Accord-Bruxelles : les mesures imposées à la Grèce auront un effet récessif à court terme (INTERVIEW)

Publié le 2015-07-23 à 18:26 | french.xinhuanet.com

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PARIS, 23 juillet (Xinhua) -- Après l'accord conclu à Bruxelles, la vie reprend en Grèce, notamment avec la réouverture des banques et le début de l'application de réformes telles que la hausse de la TVA exigées par les créanciers. Mais elles risquent d'avoir un effet récessif, avec une augmentation des prix pour les citoyens grecs, a indiqué à Xinhua Jésus Castillo, économiste français à la banque Natixis.

D'après ce spécialiste de l'Europe du Sud, la dette grecque n'est pas soutenable et même une éventuelle restructuration de cette dette ne pourra pas résoudre le problème.

Selon M. Castillo, les réformes exigées à la Grèce dans le cadre de l'accord de Bruxelles auront des conséquences sur ses citoyens et sur l'économie de ce pays.

"Ces mesures vont d'abord coûter en terme de pouvoir d'achat aux Grecs. Donc, elles auront à court terme un effet récessif. On s'attend à ce qu'il y ait moins de consommation parce que les revenus en terme de pouvoir d'achat vont diminuer à cause des prix qui vont augmenter", a-t-il indiqué.

Il est aussi prévu de mettre en place une réduction des retraites et cela va également avoir un effet sur le pouvoir d'achat. A cela s'ajoute, selon M. Castillo, toutes les mesures concernant la réforme fiscale qui pourront aussi avoir des conséquences, en plus du revenu des ménages, sur l'investissement des entreprises. Parce que "d'une part cela va jouer sur l'impôt sur les sociétés, mais aussi réduire les incitations à investir", a expliqué l'économiste.

S'agissant des effets à long terme de ces réformes sur l'économie grecque, Jésus Castillo estime qu'en élaborant l'accord de Bruxelles, les acteurs ne se sont pas posé la question de savoir "quel est le modèle de la croissance de la Grèce? Comment peut-elle faire de la croissance à moyen terme?".

Le tourisme est le secteur moteur de l'économie grecque, mais il ne suffit pas à lui tout seul et l'accord de Bruxelles n'a rien proposé d'autre qui permette de faire redémarrer la croissance en Grèce, relève l'analyste.

Pour l'économiste français, il suffit de voir le montant total de la dette (320 milliards d'euros, 177% du PIB) pour se convaincre qu'elle n'est pas soutenable. "C'est pourquoi, l'idée d'une restructuration de la dette, émise par le Fonds monétaire international (FMI), est quelque chose de tout à fait rationnel d'un point de vue économique", selon lui.

"Une restructuration de la dette va permettre de régler une partie de la question. Car, au début, il n'y aura pas d'effet sur la croissance parce que les taux d'intérêt que la Grèce doit payer sont déjà très bas. Et cela fait déjà plusieurs années qu'on lui prête de l'argent via des mécanismes financiers européens à des taux d'intérêt qui sont très bas", a expliqué Jésus Castillo.

Le taux d'intérêt moyen en Grèce est aujourd'hui autour de 2,30%. Un taux plus bas, selon M. Castillo, que certains pays de la zone euro, comme le Portugal qui a des taux plus élevés.

Le spécialiste de l'Europe du Sud tire deux leçons de cette crise : la première est "qu'il y a une réelle volonté politique de préserver l'intégrité et l'unité politique de la zone euro. Malgré le fait que les discussions ont été très tendues, on a choisi l'option d'aller vers un accord -qui n'est pas forcément le meilleur du monde- mais qui a envoyé un signal que la zone euro ne va pas éclater", analyse-t-il

La deuxième, regrette-t-il, "c'est qu'on n'a pas tiré les leçons du passé quand on demande aujourd'hui à la Grèce d'appliquer une nouvelle fois des recettes qui n'ont pas fonctionné au cours du premier plan d'aide, c'est-à-dire de mettre en place des réformes très dures, très rapidement, et qui ont des effets récessifs importants".

Ce spécialiste doute des capacités d'Athènes à mettre en place ces réformes assez rapidement et s'inquiète des conséquences qu'elles vont avoir sur l'économie du pays.

"On n'est pas très sûr, finalement, que la Grèce réussisse à atteindre ces objectifs quantitatifs en terme de réduction de l'équilibre des comptes publics. Et même sur des résultats qualitatifs qui sont la réforme de l'administration : comment faire pour mieux collecter l'impôt ou pour arrêter toute la corruption, le clientélisme et autres problèmes qui traversent toute l'administration publique grecque", s'inquiète M. Castillo.

