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Le Burundi réalise des avancées dans la réduction de la malnutrition depuis 2010 (INTERVIEW)

French.xinhuanet.com   2015-08-29 09:59:07      

BUJUMBURA, 28 août (Xinhua) -- Le Burundi a réalisé des avancées dans la réduction de la malnutrition depuis 2010, fait remarquer Dr Déogratias Habonimana, médecin-directeur adjoint du "Programme National Intégré d'Alimentation et de Nutrition"(PNIAN) placé sous la tutelle du ministère burundais de la Santé Publique et de la lutte contre le SIDA.

"Une enquête faite en février 2014 sur l'insécurité alimentaire, a révélé que le taux de malnutrition chronique, qui était de 58% en 2010, a diminué pour atteindre aujourd'hui 48, 9%. Cela donne une indication que depuis 2010 à ce jour, il y a des actions qui ont été menées pour contribuer à la réduction de la malnutrition chronique au Burundi", a déclaré Dr Habonimana, qui s'exprimait avec une casquette d'expert au cours d'une interview accordée à Xinhua, en marge d'un atelier d'échanges d'expériences sur la prévention et la prise en charge de la malnutrition chronique au Burundi.

Au niveau de la prévention, vue notamment sous l'angle de la sécurité alimentaire, a-t-il expliqué, on relève que les autorités burundaises ont réussi à mobiliser beaucoup de fonds et d'efforts sur le volet de la sensibilisation afin d'augmenter la production vivrière.

Le fer de lance pour s'attaquer à la problématique d'insuffisance alimentaire au Burundi dans une perspective de diminuer de manière drastique la malnutrition chronique aura été, au cours des cinq dernières années, la communication pour le changement de comportement, a-t-il insisté.

Cette problématique de malnutrition alimentaire revêtant un caractère transversal, a-t-il signalé par ailleurs, les différents segments de l'administration publique (santé, agriculture, élevage, etc.), ont réussi à inculquer auprès de la population burundaise des enseignements sur l'impérieuse nécessité de diversifier les aliments.

"Ce qui a favorisé durant longtemps la persistance de la malnutrition chronique au Burundi, ce sont les habitudes alimentaires qui ont fait que la population n'a cessé de manger la même nourriture, tous les jours, avec comme effet pervers le manque des éléments nutritifs dont le corps humain a besoin", a-t-il martelé.

Aujourd'hui, a-t-il révélé, les enseignements dispensés sont en train de produire des fruits sur terrain; car, au niveau de la communauté, la population burundaise sait déjà quels types d'aliments à consommer pour obtenir des nutriments bien déterminés.

A l'actif de la réduction de la malnutrition chronique au Burundi, l'expert Habonimana a relevé le fait que de plus en plus les femmes burundaises adhèrent au programme d'allaitement exclusif de leurs bébés depuis la naissance jusqu'à six mois.

Les dividendes sont déjà visibles sur terrain, a-t-il signalé en faisant remarquer que l'adhésion massive à ce programme d'allaitement exclusif par les femmes allaitantes, a fait diminuer le niveau des diarrhées et des infections respiratoires chez les enfants burundais en bas âge (de 0 à cinq ans).

Toutefois, a fait remarquer l'expert Habonimana, au niveau de la prévention de la malnutrition, le principal défi reste la question de la diversification des aliments.

"Là où le bât blesse, c'est qu'on se heurte à certaines résistances pour le changement des comportements vis-à-vis des habitudes alimentaires étalées sur plusieurs décennies, voire des siècles. C'est pourquoi, changer les comportements pour éradiquer la malnutrition au Burundi, est encore une mission de longue haleine", a affirmé l'expert.

Les témoignages recueillis auprès des communautés populaires confirment cette tendance, a-t-il insisté.

Le second défi et non des moindres, a-t-il ajouté, est celui de pouvoir réussir la prise en charge des enfants frappés par la malnutrition aiguë notamment à travers des soins appropriés.

"Même quand nous parvenons à prévenir, il y a toujours des enfants qui nous passent dans les mailles du filet et développent de la malnutrition aiguë. Le défi, c'est de pouvoir les prendre en charge au plan sanitaire et nutritionnel. Car, les intrants nutritionnels coûtent très cher", a-t-il dit.

Cependant grâce à l'appui du Fonds des Nations Unies pour l'Enfance(UNICEF), le Burundi est parvenu à mettre en place 240 services nutritionnels au niveau des services sanitaires. Selon l'expert, en comparaison avec les nombreux centres de santé éparpillés à travers le Burundi, ces services de prise en charge nutritionnels restent de loin très insuffisants.

