.
"De telles déclarations sont des provocations, et elle sont inacceptables car elles sont perçues comme une menace directe contre la Grèce", a déclaré dans un communiqué de presse Marina Chryssoveloni, porte-parole du groupe parlementaire des Grecs Indépendants, le parti allié à la coalition gouvernementale de deux partis formée par le Premier ministre Alexis Tsipras.
"Evidemment ces déclarations reflètent le projet de certains pays ou cercles au sein de l'UE. Mais ils ne reconnaissent pas le fait que la Grèce remplit ses engagements concernant la gestion de l'afflux des réfugiés", a-t-elle insisté.
Par ailleurs, à Prague, le sommet du groupe de Visegrad réunissant la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie et la République tchèque discute d'un système de contrôle des frontières avec les dirigeants de la Macédoine et de la Bulgarie qui prévoit la fermeture des frontières avec la Grèce.
La gestion de la crise des réfugiés a progressivement divisé les pays européens. Certains accusent la Grèce d'échouer à protéger efficacement ses frontières, ayant permis à près d'un million de réfugiés et de migrants d'entrer en Europe en un an. Ils poussent à l'exclusion de la Grèce de la zone Schengen, qui permet de voyager sans passeport.
D'autres insistent sur la nécessité de trouver une solution européenne au défi commun.
"La réponse de l'UE à la crise des réfugiés sera trouvée en coopération avec la Grèce et non pas contre elle", a déclaré lundi la porte-parole de la Commission européenne Margaritis Schinas à Bruxelles.
Un peu avant, la Commission avait approuvé le déblocage de 12,7 millions d'euros (14,2 millions de dollars) de fonds d'urgence pour la Grèce afin de créer des centres de réception pour les réfugiés.
Les officiels grecs n'ont cessé de critiquer leurs partenaires européens face à leur échec à respecter leurs engagements et à donner à la Grèce une aide financière et technique supplémentaire pour faire face à l'afflux de réfugiés.