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Bilan 2015 : vers où se dirige l'ordre mondial?

Publié le 2015-12-27 à 20:57 | french.xinhuanet.com

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Une semaine d'actualités en images (du 21 au 27 décembre 2015)

Kobe Bryant

BEIJING, 27 décembre (Xinhua) -- L'ordre international régi par les Etats-Unis depuis la Seconde Guerre mondiale a été plus ébranlé que jamais en 2015. L'année écoulée a assisté à tant de bouleversements - l'anarchie au Moyen-Orient, la propagation des actes terroristes, l'afflux des réfugiés en Europe - que l'on a lieu de croire que l'Oncle Sam n'est plus capable de dicter à lui seul l'ordre de la planète. Avec la montée des économies émergentes, la multipolarité s'accentue.

ANARCHIE AU MOYEN-ORIENT

Le Moyen-Orient a toujours été une arène pour les forces mondiales.

Alors que la guerre en Syrie s'est transformée en chaos, où de multiples factions se mêlent aux combats depuis des années, la crise au Yémen a connu une escalade des violences pour dégénérer en conflits régionaux entre sectes traditionnelles voulant renforcer leur sphère d'influence, les pays sunnites autour de l'Arabie saoudite ayant mené des frappes à échelle sans égale contre les forces chiites Houtis, qui ont gagné du terrain depuis le début de l'année.

Ces tumultes au Moyen-Orient ont été le terreau du terrorisme. La montée fulgurante de l'"Etat islamique", responsable du crash de l'avion de ligne russe dans la péninsule du Sinaï, des attentats du 13 novembre à Paris et de l'attaque de type "loup solitaire" aux Etats-Unis, a touché l'humanité toute entière et a mis à rude épreuve les capacités antiterroristes de la communauté internationale, qui a été prise au dépourvu.

Pour Qu Xing, ambassadeur de Chine en Belgique, les interventions extérieures au Moyen-Orient ont contribué à rompre l'équilibre initial, sans toutefois parvenir à bâtir un nouvel ordre dans la région. "S'il y a des leçons à tirer de l'Histoire, c'est qu'un grand pays ne devrait pas recourir à la force dans les affaires intérieures d'un autre pays, faute de quoi les problèmes conséquents risqueraient d'être beaucoup plus compliqués que les problèmes originaux", a-t-il martelé.

Les troubles au Moyen-Orient reflètent un ajustement des relations entre grandes puissances, mais aussi une baisse de la domination des Etats-Unis dans le monde entier. La carte géopolitique est ainsi entièrement à revoir.

Le retrait des Etats-Unis du Moyen-Orient a permis à la Russie d'étendre en profondeur ses opérations militaires dans la région, situation à laquelle Washington n'a jamais eu à faire face dans sa politique au Moyen-Orient depuis au moins 40 ans, a fait remarquer l'ancien secrétaire d'Etat américain Henry Kissinger.

"Tant subjectivement qu'objectivement, les Etats-Unis ne sont plus disposés ni en mesure de jouer ce rôle", du fait de l'énorme coût "en sang et en argent" payé après une décennie de guerre au Moyen-Orient, de la crise financière et d'une dette publique élevée, d'un nouvel accent mis sur les affaires du Pacifique, ainsi que de la montée en puissance des pays émergents, a indiqué pour sa part l'ancien chef de la diplomatie allemande Joschka Fischer.

UNE MULTIPOLARITE MONDIALE QUI S'ACCENTUE

Dans son livre "World Order", M. Kissinger juge qu'en dépit du fait que l'ordre international établi par l'Occident occupe une place dominante depuis les temps modernes, cela ne signifie pas que cet ordre reste le seul ordre du monde.

La montée des pays émergents, ainsi que l'avènement des blocs régionaux et de plusieurs mécanisme de coopération, ont accéléré l'évolution d'un monde multipolaire.

Le G20, qui regroupe les 19 principales économies du monde et l'Union européenne (UE) et dont le volume économique représente environ 90% de l'ensemble de la planète, a de manière efficace remplacé le G8 pour devenir la principale plate-forme pour les grands forums et pour la gouvernance économique mondiale.

L'ASEAN (Association des nations de l'Asie du Sud-Est) est parvenue à une déclaration sur le Partenariat économique global régional (RCEP), soit le plus important accord de libre-échange d'Asie, et les dirigeants du bloc ont annoncé la mise en place prochainement de la Communauté de l'ASEAN, première communauté sous-régionale en Asie.

En Eurasie, l'Union économique eurasienne (UEE) dirigée par la Russie a officiellement été lancée cette année, mécanisme permettant à Moscou de profiter du marché pour doper son économie nationale mais aussi de se tenir ensemble avec les pays du bloc au sein du jeu géopolitique face à l'UE et aux Etats-Unis.

En Amérique latine, le Mercosur (Marché commun du Sud) entend proposer dans le courant de l'année sa liste négative pour les négociations sur un accord de libre-échange avec l'UE, tandis que l'accord-cadre de l'Alliance du Pacifique, entré en vigueur en juillet, a marqué une avancée significative dans le processus d'intégration de ce bloc.

Autre événement marquant, les dirigeants des pays des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ont annoncé lors de leur 7e réunion tenue à Oufa la création d'une Nouvelle banque de développement (NBD) du bloc.

Face à ces développements, Washington ne veut pas lâcher les rênes. Il cherche d'une part à pousser le PTP (Pacte de libre-échange du Partenariat transpacifique) avec une dizaine de pays, et d'autre part à forger le PTCI (Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement) avec l'UE.

Selon Shen Minghui, chercheur à l'Académie des sciences sociales de Chine, face à la montée en bloc des économies émergentes, la tendance serait de plus en plus évidente de voir les pays développés "s'allier" pour renforcer la coopération économique régionale.

Le rapport de forces du monde ayant changé, la multipolarité devrait s'accentuer dans l'ordre international d'aujourd'hui, où les puissances se conditionnent les unes les autres, et leurs intérêts s'entrelacent de plus en plus.

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