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Bilan 2015 : le tourisme de proximité soulage temporairement la crise en Tunisie

French.xinhuanet.com   2015-12-28 16:17:47      

TUNIS, 28 décembre (Xinhua) -- Trois attentats en 2015 et ayant coûté la vie à plus de 70 personnes, en majorité étrangères, ont paralysé l'industrie touristique en Tunisie : 33% des hôtels parmi les 573 classés ont fermé leurs portes jusqu'à la mi-décembre, d'après l'Office national du tourisme tunisien (ONTT).

Bien que forte de son positionnement géographique, ouverte d'un côté sur la rive sud de la Méditerranée et de l'autre côté sur le Sahara, la Tunisie vient de clôturer l'année en cours par un "déficit touristique", et ce malgré une certaine relance du tourisme intérieur et de proximité pourtant impactée par une forte mobilisation sécuritaire sur tout le territoire tunisien.

DES CHIFFRES EQUIVOQUES

Sur l'année 2015, les indicateurs majeurs du tourisme tunisien (qui représente 7% du PIB et emploie 12% de la population) reflètent la délicatesse de la conjoncture que traverse l'économie tunisienne, déjà en stagnation ces trois dernières années, selon des observateurs tunisiens.

En effet, une récente enquête consultée par Xinhua auprès de l'Observatoire de suivi du secteur touristique tunisien montre que sur les 570 hôtels classés, 270 ont déjà fermé leurs portes, soit près de 48%, ce qui contredit les chiffres avancés par l'ONTT.

En date du 15 décembre, 61 hôtels sur les 253 hébergements non classés avaient fermé, soit une diminution de 24%.

Selon cette même enquête, les régions touristiques balnéaires et sahariennes sont les plus affectées par cette crise. A titre d'exemple, le taux de fermeture d'hôtels à Sousse (principale province côtière de l'est du pays) a atteint 43,75% et s'élève à 58,72% sur l'île de Djerba (côte sud-est).

LE TOURISME LOCAL DE PROXIMITE SAUVE LA MISE DANS LE SUD-OUEST

La crise qui frappe le tourisme en Tunisie n'a pas empêché les Tunisiens ou encore les touristes issus des pays voisins (Libye et Algérie) d'apprécier le climat équilibré du sud tunisien pendant les fêtes de fin d'année, qui coïncident cette année avec le Mouled, la fête religieuse célébrant la naissance du prophète Mahomet.

A environ 500 km au sud de la capitale Tunis, les hôtels de la province de Tozeur affichent déjà complet à quatre jours du réveillon, avec un taux de remplissage de 100%, a-t-on appris auprès de la direction régionale du tourisme de Tozeur.

"Environ 99% de ce taux de remplissage a été rempli par le tourisme intérieur", a révélé à Xinhua Mohamed Sayem, délégué régional du tourisme dans le sud-ouest tunisien.

A environ 110 km à l'est de Tozeur, la municipalité de Douz (relevant de la province de Kébili) se veut l'un des "portails" du Sahara tunisien. La ville abrite chaque année du 24 au 28 décembre le Festival international du Sahara.

A l'arrivée, la présence sécuritaire est évidente, des patrouilles mixtes (armée, police et gardes nationale et douanière) sécurisant toutes les entrées et sorties avec des fouilles et des contrôles d'identité s'appliquant sans exception à tous les usagers de la route.

Le coup d'envoi de ce festival, qui souffle cette année ses 48 bougies, a été donné par une délégation gouvernementale conduite par les ministres du Tourisme, Salma Elloumi Rekik, et de la Culture, Latifa Lakhdhar.

"Ce festival vient cette année confirmer que la Tunisie, et particulièrement le sud du pays, sont en paix et se veulent bien protégés", a déclaré Mme Rekik peu après la cérémonie d'ouverture du festival, ajoutant que "le terrorisme n'a aucune chance d'exister dans le sud tunisien et dans toutes les régions du pays".

Côté sécuritaire, des unités communes armée-garde nationale ont pris en charge la sécurisation de tout le périmètre du festival, des lieux publics, des scènes de spectacle et particulièrement du bâtiment abritant l'ouverture et la clôture du festival.

"Pas moins de 25.000 visiteurs assistent quotidiennement aux différentes activités qui composent cette 48e édition, un nombre record qui sera gravé dans le registre d'or de cet événement international grâce aux efforts consentis par les forces sécuritaires", s'est félicité le directeur du festival Chérif ben Mohamed dans une déclaration à Xinhua.

