Grèce : l'appel de Tsipras à un référendum accroît l'incertitude, provoque de nouveaux retraits d'argent aux banques (SYNTHESE)

Publié le 2015-06-27 à 14:42 | french.xinhuanet.com

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par Maria Spiliopoulou

ATHENES, 27 juin (Xinhua) -- L'appel surprise à la tenue d'un référendum le 5 juillet en Grèce sur un éventuel accord entre le gouvernement grec et ses créanciers accroît l'incertitude sur l'avenir du pays, notent les analystes.

Signe d'incertitude, on a vu des Athéniens faire la queue tôt samedi devant les distributeurs d'argent, craignant sans doute pour leur épargne si aucun accord n'était trouvé dans les prochains jours.

En effet, sans accord sur un nouveau plan d'aide avant la date butoir de mardi prochain, la Grèce risque de se retrouver en défaut de paiement, avec le risque potentiel d'une exclusion de la zone euro. Le pays doit en effet rembourser à cette date 1,5 milliard d'euros au Fonds monétaire international (FMI).

Au terme d'une semaine de négociations marathon à Bruxelles et à quelques heures d'une nouvelle réunion des ministres des Finances de l'Eurogroupe, M. Tsipras a annoncé dans la nuit de vendredi à samedi que tout nouveau plan d'aide qui serait conclu avec les bailleurs de fonds serait soumis au vote des Grecs.

Cette décision, adoptée unanimement en conseil des ministres, est une réponse politique claire à "l'ultimatum" formulé par les créanciers, a-t-il expliqué. Dans son discours télévisé à la nation, il a affirmé que "l'objectif de certains de nos partenaires est l'humiliation d'un peuple tout entier" et non pas "la recherche d'un accord viable et bénéfique à tous". Pour lui, les dernières propositions sapent les douloureux efforts consentis par les Grecs ces dernières années pour mettre fin à l'austérité, restaurer la croissance et la justice sociale.

Les déclarations à la presse de ministres et de députés du parti de la gauche radicale Syriza au pouvoir laissent à penser que la proposition de M. Tsipras sera adoptée ce samedi par la Voulia, le Parlement grec. "La démocratie avait besoin d'un coup de fouet concernant l'euro. Nous l'avons donné. Que le peuple décide", a tweeté le ministre des Finances, Yanis Varoufakis.

Les partis d'opposition et des commentateurs dans les médias ont critiqué la décision gouvernementale en jugeant que l'annonce d'un tel référendum à risque pourrait déclencher des troubles financiers, politiques et sociaux dans les heures et jours à venir. Pour certains, ce référendum pourrait se transformer en vote pour ou contre l'euro.

Des analystes voient dans la manoeuvre de Tsipras une ultime tentative pour pousser des créanciers qui redouteraient un Grexit à faire des concessions et négocier un meilleur plan d'aide pour Athènes. D'autres pensent que cette décision ne va faire qu'accroître spectaculairement l'incertitude et faire peser des risques majeurs sur la Grèce.

Beaucoup rappellent le précédent de 2011 quand le Premier ministre de l'époque, le socialiste Georges Papandréou, avait lui aussi lancé un appel surprise à un référendum. Or là, le résultat semblait facilement prévisible, les Grecs soutenant massivement l'euro. Mais la sévère crise sociale et économique en Grèce a eu raison de M. Papandréou, qui a cédé sa place à un gouvernement de transition, prolongeant l'instabilité politique du pays.

Cette fois, un "non" le 5 juillet pourrait entraîner la Grèce vers un défaut de paiement et un Grexit, selon certains analystes. D'après les derniers sondages en date, une majorité écrasante de Grecs dit vouloir rester dans la zone euro, mais un pourcentage égal d'environ 70% soutient la rhétorique gouvernementale contre une proposition de plan d'aide "humiliante et barbare".

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