France : la question des migrants au centre des préoccupations du gouvernement (SYNTHESE)
Publié le 2015-08-31 à 16:37 | french.xinhuanet.com
PARIS, 31 août (Xinhua) -- A la suite de son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius qui a dénoncé dimanche le mur de barbelés anti-immigrés érigé par la Hongrie, le Premier ministre français, Manuel Valls, déclare depuis la Rochelle (Sud-Ouest France) que les demandeurs d'asile doivent être accueillis.
"Ceux qui fuient les guerres, les persécutions, la torture, les dictatures doivent être accueillis, c'est un principe universel qui fonde l'humanité", a déclaré Manuel Valls, dans son discours de clôture de l'Université d'été du Parti socialiste à la Rochelle.
Selon M. Valls, attendu ce lundi à Calais sur la question de migrants, chaque demande d'asile doit être examinée "rapidement" et les migrants doivent être traités "dignement, abrités et soignés".
"Notre devoir, dit-il, c'est de trouver des réponses durables, fondées sur des valeurs d'humanité, de responsabilité et de fermeté."
Le Premier ministre français fait cependant la distinction entre refugié et migrant économique : "Il y a aussi une immigration économique irrégulière et face à cela, il faut des règles strictes (...) l'espace schengen ce n'est pas seulement l'abolition des frontières entre Etats-membres, c'est aussi le contrôle de nos frontières extérieur, l'oublier c'est le mettre en péril", a indiqué M. Valls.
Quelques heures auparavant, c'est le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui dénonce le non respect des valeurs européennes par certains pays de l'UE, notamment la Hongrie qui a érigé un mur de barbelés à sa frontière avec la Serbie pour empêcher aux migrants de passer.
"La Hongrie fait partie de l'Europe et l'Europe a des valeurs et la Hongrie ne respecte pas les valeurs communes de l'Europe, en posant des grillages", a dénoncé M. Fabius, invité de l'émission Grand rendez-vous de Europe1.
M. Fabius juge "scandaleux" ce comportement de ces pays de l'Europe de l'Est qui refuse la répartition des demandeurs d'asile
"Quand je vois un certain nombre de pays d'Europe, en particulier des pays de l'Europe de l'Est, qui n'acceptent pas les contingents, je trouve ça scandaleux. Il faut que les autorités européennes aient une discussion sérieuse et même sévère avec les responsables", a proposé le ministre français des Affaires étrangères.
Il dénonce également le traitement que les médias et les politiques font de la question des migrants.
"Ce qui me choque, et les responsables politiques ne sont pas exonérés, c'est que j'entends qu'on parle de ce sujet comme s'il s'agissait de produits, de marchandises. Il faut toujours garder non seulement à l'esprit mais dans le cœur, que ce sont des hommes, des femmes et des enfants, avec leurs souffrances, leurs espérances", a insisté M. Fabius.
Selon lui, cet afflux des migrants vers l'Europe est en partie lié au dérèglement climatique et tant qu'on ne lutte pas contre ce phénomène, "ce ne sont plus des centaines de milliers de gens qui vont migrer mais des centaines de millions", a-t-il prévenu.
Phillipe Douste-Blazy, conseiller spécial du secrétaire général de l'ONU et également ancien ministre français des Affaires étrangères, a qualifié ce dimanche cette crise migratoire en Europe de "catastrophe".
"Il faut remonter aux pires heures de la Deuxième Guerre mondiale pour voir des conditions comme celles-là, faites à des êtres humains", a déclaré M. Douste-Balzy, de retour de Lampedousa, sur BFMTV.
Pour lui, la principale cause de cet afflux reste la pauvreté extrême : "Ils viennent parce qu'ils fuient l'extrême pauvreté qui entraîne corruption, violence et guerre civile. Et nous sommes responsables parce que nous savons depuis toujours qu'il y a maintenant deux milliards de personne sur la terre qui gagne moins de 1,50 dollar par jours", a indiqué M. Douste-Blazy.
Selon Philippe Douste-Balzy la solution n'est pas de monter des murs, comme c'est le cas en Hongrie et en Macédoine. "Mais, dit-il, si les cinq biens publics mondiaux : la nourriture, l'éducation, l'eau potable, la santé et les toilettes sont développés pour chaque être humain dans le monde, il y aura beaucoup moins de migration".
Les ministres de l'Intérieur et de la Justice de l'Union européenne vont se réunir d'urgence sur la situation en matière de migration le 14 septembre prochain à Bruxelles, selon un communiqué du Luxembourg qui assure la présidence de l'UE.
Le document ajoute que "c'est dans le but d'évaluer la situation sur le terrain, des actions politiques en cours et de discuter de nouvelles initiatives visant à renforcer la réponse européenne, le ministre Luxembourgeois de l'Immigration et de l'Asile a décidé d'organiser un conseil extraordinaire".