LES TOURISTES SE SENTENT CIBLES PAR LE FLEAU TERRORISTE

Située à 132 km de la frontière libyenne et à 530 km de la capitale, l'île de Djerba se veut l'une des trois principales destinations touristiques de masse en Tunisie, après Hammamet et Sousse.

Chef de projet de promotion touristique à Djerba, Ahmed Rhuma a confirmé qu'il y a également beaucoup d'hôtels qui ont fermé leurs portes sur l'île.

"Mis à part les attentats terroristes, la crise que connaît le secteur à Djerba peut être imputée à d'autres facteurs, dont le manque de stratégie spécifique pour relancer l'industrie touristique", a confié M. Rhuma, spécialiste en décoration intérieure.

Les difficultés auxquelles fait face le tourisme tunisien trouvent leur manifestation, entre autres, dans certaines mesures prises par une majorité d'établissements hôteliers ayant survécu à l'onde de choc de la crise.

"Une grande partie de patrons de ces établissements ont dû envoyer un grand nombre de leurs personnels en retraite anticipée ou avoir recours à des avances sur salaire à raison de cinq à six mois", a fait savoir M. Rhuma.

Toutefois, a-t-il insisté, "l'île se veut, malgré la crise du secteur touristique, la principale source de revenus touristiques de Tunisie, à l'abri de toute menace terroriste au vu de ses spécificités géographiques et des efforts de l'appareil sécuritaire, à moins que sa proximité avec la frontière libyenne puisse constituer un potentiel danger".

Selon lui, les Européens ne veulent plus prendre de risques suite aux attentats sanglants ayant ciblé la Tunisie et plus précisément les zones touristiques, à l'instar de celle de Sousse ou encore le musée du Bardo dans la capitale même.

L'un des havres les plus prisés par les visiteurs de l'île, la marina de Djerba, traverse une période jamais vue ces 20 dernières années, bien que cet endroit comporte entre autres un port de plaisance et toute une zone d'animation et de loisirs.

"Vu la situation de stagnation auquel fait face le tourisme partout en Tunisie, cette marina est de plus en plus une destination touristique orpheline", a commenté Mounir Megadmini, propriétaire du "Havana Café", l'un des espaces de loisirs en pleine marina de Djerba.

"Cela fait vingt ans que je suis rentré d'Europe et c'est la première fois que je vois l'île subir une crise pareille. On ne fait que soupirer de nos jours : pas d'investissements, pas de grands projets et pas de changements", a-t-il indiqué dans un ton pessimiste.

Pire encore, "je pense sérieusement à diminuer de nouveau le nombre de mon personnel, alors que certains d'entre eux ont malheureusement été recrutés il y a plus de 12 ans", a-t-il déploré, les larmes aux yeux. Et de dévoiler que le nombre de ses employés est passé de 30 à 8 personnes.

Pour ne citer que l'exemple de l'île de Djerba parmi une dizaine de zones touristiques en Tunisie, 45 hôtels ont réussi à résister à la crise, tandis 64 autres ont déjà fermé.

L'un des établissements hôteliers phares de l'île de Djerba, le "Radisson-Blu Palace" enregistre actuellement un taux d'occupation de 15% uniquement, un taux qui pourrait atteindre 25% pour le réveillon.

Lors de ces périodes, cet hôtel accueillait normalement entre 450 et 500 clients, un chiffre réduit cette semaine à une moyenne de 58 clients. Pendant les vacances de fin d'année, seulement 72 réservations ont été enregistrées.

"Suite au carnage sur l'une des plages de Sousse en juin dernier, les touristes étrangers se considèrent de plus en plus visés par les terroristes pendant leur séjour en Tunisie", a souligné à Xinhua l'un des membres du personnel de cet hôtel de luxe.

Selon lui, le nombre des employés (administratifs et ouvriers) est passé de 450 à moins de 200, soit une réduction de plus de 50%. Pire encore, l'administration de cet hôtel s'est trouvée dans l'obligation de fermer certains pavillons afin de restreindre ses charges.

Mis à part les efforts déployés par le ministère de l'Intérieur afin de maîtriser la situation sécuritaire du pays et le tempérament courageux des touristes libyens et algériens, le tourisme tunisien n'est pas encore sorti du tunnel, ont indiqué des professionnels locaux et ce pour deux raisons principales : la pénurie de la clientèle européenne et une conjoncture régionale de plus en plus indécise dans certains pays voisins.

