La France en état d'urgence, sa "jungle de Calais" en eau dormante ... sous haute surveillance (REPORTAGE)
Publié le 2015-11-16 à 04:46 | french.xinhuanet.com
BRUXELLES, 15 novembre (Xinhua) -- "Qu'est-ce qui s'est passé à Paris?" Le journaliste Xinhua a quasiment été choqué samedi par cette question dans l'un des plus grands camps de réfugiés en France, situé à environ cinq kilomètres de la ville de Calais et sur la plage de la mer du Nord, alors que l'état d'urgence a été décrété en France suite aux attentats terroristes survenus vendredi à Paris et dans sa banlieue qui ont fait au moins 129 morts et 352 blessés et bouleversé l'opinion internationale.
Le drame de Paris n'a aucun retentissement dans le camp de réfugiés surnommé "Jungle de Calais", qui abrite 5.000 à 6.000 réfugiés provenant de la Syrie, de l'Irak, de l'Afghanistan et de l'Afrique et souhaitant se rendre en Grande-Bretagne. Apparemment la vie y tourne comme d'habitude, mais une présence policière renforcée est visible autour du camp. Deux ou trois minibus de CRS sont déployés à tous les passages du camp, tandis que des voitures de police circulent dans les environs.
Suite à l'état d'urgence, le gouvernement français a décidé de relever le niveau de sécurité au plus haut. Les auteurs des attaques de Paris sont soupçonnés d'avoir des expériences ou d'avoir pris part à la guerre syrienne.
Dans des tentes et des abris de fortune surpeuplés, les réfugiés n'ont rien à faire que d'attendre une opportunité d'aller au delà de la Manche. Les téléviseurs dont on peut compter le nombre sur les doigts projettent des danses et chansons folkloriques au rythme proche-oriental en vidéo, montrant la nostalgie des réfugiés. Ceux qui vivent pour le moment dans la Jungle se sont épuisés pendant un à trois mois pour arriver en France à pied et en camion, mais Londres leur ferme la porte. Bloqués à deux pas du port de car-ferry liant la France à l'Angleterre, ils ne comprennent pas le français, donc, ne savent pas que la capitale française a été frappée par une vague d'attentats.
"Pour nous, il n'y a pas de problème avec la France", a dit à Xinhua le réfugié kurde irakien Salm. Il a déjà passé une vingtaine de jours dans la Jungle.
"Il n'y a pas de problème de sécurité dans le camp", a pour sa part estimé un local français chargé du nettoyage du camp six jours par semaine. Il a affirmé qu'il était au courant de ce qui s'est passé à Paris.
"On a besoin de la paix chez nous"
Ce dont les réfugiés se plaignent le plus, c'est "no work, no money".
Les autorités françaises n'interviennent pas dans la Jungle, mais les réfugiés ne peuvent pas aller loin du camp pour chercher un emploi, ils sont interpellés par la police pour leur demander les papiers qu'ils n'ont pas.
"No work, no money, la vie est difficile", a dit Zabiullah provenant de Kunduz, la ville afghane où l'armée américaine avait bombardé un hôpital de Médecins sans frontières dans la nuit du 2 au 3 octobre dernier. Dans cette frappe aérienne, 30 personnes innocentes ont perdu la vie. Selon Zabiullah, il n'a accès à la nourriture qu'une fois par jour.
Des murmures circulent dans le camp sur le business entre Paris et Londres concernant le sort de ces réfugiés.
Des activistes humanitaires français ont aussi appelé à l'attention sur les conditions précaires de la Jungle, surtout à l'approche de l'hiver.
"En Afghanistan, il y a des bombardements, des explosions, on fuit. On a besoin de la paix chez nous pour retourner", a ajouté Zabiullah.
Après les attentats du vendredi 13 novembre à Paris, l'inquiétude augmente en France quant aux mesures plus rigoureuses envers les réfugiés et à la remontée de la tendance xénophobe.
Hasard ou non, deux chasseurs ont été autorisés samedi après-midi à faire de la chasse à quelques dizaines de mètres de la Jungle. Des bénévoles ont sonné l'alarme contre des tirs dangereux aussi près du camp, mais en vain.
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PARIS, 14 novembre (Xinhua) -- Le père et le frère du Français, formellement identifié comme l'un des auteurs de la prise d'otage au Bataclan vendredi soir au coeur de Paris, ont été arrêtés respectivement dans les départements de l'Aube et de l'Essonne en France, a rapporté samedi soir l'AFP, en citant des sources proches de l'enquête.