"Pouvoir trouver des partenaires pour la prise en charge des enfants mal nourris, reste un grand défi. Néanmoins, en amont, nous voudrions agir sur la prévention en évitant que de nombreux enfants burundais, tombent souvent malades, du fait de la malnutrition".

Selon l'expert Habonimana, en termes de perspective pour les générations à venir, l'ultime défi à relever est d'arriver à faire comprendre à tous les segments de la société burundaise, que la réponse à la problématique de malnutrition doit être multisectorielle.

Car, a-t-il tranché, on s'est longtemps trompé en pensant que la question de la malnutrition au Burundi, pouvait être réglée par le seul ministère de la Santé Publique.

En amont, a-t-il insisté, le Burundi doit trouver une solution durable au problème récurrent de l'insécurité alimentaire. C'est pourquoi, a-t-il plaidé, le ministère en charge de l'agriculture et celui en charge des Finances, doivent agir en synergie pour que les "ménages vulnérables" accèdent aux microcrédits. Ainsi, l'augmentation du pouvoir d'achat pour la population, peut être un créneau porteur pour la diversification des aliments.

L'expert Habonimana a recommandé aussi l'implication des autorités du ministère de l'Education Nationale.

"Car le problème fondamental auquel fait face le Burundi, c'est le niveau de la capacité de compréhension de la population. Pour y remédier, les écoles primaires devrait servir de pépinière pour inculquer aux enfants une conscience, sur l'importance de manger des aliments équilibrés", a-t-il proposé.

Le Burundi, a-t-il ajouté, devrait emboîter le pas aux pays de la sous-région comme le Rwanda, la Tanzanie et l'Ouganda, qui ont déjà enregistré d'importants progrès dans la lutte contre la malnutrition, à travers la fortification des éléments.

Le ministère de la Santé Publique, a-t-il révélé, envisage commencer la rédaction du plan stratégique national sur la fortification des aliments au Burundi, lequel va obliger toutes les industries alimentaires locales, d'accorder la première priorité à la fortification des aliments, en insistant sur l'omniprésence du fer et de la vitamine dans les repas servis aux enfants.

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Le Burundi réalise des avancées dans la réduction de la malnutrition depuis 2010 (INTERVIEW)

Publié le 2015-08-29 à 09:59 | french.xinhuanet.com

BUJUMBURA, 28 août (Xinhua) -- Le Burundi a réalisé des avancées dans la réduction de la malnutrition depuis 2010, fait remarquer Dr Déogratias Habonimana, médecin-directeur adjoint du "Programme National Intégré d'Alimentation et de Nutrition"(PNIAN) placé sous la tutelle du ministère burundais de la Santé Publique et de la lutte contre le SIDA.

"Une enquête faite en février 2014 sur l'insécurité alimentaire, a révélé que le taux de malnutrition chronique, qui était de 58% en 2010, a diminué pour atteindre aujourd'hui 48, 9%. Cela donne une indication que depuis 2010 à ce jour, il y a des actions qui ont été menées pour contribuer à la réduction de la malnutrition chronique au Burundi", a déclaré Dr Habonimana, qui s'exprimait avec une casquette d'expert au cours d'une interview accordée à Xinhua, en marge d'un atelier d'échanges d'expériences sur la prévention et la prise en charge de la malnutrition chronique au Burundi.

Au niveau de la prévention, vue notamment sous l'angle de la sécurité alimentaire, a-t-il expliqué, on relève que les autorités burundaises ont réussi à mobiliser beaucoup de fonds et d'efforts sur le volet de la sensibilisation afin d'augmenter la production vivrière.

Le fer de lance pour s'attaquer à la problématique d'insuffisance alimentaire au Burundi dans une perspective de diminuer de manière drastique la malnutrition chronique aura été, au cours des cinq dernières années, la communication pour le changement de comportement, a-t-il insisté.

Cette problématique de malnutrition alimentaire revêtant un caractère transversal, a-t-il signalé par ailleurs, les différents segments de l'administration publique (santé, agriculture, élevage, etc.), ont réussi à inculquer auprès de la population burundaise des enseignements sur l'impérieuse nécessité de diversifier les aliments.

"Ce qui a favorisé durant longtemps la persistance de la malnutrition chronique au Burundi, ce sont les habitudes alimentaires qui ont fait que la population n'a cessé de manger la même nourriture, tous les jours, avec comme effet pervers le manque des éléments nutritifs dont le corps humain a besoin", a-t-il martelé.

