France: la déchéance de la nationalité mal accueillie par la presse et largement critiquée par la classe politique (SYNTHESE)

Publié le 2015-12-24 à 22:56 | french.xinhuanet.com

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PARIS, 24 décembre (Xinhua) -- La décision de l'exécutif de maintenir la déchéance de nationalité pour les binationaux auteurs d'actes de terrorisme est jugée sévèrement jeudi par la presse française et généralement mal accueillie par la classe politique, bien qu'approuvée par la droite qui souligne néanmoins une cacophonie gouvernementale.

Alors que la ministre de la Justice, Christiane Taubira, avait indiqué mardi depuis l'Algérie que la déchéance de nationalité pour les binationaux reconnus coupables d'actes de terrorisme ne serait pas retenue dans le projet de réforme de la Constitution qui vise à institutionnaliser l'état d'urgence, le Premier ministre Manuel Valls a annoncé mercredi à l'issue du Conseil des ministres que le projet sera maintenu dans son intégralité.

Suite à cette annonce, le journal Libération écrit jeudi que "la gauche accueille avec consternation la décision présidentielle qui déclenche un débat malsain, fort éloigné des impératifs réels de la lutte antiterroriste".

Pour le quotidien L'Humanité, le président "a renié deux siècles de combats de la gauche pour... l'égalité républicaine".

"En constitutionnalisant l'état d'urgence, le tandem gouvernant signe sa reddition devant l'idéologie sécuritaire et une défaite pour la démocratie", ajoute le journal.

"C'est un pan de la gauche qui se sent trahi", estime pour sa part Matthieu Verrier dans La Voix du Nord, tandis que Pascal Coquis écrit dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace que la gauche présidentielle "n'en finit pas de manger son chapeau".

Le Journal de la Haute-Marne réagit quant à lui en indiquant que la cacophonie gouvernementale fait douter de la "capacité du gouvernement à mener les affaires de manière sereine, sérieuse et à l'unisson", alors que Le Républicain Lorrain relève qu'"une occasion de faire de la politique autrement a encore été manquée".

"Il n'y a finalement que le Front national qui pavoise, ravi du pataquès provoqué par un sujet sur lequel l'extrême-droite a toujours nourri bien des fantasmes", estime pour sa part le quotidien L'Alsace.

"Le Front National annonçait que ses parlementaires allaient voter la réforme de la Constitution (...) La boucle est bouclée. Dramatiquement. Sinistrement", écrit quant à lui Jean-Marcel Bouguereau dans La République des Pyrénées.

"François Hollande aime surprendre (...) Pour le pire, souvent, pour le meilleur, parfois. Dans cette affaire de déchéance de nationalité, il a choisi la seconde solution... Le président a tenu bon et il faut s'en féliciter", souligne de son côté Le Figaro, l'un des rares journaux à accueillir favorablement l'annonce de l'exécutif.

Du côté des responsables politiques, la gauche semble divisée au sein même du gouvernement, tandis que la droite se félicite de la mesure tout en dénonçant la cacophonie.

"Je suis extrêmement choqué (...) Je vais combattre la déchéance de nationalité parce que c'est une mesure voulue par l'extrême-droite depuis l'origine. Je n'accepterai pas qu'on l'inscrive dans la Constitution", a déclaré mercredi après-midi le député socialiste Pascal Cherki.

"Je voterai contre et j'appelle à ce que nous restions fidèles à nos valeurs et à nos convictions", a-t-il encore martelé jeudi matin sur i-Télé, ajoutant que "quand on commet un crime on est condamné à de la prison" et que "quand on est né français on est né français, ce sont deux débats qui sont différents".

Mercredi, sur son compte Twitter, l'eurodéputé du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon écrivait que "la déchéance de nationalité (était) une mesure du Front national" et que "la déchéance morale de Valls et Hollande (était) totale".

Invitée jeudi matin sur Europe 1, l'eurodéputée écologiste et membre des commissions Libertés publiques et Affaires économiques du Parlement européen Eva Joly a estimé que la mesure gouvernementale "n'a aucune portée pratique" et qu'elle "ne va absolument pas combattre le terrorisme".