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Accord-Bruxelles : les mesures imposées à la Grèce auront un effet récessif à court terme (INTERVIEW)

Publié le 2015-07-23 à 18:26 | french.xinhuanet.com

PARIS, 23 juillet (Xinhua) -- Après l'accord conclu à Bruxelles, la vie reprend en Grèce, notamment avec la réouverture des banques et le début de l'application de réformes telles que la hausse de la TVA exigées par les créanciers. Mais elles risquent d'avoir un effet récessif, avec une augmentation des prix pour les citoyens grecs, a indiqué à Xinhua Jésus Castillo, économiste français à la banque Natixis.

D'après ce spécialiste de l'Europe du Sud, la dette grecque n'est pas soutenable et même une éventuelle restructuration de cette dette ne pourra pas résoudre le problème.

Selon M. Castillo, les réformes exigées à la Grèce dans le cadre de l'accord de Bruxelles auront des conséquences sur ses citoyens et sur l'économie de ce pays.

"Ces mesures vont d'abord coûter en terme de pouvoir d'achat aux Grecs. Donc, elles auront à court terme un effet récessif. On s'attend à ce qu'il y ait moins de consommation parce que les revenus en terme de pouvoir d'achat vont diminuer à cause des prix qui vont augmenter", a-t-il indiqué.

Il est aussi prévu de mettre en place une réduction des retraites et cela va également avoir un effet sur le pouvoir d'achat. A cela s'ajoute, selon M. Castillo, toutes les mesures concernant la réforme fiscale qui pourront aussi avoir des conséquences, en plus du revenu des ménages, sur l'investissement des entreprises. Parce que "d'une part cela va jouer sur l'impôt sur les sociétés, mais aussi réduire les incitations à investir", a expliqué l'économiste.

S'agissant des effets à long terme de ces réformes sur l'économie grecque, Jésus Castillo estime qu'en élaborant l'accord de Bruxelles, les acteurs ne se sont pas posé la question de savoir "quel est le modèle de la croissance de la Grèce? Comment peut-elle faire de la croissance à moyen terme?".

Le tourisme est le secteur moteur de l'économie grecque, mais il ne suffit pas à lui tout seul et l'accord de Bruxelles n'a rien proposé d'autre qui permette de faire redémarrer la croissance en Grèce, relève l'analyste.

Pour l'économiste français, il suffit de voir le montant total de la dette (320 milliards d'euros, 177% du PIB) pour se convaincre qu'elle n'est pas soutenable. "C'est pourquoi, l'idée d'une restructuration de la dette, émise par le Fonds monétaire international (FMI), est quelque chose de tout à fait rationnel d'un point de vue économique", selon lui.

"Une restructuration de la dette va permettre de régler une partie de la question. Car, au début, il n'y aura pas d'effet sur la croissance parce que les taux d'intérêt que la Grèce doit payer sont déjà très bas. Et cela fait déjà plusieurs années qu'on lui prête de l'argent via des mécanismes financiers européens à des taux d'intérêt qui sont très bas", a expliqué Jésus Castillo.

Le taux d'intérêt moyen en Grèce est aujourd'hui autour de 2,30%. Un taux plus bas, selon M. Castillo, que certains pays de la zone euro, comme le Portugal qui a des taux plus élevés.

Le spécialiste de l'Europe du Sud tire deux leçons de cette crise : la première est "qu'il y a une réelle volonté politique de préserver l'intégrité et l'unité politique de la zone euro. Malgré le fait que les discussions ont été très tendues, on a choisi l'option d'aller vers un accord -qui n'est pas forcément le meilleur du monde- mais qui a envoyé un signal que la zone euro ne va pas éclater", analyse-t-il

La deuxième, regrette-t-il, "c'est qu'on n'a pas tiré les leçons du passé quand on demande aujourd'hui à la Grèce d'appliquer une nouvelle fois des recettes qui n'ont pas fonctionné au cours du premier plan d'aide, c'est-à-dire de mettre en place des réformes très dures, très rapidement, et qui ont des effets récessifs importants".

Ce spécialiste doute des capacités d'Athènes à mettre en place ces réformes assez rapidement et s'inquiète des conséquences qu'elles vont avoir sur l'économie du pays.

"On n'est pas très sûr, finalement, que la Grèce réussisse à atteindre ces objectifs quantitatifs en terme de réduction de l'équilibre des comptes publics. Et même sur des résultats qualitatifs qui sont la réforme de l'administration : comment faire pour mieux collecter l'impôt ou pour arrêter toute la corruption, le clientélisme et autres problèmes qui traversent toute l'administration publique grecque", s'inquiète M. Castillo.

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