Aujourd'hui, a-t-il révélé, les enseignements dispensés sont en train de produire des fruits sur terrain; car, au niveau de la communauté, la population burundaise sait déjà quels types d'aliments à consommer pour obtenir des nutriments bien déterminés.

A l'actif de la réduction de la malnutrition chronique au Burundi, l'expert Habonimana a relevé le fait que de plus en plus les femmes burundaises adhèrent au programme d'allaitement exclusif de leurs bébés depuis la naissance jusqu'à six mois.

Les dividendes sont déjà visibles sur terrain, a-t-il signalé en faisant remarquer que l'adhésion massive à ce programme d'allaitement exclusif par les femmes allaitantes, a fait diminuer le niveau des diarrhées et des infections respiratoires chez les enfants burundais en bas âge (de 0 à cinq ans).

Toutefois, a fait remarquer l'expert Habonimana, au niveau de la prévention de la malnutrition, le principal défi reste la question de la diversification des aliments.

"Là où le bât blesse, c'est qu'on se heurte à certaines résistances pour le changement des comportements vis-à-vis des habitudes alimentaires étalées sur plusieurs décennies, voire des siècles. C'est pourquoi, changer les comportements pour éradiquer la malnutrition au Burundi, est encore une mission de longue haleine", a affirmé l'expert.

Les témoignages recueillis auprès des communautés populaires confirment cette tendance, a-t-il insisté.

Le second défi et non des moindres, a-t-il ajouté, est celui de pouvoir réussir la prise en charge des enfants frappés par la malnutrition aiguë notamment à travers des soins appropriés.

"Même quand nous parvenons à prévenir, il y a toujours des enfants qui nous passent dans les mailles du filet et développent de la malnutrition aiguë. Le défi, c'est de pouvoir les prendre en charge au plan sanitaire et nutritionnel. Car, les intrants nutritionnels coûtent très cher", a-t-il dit.

Cependant grâce à l'appui du Fonds des Nations Unies pour l'Enfance(UNICEF), le Burundi est parvenu à mettre en place 240 services nutritionnels au niveau des services sanitaires. Selon l'expert, en comparaison avec les nombreux centres de santé éparpillés à travers le Burundi, ces services de prise en charge nutritionnels restent de loin très insuffisants.

"Pouvoir trouver des partenaires pour la prise en charge des enfants mal nourris, reste un grand défi. Néanmoins, en amont, nous voudrions agir sur la prévention en évitant que de nombreux enfants burundais, tombent souvent malades, du fait de la malnutrition".

Selon l'expert Habonimana, en termes de perspective pour les générations à venir, l'ultime défi à relever est d'arriver à faire comprendre à tous les segments de la société burundaise, que la réponse à la problématique de malnutrition doit être multisectorielle.

Car, a-t-il tranché, on s'est longtemps trompé en pensant que la question de la malnutrition au Burundi, pouvait être réglée par le seul ministère de la Santé Publique.

En amont, a-t-il insisté, le Burundi doit trouver une solution durable au problème récurrent de l'insécurité alimentaire. C'est pourquoi, a-t-il plaidé, le ministère en charge de l'agriculture et celui en charge des Finances, doivent agir en synergie pour que les "ménages vulnérables" accèdent aux microcrédits. Ainsi, l'augmentation du pouvoir d'achat pour la population, peut être un créneau porteur pour la diversification des aliments.

L'expert Habonimana a recommandé aussi l'implication des autorités du ministère de l'Education Nationale.

"Car le problème fondamental auquel fait face le Burundi, c'est le niveau de la capacité de compréhension de la population. Pour y remédier, les écoles primaires devrait servir de pépinière pour inculquer aux enfants une conscience, sur l'importance de manger des aliments équilibrés", a-t-il proposé.

Le Burundi, a-t-il ajouté, devrait emboîter le pas aux pays de la sous-région comme le Rwanda, la Tanzanie et l'Ouganda, qui ont déjà enregistré d'importants progrès dans la lutte contre la malnutrition, à travers la fortification des éléments.

Le ministère de la Santé Publique, a-t-il révélé, envisage commencer la rédaction du plan stratégique national sur la fortification des aliments au Burundi, lequel va obliger toutes les industries alimentaires locales, d'accorder la première priorité à la fortification des aliments, en insistant sur l'omniprésence du fer et de la vitamine dans les repas servis aux enfants.

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