"C'est purement symbolique et c'est purement politicard", a-t-elle ajouté, voyant dans la décision de l'exécutif "une volonté de diviser les Français".

Sur France Inter, la députée écologiste Cécile Duflot a déclaré jeudi qu'"on ne peut pas accepter de revenir sur ce qui fait l'identité de la République" et que la déchéance de nationalité défendue par le gouvernement "est un symbole qui ne fait pas peur à ceux qu'il veut menacer".

Invité sur BFM TV jeudi matin, le secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, a reconnu que "cette idée ne vient pas de la gauche", tout en indiquant que "ça ne veut pas dire pour autant que (...) cela pose des problèmes fondamentaux aux gens de gauche".

"Je ne peux que me réjouir que le président de la République ait tenu sa parole solennelle prononcée dans l'hémicycle du Congrès", s'est félicité jeudi sur France Info le député Les Républicains Henri Guaino, notant qu'"il aurait été absolument désastreux qu'après un engagement aussi solennel (...) le président de la République revienne sur sa parole".

Le député Les Républicains Eric Ciotti a quant à lui estimé mercredi que "la cohérence et la clarté exigent que Mme Taubira quitte le gouvernement", soulignant qu'"elle ne peut pas porter un texte dont elle critique par ailleurs le contenu".

Du côté du Front national, Marine Le Pen a écrit mercredi sur son compte Twitter que la décision de l'exécutif de maintenir la déchéance de la nationalité dans le projet de réforme de la Constitution constituait le "premier effet des 6,8 millions de voix pour le Front national aux élections régionales".

"Je voterai pour la déchéance parce que je considère qu'elle est une mesure nécessaire dans la lutte contre le terrorisme et qu'on ne doit se priver d'aucun moyen. Je voterai cette réforme parce qu'elle me paraît utile à la sécurité de mon pays", a conclu mercredi sur i-Télé le député Rassemblement bleu Marine Gilbert Collard.

Les débats sur le projet de réforme de la Constitution s'ouvriront le 3 février à l'Assemblée nationale, avant de passer devant le Sénat.

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France: la déchéance de la nationalité mal accueillie par la presse et largement critiquée par la classe politique (SYNTHESE)

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PARIS, 24 décembre (Xinhua) -- La décision de l'exécutif de maintenir la déchéance de nationalité pour les binationaux auteurs d'actes de terrorisme est jugée sévèrement jeudi par la presse française et généralement mal accueillie par la classe politique, bien qu'approuvée par la droite qui souligne néanmoins une cacophonie gouvernementale.

Alors que la ministre de la Justice, Christiane Taubira, avait indiqué mardi depuis l'Algérie que la déchéance de nationalité pour les binationaux reconnus coupables d'actes de terrorisme ne serait pas retenue dans le projet de réforme de la Constitution qui vise à institutionnaliser l'état d'urgence, le Premier ministre Manuel Valls a annoncé mercredi à l'issue du Conseil des ministres que le projet sera maintenu dans son intégralité.

Suite à cette annonce, le journal Libération écrit jeudi que "la gauche accueille avec consternation la décision présidentielle qui déclenche un débat malsain, fort éloigné des impératifs réels de la lutte antiterroriste".

Pour le quotidien L'Humanité, le président "a renié deux siècles de combats de la gauche pour... l'égalité républicaine".

"En constitutionnalisant l'état d'urgence, le tandem gouvernant signe sa reddition devant l'idéologie sécuritaire et une défaite pour la démocratie", ajoute le journal.

"C'est un pan de la gauche qui se sent trahi", estime pour sa part Matthieu Verrier dans La Voix du Nord, tandis que Pascal Coquis écrit dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace que la gauche présidentielle "n'en finit pas de manger son chapeau".

Le Journal de la Haute-Marne réagit quant à lui en indiquant que la cacophonie gouvernementale fait douter de la "capacité du gouvernement à mener les affaires de manière sereine, sérieuse et à l'unisson", alors que Le Républicain Lorrain relève qu'"une occasion de faire de la politique autrement a encore été manquée".

