PARIS, 11 mai (Xinhua) -- Poursuivant sa tournée marathon dans les Caraïbes, le président français, François Hollande, est arrivé dimanche soir à La Havane pour une "visite historique", où il espère positionner les entreprises françaises en vue de l'ouverture économique de l'île, rapporte lundi la presse française.

Le but de cette étape à La Havane est "bien de s'engouffrer dans l'ouverture économique qu'esquisse le frère et successeur de Fidel Castro", écrit lundi le journal Le Monde, pour qui François Hollande "devient le roi de la 'diplomatie économique'".

Même son de cloche dans les lignes de L'Express, pour qui "François Hollande effectue ce lundi une visite historique à La Havane pour défendre les intérêts français et européens dans un pays qui aspire à l'ouverture économique".

Selon la délégation française en visite à Cuba, tout va aller "vite, très très vite" sur l'île, avant que "les autres pays européens ne rappliquent et surtout avant que les Etats-Unis ne lèvent l'embargo commercial, il faut bétonner les positions des entreprises françaises", note de son côté Libération.

"Le jour où les Etats-Unis lèveront l'embargo (...) ça va créer un appel d'air phénoménal" et il s'agit "de se positionner", écrivait dimanche Le Parisien, citant l'entourage de François Hollande.

Ainsi, le président de la République amène-t-il avec lui à Cuba "une flopée de dirigeants de grandes entreprises françaises, comme Pernod Ricard, Air France, Accor...", poursuit le journal.

Cette visite "intervient (...) en plein dégel américano-cubain, initié le 17 décembre 2014 et scellé le 11 avril à Panama par une poignée de main historique entre Raul Castro et Barack Obama", rappelle Le Parisien, ajoutant qu'"il s'agit de placer ses pions dans la perspective d'une levée de l'embargo américain" frappant depuis 1962 l'île.

L'idée de ce voyage, "c'est que la France soit la première au nom de l'Europe et parmi les pays occidentaux à pouvoir dire aux Cubains que nous sommes à leur côté s'ils décident eux-mêmes de franchir les étapes nécessaires vers l'ouverture", a lui-même expliqué François Hollande à la presse avant d'arriver à La Havane dimanche soir.

L'ensemble de la presse souligne par ailleurs le caractère historique de cette visite puisque François Hollande devient ainsi "le premier chef d'Etat français à se rendre sur l'île depuis son indépendance en 1898", selon le quotidien les Echos, ou encore "le premier chef d'Etat occidental à se rendre dans l'île de Fidel Castro depuis la révolution", note Libération.

Pour Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), cité par Les Echos, en se rendant à La Havane, François Hollande envoie "un signal important aux négociateurs de Bruxelles en inscrivant la France derrière la négociation collective", précisant que c'est aussi un signal en direction des Etats-Unis.

Par ailleurs, François Hollande vient là à des fins bilatérales, puisque "les Cubains sont en train de diversifier leurs partenaires et ont des coopérations aujourd'hui avec de nombreux Etats comme l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne, le Canada, le Mexique, la Colombie, la Chine ou encore le Brésil", rappelle le spécialiste.

"Tourisme, infrastructures, agroalimentaire, santé : autant de secteurs aux besoins importants que va aborder le forum économique que conclura le président français avant de s'entretenir avec Raul Castro", souligne Les Echos.

D'après le site d'information FranceTV Info, "une soixantaine d'entreprises sont présentes sur l'île, dont Bouygues, Air France, Total et Pernod-Ricard, premier investisseur français à Cuba sous sa marque Havana Club. Le rhum représente d'ailleurs la moitié des exportations vers la France".

"L'an dernier, les exportations françaises (vers Cuba) n'ont atteint que 157 millions d'euros. Preuve que la marge de progression est bien réelle", conclut les Echos.