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Bilan 2015 : le tourisme de proximité soulage temporairement la crise en Tunisie

Publié le 2015-12-28 à 16:17 | french.xinhuanet.com

TUNIS, 28 décembre (Xinhua) -- Trois attentats en 2015 et ayant coûté la vie à plus de 70 personnes, en majorité étrangères, ont paralysé l'industrie touristique en Tunisie : 33% des hôtels parmi les 573 classés ont fermé leurs portes jusqu'à la mi-décembre, d'après l'Office national du tourisme tunisien (ONTT).

Bien que forte de son positionnement géographique, ouverte d'un côté sur la rive sud de la Méditerranée et de l'autre côté sur le Sahara, la Tunisie vient de clôturer l'année en cours par un "déficit touristique", et ce malgré une certaine relance du tourisme intérieur et de proximité pourtant impactée par une forte mobilisation sécuritaire sur tout le territoire tunisien.

DES CHIFFRES EQUIVOQUES

Sur l'année 2015, les indicateurs majeurs du tourisme tunisien (qui représente 7% du PIB et emploie 12% de la population) reflètent la délicatesse de la conjoncture que traverse l'économie tunisienne, déjà en stagnation ces trois dernières années, selon des observateurs tunisiens.

En effet, une récente enquête consultée par Xinhua auprès de l'Observatoire de suivi du secteur touristique tunisien montre que sur les 570 hôtels classés, 270 ont déjà fermé leurs portes, soit près de 48%, ce qui contredit les chiffres avancés par l'ONTT.

En date du 15 décembre, 61 hôtels sur les 253 hébergements non classés avaient fermé, soit une diminution de 24%.

Selon cette même enquête, les régions touristiques balnéaires et sahariennes sont les plus affectées par cette crise. A titre d'exemple, le taux de fermeture d'hôtels à Sousse (principale province côtière de l'est du pays) a atteint 43,75% et s'élève à 58,72% sur l'île de Djerba (côte sud-est).

LE TOURISME LOCAL DE PROXIMITE SAUVE LA MISE DANS LE SUD-OUEST

La crise qui frappe le tourisme en Tunisie n'a pas empêché les Tunisiens ou encore les touristes issus des pays voisins (Libye et Algérie) d'apprécier le climat équilibré du sud tunisien pendant les fêtes de fin d'année, qui coïncident cette année avec le Mouled, la fête religieuse célébrant la naissance du prophète Mahomet.

A environ 500 km au sud de la capitale Tunis, les hôtels de la province de Tozeur affichent déjà complet à quatre jours du réveillon, avec un taux de remplissage de 100%, a-t-on appris auprès de la direction régionale du tourisme de Tozeur.

"Environ 99% de ce taux de remplissage a été rempli par le tourisme intérieur", a révélé à Xinhua Mohamed Sayem, délégué régional du tourisme dans le sud-ouest tunisien.

A environ 110 km à l'est de Tozeur, la municipalité de Douz (relevant de la province de Kébili) se veut l'un des "portails" du Sahara tunisien. La ville abrite chaque année du 24 au 28 décembre le Festival international du Sahara.

A l'arrivée, la présence sécuritaire est évidente, des patrouilles mixtes (armée, police et gardes nationale et douanière) sécurisant toutes les entrées et sorties avec des fouilles et des contrôles d'identité s'appliquant sans exception à tous les usagers de la route.

Le coup d'envoi de ce festival, qui souffle cette année ses 48 bougies, a été donné par une délégation gouvernementale conduite par les ministres du Tourisme, Salma Elloumi Rekik, et de la Culture, Latifa Lakhdhar.

"Ce festival vient cette année confirmer que la Tunisie, et particulièrement le sud du pays, sont en paix et se veulent bien protégés", a déclaré Mme Rekik peu après la cérémonie d'ouverture du festival, ajoutant que "le terrorisme n'a aucune chance d'exister dans le sud tunisien et dans toutes les régions du pays".

Côté sécuritaire, des unités communes armée-garde nationale ont pris en charge la sécurisation de tout le périmètre du festival, des lieux publics, des scènes de spectacle et particulièrement du bâtiment abritant l'ouverture et la clôture du festival.

"Pas moins de 25.000 visiteurs assistent quotidiennement aux différentes activités qui composent cette 48e édition, un nombre record qui sera gravé dans le registre d'or de cet événement international grâce aux efforts consentis par les forces sécuritaires", s'est félicité le directeur du festival Chérif ben Mohamed dans une déclaration à Xinhua.

