BISSAU, 4 octobre (Xinhua)-- Des divergences entre le président José Mario Vaz et le nouveau Premier ministre Carlos Correia, retardent la formation du gouvernement sur la nomination de certains ministres, constatent les analystes.

La nomination, le 17 septembre, de M. Correia, 84 ans, avait laissé espérer une sortie de la Guinée-Bissau d'une crise de plus deux mois. Cette crise était née du limogeage du Premier ministre Domingos Simoes Pereira par le président à la suite d'une mésentente entre les deux hommes qui appartiennent au même parti, le PAIGC.

La décision du président Vaz s'est heurté à une opposition du PAIGC (57 députés sur 102 à l'Assemblée nationale) qui selon la constitution, doit désigner le Premier ministre. La Cour suprême lui donnera raison en invalidant la nomination de Baciro Dja que le président Vaz avait nommé au poste de Premier ministre.

Le nouveau blocage résulte, selon les analystes, de la volonté du président Vaz de nommer des membres du gouvernement Correia, "un fait qui viole la constitution de la République".

"Le Premier ministre est chargé de proposer les membres du gouvernement", a précisé le juriste Silvestre Alves, citant la constitution.

"Le président de la République ne peut nommer les membres du gouvernement", a ajouté M. Alves.

Après avoir remis, vendredi la liste des membres du gouvernement au président Vaz, le nouveau Premier ministre a réaffirmé que la nomination des ministres "relève de la responsabilité du chef du gouvernement". Une compétence que la présidence de la république a réfutée dans un communiqué publié vendredi.

"La formation du gouvernement n'est pas de la seule de responsabilité du Premier ministre", indique le communiqué présidentiel.

La liste proposée vendredi au président de la République comporte trente-quatre ministres et secrétaires d'Etat), a révélé M. Correia. La plupart sont des membres du gouvernement dirigé par Domingos Simoes Pereira, ce qui explique le rejet de la liste par le président Vaz, soulignent les analystes,

Le chef de l'Etat, en démettant l'ancien Premier ministre Pereira avait accusé de corruption neuf membres de son gouvernement, sans les citer, ni fournir de preuves.

Quoi qu'il en soit, le Parti de la Rénovation Sociale (PRS), deuxième force politique avec 41 sièges, a annoncé, après négociations avec le parti majoritaire, qu'il n'intègrera pas le gouvernement de Carlos Correia.

"Le PRS fera une opposition constructive", a déclaré son porte-parole, Victor Pereira.

Cependant, les analystes estiment que la position de la PRS est seulement une stratégie visant à renverser le gouvernement par un vote de défiance à l'Assemblée nationale, afin de donner une marge de manoeuvre au président de la République.