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Les "petits empereurs" chinois réticents à l'idée d'avoir des frères et soeurs

                 French.xinhuanet.com | Publié le 2016-01-21 à 02:16

Une aînée (G) regarde son petit frère dormir. (photo: Xinhua/Chu Yang)

BEIJING, 20 janvier (Xinhua) -- Quand sa mère a eu un autre enfant il y a deux mois, Kaikai, 4 ans, a insisté pour que son petit frère soit prénommé "Duoduo", ce qui signifie "extra".

N'étant plus le seul "petit empereur" de sa famille, Kaikai doit désormais partager ses jeux préférés et est souvent réveillé par les pleurs de son petit frère la nuit. Le petit garçon n'arrive pas à cacher son mécontentement.

"Je ne l'aime pas, mais je ne peux pas lui faire du mal parce qu'il est mon frère", a déclaré Kaikai à ses parents.

La peine de Kaikai a surpris sa mère, Zhang Weihua, qui ne s'attendait pas à des rivalités entre frères.

La plupart des parents s'inquiètent pour le logement et le coût de l'éducation quand ils envisagent de faire un autre enfant, mais pour une génération de parents élevés comme enfant unique, élever des frères ou soeurs dans l'harmonie est devenu un problème inattendu.

NE PLUS ETRE LE CENTRE D'INTERET

"Je suis l'empereur de ma famille. Comment puis-je permettre à un autre enfant de me détrôner!", a déclaré Xiaoxiao, 11 ans, élève de secondaire à Beijing, quand elle a appris que les familles pouvaient désormais avoir un deuxième enfant sans autorisation du planning familial.

La peur de perdre l'amour de leurs parents est répandue chez les enfants qui ont toujours été les seuls à recevoir l'attention de leurs parents.

Une école primaire de la province de Guangdong, dans le sud de la Chine, a demandé à ses élèves de CE2 de répondre à une question lors d'un récent examen: "Que diriez-vous si vos parents vous disaient qu'ils souhaitaient avoir un autre enfant?"

Les réponses, bien que différentes par la forme, portaient le même sentiment général: "S'il-vous-plaît, non!".

"Maman, je ne veux pas que tu aies une césarienne, ça fait trop mal", a écrit un élève.

"Elever un autre enfant coûtera trop d'argent. Vous aurez trop de pression", a écrit un autre.

Certains craignaient même que leurs parents ne les protègent plus du danger. "Parce que même si je meurs, ils auront toujours quelqu'un d'autre".

Les Chinois plus âgés, nés avant l'application de la politique de l'enfant unique, sont choqués par ces réponses.

"Les frères et soeurs doivent veiller les uns sur les autres", a déclaré Pan Guanghe, né dans la province du Sichuan, dans le sud-ouest de la Chine, à la fin des années 1950, au moment de la rareté matérielle et du boom de la population.

M. Pan, qui a quatre frères et soeurs, se souvient d'aider sa soeur à cuisiner pour la famille à l'âge de trois ans. Grandissant, il a tout naturellement pris soin de s'occuper de ses jeunes frère et soeur.

La grande famille a connu des difficultés et la plus jeune soeur de M. Pan est morte de faim pendant les années de grande famine au début des années 1960. M. Pan a été envoyé dans la campagne parce que ses parents ne pouvaient plus subvenir à ses besoins.

Les grandes familles se sont faites rares à la fin des années 1970, quand la Chine a commencé à appliquer strictement la politique de l'enfant unique afin d'enrayer la pression démographique croissante.

LA RENAISSANCE DE "L'EDUCATION DES FRERES ET SOEURS"

Pour apaiser les craintes de Kaikai, sa mère, Zhang Weihua, a fait de son mieux pour convaincre l'enfant que son amour pour lui ne changerait jamais.

En même temps, Mme Zhang a également encouragé Kaikai à l'aider à changer les couches et à jouer avec Duoduo.

Progressivement, elle a remarqué des changements plaisants. Au lieu d'ignorer Duoduo, la première chose que Kaikai fait quand il rentre à la maison c'est d'embrasser son jeune frère.

Pour Cong Zhongxiao du Centre national chinois pour l'enfance, l'essence de l'éducation des frères et soeurs est d'encourager le partage et l'amour.

"Le ressentiment et le conflit ne sont pas congénitaux. Comment le premier enfant répond au nouveau bébé dépend de la façon dont les parents répondent et enseignent. Le seul moyen d'effacer leurs peurs est qu'il se sente aimé et capable d'aimer", a expliqué M. Cong.

Beijing TV vient de lancer le programme de télé-réalité "Le temps d'un deuxième enfant" qui dresse le portrait des interactions parents-enfant à l'arrivée d'un deuxième enfant dans la famille d'une célébrité.

"Le programme est très intéressant. Les enfants uniques étaient gâtés par les familles", peut-on lire dans un commentaire laissé par un téléspectateur.

"Nous, les enfants uniques, n'estimons pas tellement le partage. Mais depuis ce programme, nous estimons que grandir ne se fait plus seul. Les frères et soeurs sont des gens avec qui on peut partager nos tristesses et nos joies", a poursuivi ce téléspectateur.

D'après un vieil adage chinois, un aîné doit devenir ami avec un cadet, alors que le cadet doit respecter l'aîné.

Xia Xuelan, professeur de sociologie à l'université de Pékin, a déclaré que la politique des deux enfants aidera les générations futures à raviver l'amour fraternel et à revenir à la culture traditionnelle.

