Le naufrage de deux bateaux de migrants en une semaine relance le débat sur l'efficacité des politiques migratoires de l'UE (SYNTHESE)

Publié le 2015-04-20 à 08:06 | french.xinhuanet.com

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PARIS, 19 avril (Xinhua) -- Le double naufrage en Méditerranée, qui a coûté la vie à plusieurs centaines de migrants dans la nuit des 11 et 18 avril, relance le débat sur le phénomène de l'immigration clandestine. Certains politiques, ONG et spécialistes des immigrations s'interrogent désormais sur l'efficacité des politiques migratoires de l'Union européenne (UE).

Les deux naufrages survenus en une semaine, en Méditerranée et ayant causé la mort de plusieurs centaines de migrants - près de 400 pour le premier naufrage et environ 700 pour le second, rapporte la presse - sont la preuve de l' explosion du flux migratoire, selon les experts.

Malgré l'existence d'une agence européenne pour la surveillance des frontières extérieures de l' UE dénommée Frontex, mais aussi de Triton, une opération navale de protection des frontières de l' UE lancée en novembre 2014, la tragédie se reproduit.

"Aujourd' hui, il y a une augmentation sur un an de 250% des migrations illégales. Il faut donc une autre politique migratoire. Il y a beaucoup d'incohérences dans la politique menée aujourd' hui", s' est plaint l'ancien ministre français de l' Immigration Brice Hortefeux dans la presse.

D'après les dernières statistiques de Frontex, qui coordonne les opérations de contrôle de l' immigration avec les Etats membres de l' UE, les entrées illégales dans l' espace UE sont passées de 90 924 en (2012/2013) à 230 901 en (2013/2014) soit une évolution de +153%.

Cette agence signale également une augmentation du nombre de passeurs appréhendés, allant de 7 137 à 9 376 soit +31% sur la même période.

Cécile Kyenge, ancien ministre italien de l' Immigration a déploré pour sa part dans la presse, l'absence de "politique claire" et le manque de coordination des Etats de l' UE pour faire face au phénomène de l'immigration clandestine.

"L' UE doit avoir une politique assez claire pour coordonner les 28 pays membres. A partir de maintenant, on doit comprendre que les frontières extérieures de l' UE appartiennent à l' UE et non, seulement à l' Itatlie. C' est le moment de commencer à faire une véritable intégration politique au sein de l' UE afin que sur chaque question, comme celle de l' immigration, les Etats membres se mettent sur la table pour trouver des solutions", a fait savoir Mme Kyenge par ailleurs député européen, sur les ondes de France inter.

Dans ce combat contre l' immigration illégale, certains Etats de l' UE comme la France et l' Espagne ont signé depuis 2006, des accords avec les pays d' émigration, notamment ceux de l'Afrique subsaharienne.

Cette politique consiste à organiser, dans le cadre d' un partenariat, une gestion cohérente des flux migratoires à partir des pays d' origine.

Mais à l' instar de Frontex et Triton, cette politique d' organisation des flux migratoires n'a pas réussi à freiner le phénomène de l'immigration illégale.

"Il s' agit des accords de police et non des accords d' accompagnement. Or les accords de police ne peuvent pas à eux seuls suffire à réguler le phénomène complexe de l'immigration clandestine", a expliqué à l'Agence de presse Xinhua, le sociologue des migrations, Mamadou Dème.

Selon lui, les Etats subsahariens, signataire de ces accords, n'ont pas les moyens de donner les engagements susceptibles d' empêcher leurs jeunes de partir.

Résultat : "Les accords n'ont pas eu l' effet escompté. Tout comme Frontex qui est confrontée au manque de politique de solidarité des Etats membres de l' UE. Cela fait que, les moyens de cette police européenne de contrôle (Frontex) ne sont pas aussi énormes pour faire face à l' arrivée massive et incessante des migrants vers l' Europe", a souligné M. Dème.

Quant aux ONG, elles dénoncent l' absence d' opération de sauvetage face à ces catastrophes. "Les capacités de recherche et de sauvetage en Méditerranée doivent immédiatement être renforcées, et avec tous les moyens disponibles afin de sauver des milliers de vies humaines", a indiqué "Save the Children", dans un communiqué, après le premier naufrage du 11 avril.

Cette ONG qui défend les droits des enfants dans le monde, confirme également l' augmentation du nombre de migrants clandestins notamment à causse de l' instabilité en Libye et en Syrie, pays où partent les bateaux d' infortunes : "rien que depuis janvier 2015, plus de 17 500 personnes ont atteint les côtes italiennes, dont 8% d' enfants non accompagnés".

Pourtant, après le naufrage de Lampedusa, l' Italie avait mis sur pied "Mare Nostrum", une opération de sauvetage pilotée par sa marine militaire, avant de l' abandonner, un an plus tard, en novembre 2014.

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