LES TOURISTES SE SENTENT CIBLES PAR LE FLEAU TERRORISTE

Située à 132 km de la frontière libyenne et à 530 km de la capitale, l'île de Djerba se veut l'une des trois principales destinations touristiques de masse en Tunisie, après Hammamet et Sousse.

Chef de projet de promotion touristique à Djerba, Ahmed Rhuma a confirmé qu'il y a également beaucoup d'hôtels qui ont fermé leurs portes sur l'île.

"Mis à part les attentats terroristes, la crise que connaît le secteur à Djerba peut être imputée à d'autres facteurs, dont le manque de stratégie spécifique pour relancer l'industrie touristique", a confié M. Rhuma, spécialiste en décoration intérieure.

Les difficultés auxquelles fait face le tourisme tunisien trouvent leur manifestation, entre autres, dans certaines mesures prises par une majorité d'établissements hôteliers ayant survécu à l'onde de choc de la crise.

"Une grande partie de patrons de ces établissements ont dû envoyer un grand nombre de leurs personnels en retraite anticipée ou avoir recours à des avances sur salaire à raison de cinq à six mois", a fait savoir M. Rhuma.

Toutefois, a-t-il insisté, "l'île se veut, malgré la crise du secteur touristique, la principale source de revenus touristiques de Tunisie, à l'abri de toute menace terroriste au vu de ses spécificités géographiques et des efforts de l'appareil sécuritaire, à moins que sa proximité avec la frontière libyenne puisse constituer un potentiel danger".

Selon lui, les Européens ne veulent plus prendre de risques suite aux attentats sanglants ayant ciblé la Tunisie et plus précisément les zones touristiques, à l'instar de celle de Sousse ou encore le musée du Bardo dans la capitale même.

L'un des havres les plus prisés par les visiteurs de l'île, la marina de Djerba, traverse une période jamais vue ces 20 dernières années, bien que cet endroit comporte entre autres un port de plaisance et toute une zone d'animation et de loisirs.

"Vu la situation de stagnation auquel fait face le tourisme partout en Tunisie, cette marina est de plus en plus une destination touristique orpheline", a commenté Mounir Megadmini, propriétaire du "Havana Café", l'un des espaces de loisirs en pleine marina de Djerba.

"Cela fait vingt ans que je suis rentré d'Europe et c'est la première fois que je vois l'île subir une crise pareille. On ne fait que soupirer de nos jours : pas d'investissements, pas de grands projets et pas de changements", a-t-il indiqué dans un ton pessimiste.

Pire encore, "je pense sérieusement à diminuer de nouveau le nombre de mon personnel, alors que certains d'entre eux ont malheureusement été recrutés il y a plus de 12 ans", a-t-il déploré, les larmes aux yeux. Et de dévoiler que le nombre de ses employés est passé de 30 à 8 personnes.

Pour ne citer que l'exemple de l'île de Djerba parmi une dizaine de zones touristiques en Tunisie, 45 hôtels ont réussi à résister à la crise, tandis 64 autres ont déjà fermé.

L'un des établissements hôteliers phares de l'île de Djerba, le "Radisson-Blu Palace" enregistre actuellement un taux d'occupation de 15% uniquement, un taux qui pourrait atteindre 25% pour le réveillon.

Lors de ces périodes, cet hôtel accueillait normalement entre 450 et 500 clients, un chiffre réduit cette semaine à une moyenne de 58 clients. Pendant les vacances de fin d'année, seulement 72 réservations ont été enregistrées.

"Suite au carnage sur l'une des plages de Sousse en juin dernier, les touristes étrangers se considèrent de plus en plus visés par les terroristes pendant leur séjour en Tunisie", a souligné à Xinhua l'un des membres du personnel de cet hôtel de luxe.

Selon lui, le nombre des employés (administratifs et ouvriers) est passé de 450 à moins de 200, soit une réduction de plus de 50%. Pire encore, l'administration de cet hôtel s'est trouvée dans l'obligation de fermer certains pavillons afin de restreindre ses charges.

Mis à part les efforts déployés par le ministère de l'Intérieur afin de maîtriser la situation sécuritaire du pays et le tempérament courageux des touristes libyens et algériens, le tourisme tunisien n'est pas encore sorti du tunnel, ont indiqué des professionnels locaux et ce pour deux raisons principales : la pénurie de la clientèle européenne et une conjoncture régionale de plus en plus indécise dans certains pays voisins.

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