 
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Les "petits empereurs" chinois réticents à l'idée d'avoir des frères et soeurs

French.xinhuanet.com | Publié le 2016-01-21 à 02:16

Une aînée (G) regarde son petit frère dormir. (photo: Xinhua/Chu Yang)

BEIJING, 20 janvier (Xinhua) -- Quand sa mère a eu un autre enfant il y a deux mois, Kaikai, 4 ans, a insisté pour que son petit frère soit prénommé "Duoduo", ce qui signifie "extra".

N'étant plus le seul "petit empereur" de sa famille, Kaikai doit désormais partager ses jeux préférés et est souvent réveillé par les pleurs de son petit frère la nuit. Le petit garçon n'arrive pas à cacher son mécontentement.

"Je ne l'aime pas, mais je ne peux pas lui faire du mal parce qu'il est mon frère", a déclaré Kaikai à ses parents.

La peine de Kaikai a surpris sa mère, Zhang Weihua, qui ne s'attendait pas à des rivalités entre frères.

La plupart des parents s'inquiètent pour le logement et le coût de l'éducation quand ils envisagent de faire un autre enfant, mais pour une génération de parents élevés comme enfant unique, élever des frères ou soeurs dans l'harmonie est devenu un problème inattendu.

NE PLUS ETRE LE CENTRE D'INTERET

"Je suis l'empereur de ma famille. Comment puis-je permettre à un autre enfant de me détrôner!", a déclaré Xiaoxiao, 11 ans, élève de secondaire à Beijing, quand elle a appris que les familles pouvaient désormais avoir un deuxième enfant sans autorisation du planning familial.

La peur de perdre l'amour de leurs parents est répandue chez les enfants qui ont toujours été les seuls à recevoir l'attention de leurs parents.

Une école primaire de la province de Guangdong, dans le sud de la Chine, a demandé à ses élèves de CE2 de répondre à une question lors d'un récent examen: "Que diriez-vous si vos parents vous disaient qu'ils souhaitaient avoir un autre enfant?"

Les réponses, bien que différentes par la forme, portaient le même sentiment général: "S'il-vous-plaît, non!".

"Maman, je ne veux pas que tu aies une césarienne, ça fait trop mal", a écrit un élève.

"Elever un autre enfant coûtera trop d'argent. Vous aurez trop de pression", a écrit un autre.

Certains craignaient même que leurs parents ne les protègent plus du danger. "Parce que même si je meurs, ils auront toujours quelqu'un d'autre".

Les Chinois plus âgés, nés avant l'application de la politique de l'enfant unique, sont choqués par ces réponses.

"Les frères et soeurs doivent veiller les uns sur les autres", a déclaré Pan Guanghe, né dans la province du Sichuan, dans le sud-ouest de la Chine, à la fin des années 1950, au moment de la rareté matérielle et du boom de la population.

M. Pan, qui a quatre frères et soeurs, se souvient d'aider sa soeur à cuisiner pour la famille à l'âge de trois ans. Grandissant, il a tout naturellement pris soin de s'occuper de ses jeunes frère et soeur.

La grande famille a connu des difficultés et la plus jeune soeur de M. Pan est morte de faim pendant les années de grande famine au début des années 1960. M. Pan a été envoyé dans la campagne parce que ses parents ne pouvaient plus subvenir à ses besoins.

Les grandes familles se sont faites rares à la fin des années 1970, quand la Chine a commencé à appliquer strictement la politique de l'enfant unique afin d'enrayer la pression démographique croissante.

LA RENAISSANCE DE "L'EDUCATION DES FRERES ET SOEURS"

Pour apaiser les craintes de Kaikai, sa mère, Zhang Weihua, a fait de son mieux pour convaincre l'enfant que son amour pour lui ne changerait jamais.

En même temps, Mme Zhang a également encouragé Kaikai à l'aider à changer les couches et à jouer avec Duoduo.

Progressivement, elle a remarqué des changements plaisants. Au lieu d'ignorer Duoduo, la première chose que Kaikai fait quand il rentre à la maison c'est d'embrasser son jeune frère.

Pour Cong Zhongxiao du Centre national chinois pour l'enfance, l'essence de l'éducation des frères et soeurs est d'encourager le partage et l'amour.

"Le ressentiment et le conflit ne sont pas congénitaux. Comment le premier enfant répond au nouveau bébé dépend de la façon dont les parents répondent et enseignent. Le seul moyen d'effacer leurs peurs est qu'il se sente aimé et capable d'aimer", a expliqué M. Cong.

Beijing TV vient de lancer le programme de télé-réalité "Le temps d'un deuxième enfant" qui dresse le portrait des interactions parents-enfant à l'arrivée d'un deuxième enfant dans la famille d'une célébrité.

"Le programme est très intéressant. Les enfants uniques étaient gâtés par les familles", peut-on lire dans un commentaire laissé par un téléspectateur.

"Nous, les enfants uniques, n'estimons pas tellement le partage. Mais depuis ce programme, nous estimons que grandir ne se fait plus seul. Les frères et soeurs sont des gens avec qui on peut partager nos tristesses et nos joies", a poursuivi ce téléspectateur.

D'après un vieil adage chinois, un aîné doit devenir ami avec un cadet, alors que le cadet doit respecter l'aîné.

Xia Xuelan, professeur de sociologie à l'université de Pékin, a déclaré que la politique des deux enfants aidera les générations futures à raviver l'amour fraternel et à revenir à la culture traditionnelle.

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