FRANCFORT, 21 juin (Xinhua) -- L'économie chinoise est en bonne santé et possède un grand potentiel de développement futur, a déclaré lors d'une interview avec Xinhua Carsten Herrmann-Pillath, enseignant-chercheur en sciences économiques évolutionnistes à l'Université allemande de Witten/Herdecke.

Au sens macro-économique, l'économie chinoise est encore extrêmement saine si l'on considère son taux de croissance, son inflation, et sa balance des paiements, a-t-il indiqué.

Il a expliqué que, étant donné la faible inflation, la banque centrale chinoise a une grande liberté afin de soutenir la croissance économique à court terme. La banque centrale de Chine a réduit les taux d'intérêts et les réserves obligatoires, "donc ils ont une très bonne gestion de leur politique monétaire", a-t-il ajouté.

Concernant le système fiscal chinois, dont certains déclarent que son niveau d'endettement pourrait être problématique, M. Herrmann-Pillath a indiqué qu'"il est aussi en pleine santé comparé aux économies occidentales et à celle du Japon".

A en juger par les deux outils macro-économiques standards, à savoir la politique monétaire et la politique fiscale, le "gouvernement chinois a encore de nombreux moyens de soutenir sa croissance économique", a-t-il précisé.

Quant au ralentissement du taux de croissance en Chine, M. Herrmann-Pillath ne voit aucune raison de s'inquiéter. "D'une certaine manière, ce ralentissement du taux de croissance était ce que le gouvernement chinois souhaitait atteindre".

Le gouvernement chinois souhaite modifier son modèle de croissance économique, ce qui implique une hausse de l'innovation, basée sur la consommation plutôt que sur l'investissement, a expliqué l'économiste allemand.

Il a précisé que la Chine désire garder sa croissance à faible niveau tout en portant plus d'attention à l'amélioration du niveau de vie et du travail de sa population.

M. Herrmann-Pillath a également indiqué que l'investissement en Chine était auparavant très élevé, ce qui n'était pas viable. Le gouvernement chinois a ainsi décidé de réduire l'investissement et d'augmenter la consommation, pour faire de cette dernière un moteur de croissance. "C'est une très bonne idée et cela devait être fait", a-t-il ajouté.

Selon lui, l'urbanisation va devenir un moteur de croissance économique en Chine pour les 20 prochaines années.

Il y a encore en Chine de nombreuses zones rurales sous-développées qui ont besoin d'être transformées. La Chine possède de bonnes infrastructures et continue d'investir dans ce secteur, ce qui est une condition très importante pour le développement de ces zones sous-développés, a-t-il affirmé.

Selon M. Herrmann-Pillath, la Chine a encore une grande part de fermiers dans son secteur de l'agriculture, ce qui veut dire qu'il y a encore de la place pour des réformes structurels. "Si l'on regarde l'histoire économique mondiale, cela a toujours été un moteur de croissance économique". Il a expliqué que les personnes tendent à passer du secteur de l'agriculture vers le secteur industriel, d'un secteur avec une faible productivité vers un secteur avec une plus grande productivité.

L'économiste allemand considère que les discussions au sujet du piège du revenu moyen en Chine peuvent prêter à confusion en raison de la diversité de la Chine. "Il est totalement erroné de considérer la Chine en tan qu'un seul grand élément".

Certaines provinces chinoises sont plus grandes qu'un pays européen en terme de population, a-t-il précisé, ajoutant que certaines provinces de Chine sont déjà au-delà du piège du revenu moyen alors que certaines autres sont moins développées.

Des personnes talentueuses sont nécessaires pour exploiter les opportunités de croissance, explique M. Herrmann-Pillath, suggérant à la Chine de faire des efforts pour améliorer son système d'éducation.