"Il n'y a finalement que le Front national qui pavoise, ravi du pataquès provoqué par un sujet sur lequel l'extrême-droite a toujours nourri bien des fantasmes", estime pour sa part le quotidien L'Alsace.

"Le Front National annonçait que ses parlementaires allaient voter la réforme de la Constitution (...) La boucle est bouclée. Dramatiquement. Sinistrement", écrit quant à lui Jean-Marcel Bouguereau dans La République des Pyrénées.

"François Hollande aime surprendre (...) Pour le pire, souvent, pour le meilleur, parfois. Dans cette affaire de déchéance de nationalité, il a choisi la seconde solution... Le président a tenu bon et il faut s'en féliciter", souligne de son côté Le Figaro, l'un des rares journaux à accueillir favorablement l'annonce de l'exécutif.

Du côté des responsables politiques, la gauche semble divisée au sein même du gouvernement, tandis que la droite se félicite de la mesure tout en dénonçant la cacophonie.

"Je suis extrêmement choqué (...) Je vais combattre la déchéance de nationalité parce que c'est une mesure voulue par l'extrême-droite depuis l'origine. Je n'accepterai pas qu'on l'inscrive dans la Constitution", a déclaré mercredi après-midi le député socialiste Pascal Cherki.

"Je voterai contre et j'appelle à ce que nous restions fidèles à nos valeurs et à nos convictions", a-t-il encore martelé jeudi matin sur i-Télé, ajoutant que "quand on commet un crime on est condamné à de la prison" et que "quand on est né français on est né français, ce sont deux débats qui sont différents".

Mercredi, sur son compte Twitter, l'eurodéputé du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon écrivait que "la déchéance de nationalité (était) une mesure du Front national" et que "la déchéance morale de Valls et Hollande (était) totale".

Invitée jeudi matin sur Europe 1, l'eurodéputée écologiste et membre des commissions Libertés publiques et Affaires économiques du Parlement européen Eva Joly a estimé que la mesure gouvernementale "n'a aucune portée pratique" et qu'elle "ne va absolument pas combattre le terrorisme".

"C'est purement symbolique et c'est purement politicard", a-t-elle ajouté, voyant dans la décision de l'exécutif "une volonté de diviser les Français".

Sur France Inter, la députée écologiste Cécile Duflot a déclaré jeudi qu'"on ne peut pas accepter de revenir sur ce qui fait l'identité de la République" et que la déchéance de nationalité défendue par le gouvernement "est un symbole qui ne fait pas peur à ceux qu'il veut menacer".

Invité sur BFM TV jeudi matin, le secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, a reconnu que "cette idée ne vient pas de la gauche", tout en indiquant que "ça ne veut pas dire pour autant que (...) cela pose des problèmes fondamentaux aux gens de gauche".

"Je ne peux que me réjouir que le président de la République ait tenu sa parole solennelle prononcée dans l'hémicycle du Congrès", s'est félicité jeudi sur France Info le député Les Républicains Henri Guaino, notant qu'"il aurait été absolument désastreux qu'après un engagement aussi solennel (...) le président de la République revienne sur sa parole".

Le député Les Républicains Eric Ciotti a quant à lui estimé mercredi que "la cohérence et la clarté exigent que Mme Taubira quitte le gouvernement", soulignant qu'"elle ne peut pas porter un texte dont elle critique par ailleurs le contenu".

Du côté du Front national, Marine Le Pen a écrit mercredi sur son compte Twitter que la décision de l'exécutif de maintenir la déchéance de la nationalité dans le projet de réforme de la Constitution constituait le "premier effet des 6,8 millions de voix pour le Front national aux élections régionales".

"Je voterai pour la déchéance parce que je considère qu'elle est une mesure nécessaire dans la lutte contre le terrorisme et qu'on ne doit se priver d'aucun moyen. Je voterai cette réforme parce qu'elle me paraît utile à la sécurité de mon pays", a conclu mercredi sur i-Télé le député Rassemblement bleu Marine Gilbert Collard.

Les débats sur le projet de réforme de la Constitution s'ouvriront le 3 février à l'Assemblée nationale, avant de passer devant le Sénat.

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