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Il est temps pour Washington de participer avec Beijing au maintien de l'ordre d'après-guerre, estime un expert (INTERVIEW)

Publié le 2015-09-02 à 17:38 | french.xinhuanet.com

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WASHINGTON, 2 septembre (Xinhua) -- Il est grand temps pour les Etats-Unis de participer avec la Chine au maintien de l'ordre d'après-guerre et seule une étroite coopération entre les deux pays peut avoir un impact positif et stabilisant sur toute une série de sujets, estime le chercheur américain Ted Carpenter dans un entretien à Xinhua.

"L'ordre post-Seconde Guerre mondiale ne peut s'appliquer que partiellement au XXIe siècle. La condamnation des guerres agressives en fait partie, mais les déclarations du Caire et de Postdam ont également envisagé un monde divisé entre les Alliés victorieux et les puissances fascistes vaincues, principalement l'Allemagne et le Japon", estime M. Carpenter, chercheur principal en relations internationales et questions de défense à l'Institut Cato, un laboratoire d'idées basé à Washington.

"A l'ère d'aujourd'hui, ces deux pays doivent être considérés comme de grandes puissances responsables ayant l'obligation et le droit de contribuer à l'ordre mondial", dit-il, en ajoutant que le Japon doit suivre l'exemple de l'Allemagne et accepter la pleine responsabilité de l'agression qui a débouché sur la Seconde Guerre mondiale.

"Pour un ordre mondial stable au XXIe siècle, il faut respecter les prérogatives régionales des autres grandes puissances", poursuit M. Carpenter. Par conséquent, la Chine et les Etats-Unis doivent se considérer l'un l'autre comme des puissances égales, ce qui implique que Washington doit réajuster sa politique.

Cela signifie que la Chine doit accepter le fait que les Etats-Unis ont des intérêts très importants dans l'hémisphère occidental et s'attendent à être traités comme la puissance principale de cette région. En contrepartie, les Etats-Unis doivent accepter le fait que la Chine ait des intérêts très importants en Asie centrale et de l'Est et qu'elle attend des autres puissances qu'elles le comprennent aussi, selon lui.

Le chercheur pense que la région la plus controversée est l'Asie du Nord-Est, où la Chine et les Etats-Unis ont tous deux d'importants intérêts en jeu. Apprendre à y maîtriser la situation est un défi pour les deux puissances.

De plus, Ted Carpenter pense qu'une étroite coopération entre les deux puissances peut avoir "un effet bénéfique et stabilisant sur toute une série de sujets" tels que le programme nucléaire nord-coréen et d'autres types de prolifération nucléaire, la lutte contre le terrorisme islamique et la stimulation de la croissance économique mondiale.

Le chercheur estime que les Américains ont quelque peu "surappris les leçons de la Seconde Guerre mondiale", traumatisés qu'ils ont été par l'agression nippone, en particulier l'attaque de Pearl Harbor.

Malheureusement, la mentalité de la Guerre froide perdure, ce qui fait que le moindre épisode perturbateur est considéré comme une menace à la paix et à l'ordre mondial, poussant Washington à lancer des interventions militaires telles que l'invasion en Irak ou l'escalade de la guerre en Afghanistan.

"Au final, ces interventions ont causé plus de problèmes qu'elles n'en ont résolu", note M. Carpenter. "Les dirigeants américains doivent se montrer plus prudents et modérés lorsqu'ils s'agit de savoir si des développements négatifs dans tel ou tel pays menacent la sécurité ou les intérêts des Etats-Unis", dit-il.

A propos des déclarations du Caire (1943) et de Potsdam (1945), Ted Carpenter estime qu'aucune d'elles n'a eu d'impact décisif sur l'ordre mondial ou régional. "Mais le plus important est la mutation de la perception américaine d'un environnement menaçant et du rôle que les Etats-Unis pensent que leurs alliés doivent jouer", estime le chercheur.

"A un certain moment, les Etats-Unis ont soutenu l'idée d'un Japon bridé, voire carrément pacifique", note le chercheur. Mais ils ont ensuite changé d'avis, notamment en raison de leurs inquiétudes devant les projets stratégiques de la Chine et de la République populaire démocratique de Corée et aussi le souci de faire partager leur fardeau", selon M. Carpenter.

"Désormais, Washington veut un Japon militairement fort qui lui permette de préserver un ordre à l'américaine en Asie de l'Est et au-delà".

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