HARARE, 2 mai (Xinhua) -- Les dirigeants de 15 pays d'Afrique australe ont adopté une stratégie sur cinquante ans pour industrialiser la région.
Selon les experts, cette stratégie pourrait apporter des opportunités énormes à la coopération Chine-Afrique car Beijing a annoncé plus tôt cette année son intention de faire de la coopération Chine-Afrique dans les capacités industrielles une priorité.
Cette stratégie, qui doit être appliquée en trois phases sur la période de 2015 à 2063, a été adoptée lors du sommet extraordinaire des chefs d'État et de gouvernement de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) qui a eu lieu mercredi à Harare, capitale du Zimbabwe.
Cette stratégie repose sur trois piliers, à savoir l' industrialisation, la compétitivité et l'intégration régionale, avec pour but de transformer cette région, actuellement un exportateur de matières premières minières, en un exportateur net majeur de produits transformés au niveau mondial.
La secrétaire exécutive de la SADC, Lawrence Tax, a déclaré à Xinhua qu'il y avait "beaucoup de place" pour des investissements chinois.
"La Chine peut jouer un grand rôle dans la mise en oeuvre de notre stratégie d'industrialisation. La Chine est une économie industrialisée et nous pensons que nous pouvons apprendre de ses expériences pour parvenir au succès qu'elle connaît, et nous pouvons également apprendre d'elle sur le plan technologique ainsi que dans la manière dont elle a utilisé les zones économiques spéciales", a déclaré Mme Tax.
La Chine pourrait contribuer à soutenir le développement des infrastructures dans la région, ainsi qu'en tant que partenaire du secteur privé dans la mise en oeuvre de projets d' industrialisation, a-t-elle ajouté.
Mme Tax a également invité les gouvernements accueillant ces investissements en Afrique à mettre en place un environnement favorable et propice au secteur privé chinois pour qu'il puisse participer à l'impulsion d'industrialisation de la région.
Le commerce bilatéral, les investissements directs et les projets d'infrastructure financés par des prêts sont les trois piliers des échanges économiques entre la Chine et l'Afrique. Parmi ces trois piliers, les investissements directs chinois sont étroitement liés à l'industrialisation de la région.
D'après les statistiques officielles chinoises, les investissements directs chinois en Afrique s'élevaient à quelque 30 milliards de dollars environ en fin 2014. La région de la SADC a absorbé environ 40% de ces investissements au fil des années car les entreprises chinoises ont créé des usines, exploité des mines, et développé des prix et services dans cette sous-région caractérisée par sa stabilité politique.
Au cours de sa visite en Afrique l'année dernière, le Premier ministre chinois Li Keqiang a invité les investisseurs chinois et leurs partenaires africains à faire grimper ce chiffre jusqu'à 100 milliards de dollars au cours des six prochaines années, une période relativement courte.
Le directeur exécutif du centre de documentation et de recherche d'Afrique australe (SARDC), Munetsi Madakufamba, a déclaré à Xinhua que la stratégie d'industrialisation de la SADC offrait des opportunités d'investissement immenses pour la Chine dans des secteurs tels que les industries de la chaîne de valeur, les infrastructures et les zones économiques spéciales.
Certains des projets d'industrialisation envisagés pourraient créer des chaînes de valeur au-delà des frontières et ce type de projets nécessite des investissements importants pour être concrétisé, a-t-il souligné.
"Il y a plusieurs secteurs d'activités qui peuvent être développés sur des chaînes de valeur régionales, et c'est un processus qui nécessite beaucoup d'argent et d'investissements. Ainsi, du point de vue de l'investissement, je pense que c'est là que la Chine peut venir pour investir dans ces industries susceptibles d'être développées le long de chaînes de valeur", a-t- il dit.
La Chine a une riche expérience dans les zones économiques spéciales alors que l'Afrique australe voudrait puiser dans cette expérience pour développer ses propres zones économiques, a déclaré Madakufamba, ajoutant que les zones économiques qui sont bénéfiques à la stratégie d'industrialisation de la SADC serait celles qui fonctionnent à travers les frontières.
Il a déclaré que le scénario idéal pour les entreprises serait d'utiliser les matières premières de la région.