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Face à la crise des migrants, l'Europe doit redéfinir sa politique migratoire, selon un expert de l'ONU

Publié le 2015-08-27 à 12:18 | french.xinhuanet.com

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NEW YORK (Nations Unies), 26 août (Xinhua) -- Suite au chaos de ce weekend, où des milliers de migrants bloqués depuis plusieurs jours à la frontière entre la Grèce et l'ex-République yougoslave de Macédoine ont tenté de forcer le passage pour atteindre l'Europe occidentale, un expert des droits de l'homme de l'ONU a appelé la région à redéfinir intégralement sa politique migratoire.

"N'allons pas prétendre que ce que font actuellement l'UE et ses Etats membres fonctionne. Les flux migratoires ne vont pas disparaitre", a déclaré le Rapporteur spécial de l'ONU sur les droits de l'homme des migrants, François Crépeau dans un communiqué de presse rendu public.

"La construction de clôtures, l'utilisation de gaz lacrymogène et d'autres formes de violence contre les migrants et demandeurs d'asile, la détention, l'obstruction d'un accès à des services de base tels que des abris, de la nourriture ou de l'eau et l'utilisation d'un langage menaçant ou de discours haineux ne parviendront pas à empêcher les migrants de venir ou de tenter de de venir en Europe", a-t-il ajouté.

Face aux difficultés rencontrées pour gérer le flux de migrants et réfugiés venus de Grèce dans l'espoir de traverser le pays en direction de la Serbie, puis l'Europe occidentale, les autorités de l'ex-République yougoslave de Macédoine avaient fermé temporairement leur frontière vendredi 21 et samedi 22 août. Cette décision s'était immédiatement traduite par de violents incidents, alors que de nombreux réfugiés avaient tenté de déborder les forces de police, a noté le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

"La situation était nettement plus calme et à nouveau sous contrôle dimanche, alors que près de 2.000 personnes sont passées en ex-République yougoslave de Macédoine, ainsi qu'aujourd'hui", a ajouté lundi le HCR dans un communiqué de presse, ajoutant que plus de 10.000 personnes avaient atteint la Serbie depuis samedi soir après être parvenues à franchir la frontière gréco-macédonienne et à prendre le bus ou le train depuis la ville de Gevgelija.

Selon l'agence onusienne, la majorité des migrants interrogés par le personnel du HCR présent sur le terrain ont expliqué qu'ils avaient fui le conflit en Syrie avant de traverser la Turquie, puis la Méditerranée par bateau, afin d'atteindre la Grèce.

"En Serbie, le HCR soutient les autorités et les ONG afin d'accueillir et de prendre en charge les nouveaux arrivants au centre de transit de Presevo, dans le sud du pays", a poursuivi l'agence.

Le HCR s'efforce également, en coopération avec la Croix-Rouge, de réunir les familles de migrants présentes en ex-République yougoslave de Macédoine qui avaient été séparées dans la confusion lors du passage de la frontière vendredi et samedi derniers.

Face aux évènements de ces derniers jours, l'agence pour les réfugiés a appelé les autorités macédoniennes à renforcer leur présence le long de la frontière avec la Grèce afin de garantir l'ordre et la protection des migrants lors de leur passage. Le HCR a également demandé au gouvernement de la Grèce d'intensifier les enregistrements de réfugiés arrivant sur son territoire et de porter assistance aux personnes parquées du côté grec de la frontière, qui se trouvent actuellement dans des conditions difficiles.

Le rapporteur spécial de l'ONU sur les droits de l'homme des migrants, François Crépeau, a appelé l'Union européenne (UE) à redéfinir sa politique migratoire de façon à la rendre plus humaine, cohérente et exhaustive.

Selon l'expert des droits de l'homme de l'ONU, la souveraineté territoriale des Etats implique le contrôle des frontières, mais en aucun cas leur fermeture.

"Les frontières démocratiques sont poreuses par nature", a-t-il expliqué, appelant dans le même temps l'UE à retrouver la maîtrise de ses frontières extérieures, actuellement sous la mainmise des passeurs.

"Si les Européens veulent que leurs gouvernements reprennent le contrôle de leurs frontières, ils doivent les exhorter à miser sur la mobilité et à offrir aux migrants et demandeurs d'asile des voies officielles pour entrer et séjourner en Europe", a affirmé le Rapporteur spécial.

L'ouverture du marché du travail européen, notamment par le bais de visas spécifiques octroyés aux migrants, leur permettrait de venir chercher du travail tout en les incitant à repartir s'ils ne trouvent pas d'emploi, a-t-il précisé, ajoutant que le marché du travail n'en serait que mieux régulé.

"En outre, il existe un besoin clair et urgent pour l'Europe de créer, en coopération avec d'autres pays du Nord, un programme de réinstallation massive destiné aux réfugiés tels que les Syriens et Erythréens afin d'offrir une protection à 1,5 ou 2 millions d'entre eux au cours des cinq prochaines années", a affirmé M. Crépeau.

Afin de parvenir à changer la politique migratoire du continent, le Rapporteur spécial a par ailleurs appelé les dirigeants politiques européens à faire preuve de "leadership moral et politique" en luttant beaucoup plus vigoureusement contre le racisme, la xénophobie et les crimes de haine à l'encontre des migrants.

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