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Les puissances occidentales doivent reconnaître leurs responsabilités face à la crise des réfugiés (COMMENTAIRE)

Publié le 2015-08-31 à 15:57 | french.xinhuanet.com

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Une semaine d'actualités en images (du 24 au 30 août 2015)

Usain Bolt

LE CAIRE, 30 août (Xinhua) -- A l'heure où des bateaux remplis de réfugiés font naufrage dans la Méditerranée et tuent d'innombrables personnes, les puissances occidentales devraient reconnaître leurs responsabilités et faire plus pour aider les réfugiés.

Le monde a une fois de plus été choqué et attristé d'apprendre la semaine dernière le naufrage d'un bateau surchargé au large de la côte libyenne, qui a coûté la vie à au moins 105 réfugiés et fait une centaine de disparus.

Ces nouvelles déchirantes sont survenues quelques mois après une catastrophe similaire qui avait fait plus de 400 morts en avril au large de ce pays d'Afrique du Nord.

Selon les estimations de l'ONU, plus de 300.000 réfugiés et migrants ont tenté de traverser la Méditerranée pour rejoindre l'Europe depuis le début de cette année, parmi lesquels quelque 2.500 personnes ont trouvé la mort, une hausse considérable par rapport à l'année dernière.

Face aux cadavres de migrants qui échouent sur les côtes et aux dizaines de milliers de réfugiés qui ont eu la chance d'atteindre le continent européen pour demander l'asile, les Européens sont dans une situation difficile. Alors qu'ils s'affairent à publier des arrêtés de reconduite à la frontière, ils ne doivent pas oublier que la crise des réfugiés qu'ils cherchent tant à combattre aujourd'hui est dans une large mesure le fruit de leurs actes et de ceux de leur grand frère américain.

Selon Eurostat, le bureau des statistiques de l'UE, la Syrie, qui est embourbée dans une guerre civile totale depuis quatre ans à cause des interventions occidentales permanentes, était la principale source de réfugiés se rendant en Europe en 2013 et en 2014. Au cours du premier semestre de cette année, le pays se trouve encore en tête de cette liste.

Pourtant, à ce jour encore, les Etats-Unis continuent d'armer et de financer systématiquement les rebelles syriens. Malgré les déclarations officielles de Washington selon lesquelles les Etats-Unis soutiennent les groupes rebelles pour enrayer l'avancée de l'Etat islamique (EI), leur intention de renverser le président syrien Bachar al-Assad n'a jamais été un secret pour personne.

Comme la Syrie, les autres principaux pays et régions d'origine des réfugiés tels que l'Afghanistan, l'Irak et le Kosovo sont également victimes de l'ingérence occidentale.

La Libye, qui est à présent devenue le point de passage principal des réfugiés pour prendre la "route de la mort" vers l'Europe, est divisée et plongée dans l'anarchie depuis que les Etats-Unis et certains pays européens ont présidé à la destitution de l'ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi en 2011. Cela signifie que les gouvernements de l'autre côté de la Méditerranée ne devraient pas s'attendre à ce que le pays les aide à endiguer l'exode des réfugiés, du moins pour le moment.

En réalité, l'Europe, qui se plaint de l'afflux de réfugiés, n'est pas la principale destination d'accueil des personnes déplacées. En effet, des pays tels que le Liban et la Turquie ont accueilli le plus grand nombre de réfugiés.

Le Liban a accueilli jusqu'ici quelque 1,2 million de réfugiés syriens, tandis que la Turquie a reçu environ 2 millions de Syriens sans-abri depuis 2011.

Le grand nombre de réfugiés syriens a exercé une pression inimaginable sur les systèmes de finance et de service public libanais et la communauté internationale n'a jusqu'à présent pas tenu sa promesse d'aider le pays.

Pour surmonter cette crise délicate, l'Occident aurait dû faire plus pour remédier aux problèmes qu'il a créé. Mais la situation réelle sur le terrain n'est guère encourageante. Les grands pays européens s'accusent d'être responsables de la crise et concentrent leur attention sur les moyens d'endiguer l'afflux de migrants clandestins et de réfugiés plutôt que sur les moyens de les accueillir. Ils ne sont également pas parvenus à conclure un accord viable sur le nombre de réfugiés qu'ils sont prêts à recevoir.

Ces derniers jours, l'Allemagne a fait un pas en avant en annonçant qu'elle permettrait aux réfugiés syriens de rester et de demander l'asile. La chancelière allemande Angela Merkel a également exhorté les autres pays européens à faire preuve de solidarité pour faire face à une crise qu'elle a décrite comme un défi encore plus grand que celle de la dette grecque.

Le geste de l'Allemagne est louable, et d'autres pays occidentaux, dont les Etats-Unis, devraient suivre son exemple afin d'honorer véritablement l'esprit d'humanitarisme et de respecter les droits de l'Homme.

Les puissances occidentales devraient multiplier leurs missions de secours maritimes pour que ceux qui sont déjà en mer n'aient pas à craindre pour leur vie.

L'Occident devrait également contribuer à rétablir la paix et la stabilité dans des pays tels que la Libye et la Syrie, ce qui serait le remède ultime à la crise des réfugiés.

Si les puissances occidentales ne parviennent pas à agir rapidement et de façon décisive, elles devront faire face à un problème beaucoup plus grave à l'avenir que ce à quoi elles sont confrontées aujourd'hui.

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