Le Premier ministre français Manuel Valls (Photo : Xinhua)
PARIS, 27 janvier (Xinhua) -- Les relations franco-chinoises reposent sur deux valeurs : la longévité et la vitalité de leurs échanges, a indiqué le Premier ministre français Manuel Valls dans une interview exclusive accordée à l'agence de presse Xinhua (Chine nouvelle), avant sa visite officielle en Chine du 29 au 31 janvier, à l'invitation de son homologue chinois Li Keqiang.
"J'accorde une très grande importance à ce déplacement en Chine. Un pays que je connais car j'ai déjà eu l'occasion de le visiter lors de l'exposition universelle de 2010 et de constater toute l'étendue et la richesse de notre relation", a déclaré le chef du gouvernement français.
Aujourd'hui, l'essor des relations bilatérales doit se poursuivre et "nous y travaillons avec le Premier ministre, M. Li Keqiang", a indiqué M. Valls. La France et la Chine ont à gagner mutuellement en favorisant leurs investissements croisés. Et il voulait dire que la France "est plus que jamais ouverte à la Chine, à ses investisseurs, à ses étudiants et à ses touristes".
L'année 2014 a permis d'approfondir les relations bilatérales sur de nombreux sujets : en matière de lutte contre le terrorisme, renforcée après les événements que la France a connus au début de janvier 2015; sur les sujets économiques, en raison des partenariats fructueux notamment dans le secteur de l'aéronautique ou de l'automobile ; et sur les sujets environnementaux. A ce titre, l'année 2015 sera "déterminante", avec la tenue de la COP21 à Paris, au cours de laquelle un accord "ferme et durable" devra être conclu pour répondre à l'urgence écologique. La Chine aura d'ailleurs un "rôle important à jouer" dans la réussite de cette conférence, a ajouté Manuel Valls.
2014 a été une année "exceptionnelle" et la commémoration du 50ème anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques franco-chinoises, "plébiscitée" par le public chinois et français, a permis de "rapprocher nos deux cultures". La visite du président chinois Xi Jinping en France en mars 2014 a également été un "grand moment", rappelant l'importance des relations bilatérales, a dit Manuel Valls.
"Notre projet, désormais, c'est de tracer la feuille de route du partenariat franco-chinois à venir. Il doit être tout aussi ambitieux et porter sur des problématiques communes : la croissance verte, l'urbanisme durable et le vieillissement de la population. La France a dans ses domaines une expertise et un savoir-faire qui peuvent accompagner les évolutions actuelles que connait la Chine", a soutenu le Premier ministre français.
Interrogée sur la coopération d'entreprise et d'investissement entre les deux pays, Manuel Valls a rappelé que depuis 20 ans, "de remarquables réalisations" ont été menées, notamment dans le domaine de l'aéronautique.
Lors de son séjour chinois, il envisage de visiter l'usine d'assemblage d'Airbus de Tianjin (nord de Chine) qui "illustre, à elle seule, ce que la France et la Chine peuvent faire de mieux ensemble : l'innovation, la coproduction, la haute technologie et les secteurs d'avenir".
La coopération franco-chinoise dans le domaine du nucléaire, une filière d'excellence, est également "remarquable". Et le secteur de l'automobile, a été particulièrement en pointe en 2014, grâce aux partenariats noués par Dongfeng avec Renault et PSA, a précisé le Premier ministre français.
"Nous souhaitons davantage d'investissements chinois sur notre territoire', a affirmé Manuel Valls, ajoutant qu'il avait reçu il y a quelques mois à Paris Monsieur Ren Zhengfei, Président-fondateur de Huawei, géant chinois des télécoms. Lors de cet entretien, Manuel Valls a confirmé à Monsieur Ren Zhengfei "l'accueil très favorable que nous réserverions à l'ouverture d'un centre de recherche en France". Des investissements croisés, des partenariats technologiques et industriels, en particulier dans les technologies d'avenir, des entreprises communes : telles sont les formes que doit revêtir notre partenariat économique, a souligné le chef du gouvernement.
Peu de grandes puissances partagent une telle densité d'échanges comme la France et la Chine. "Nous avons des dialogues économiques de haut niveau en matière économique et stratégique", animé par le vice-Premier ministre chinois M. Ma Kai, et sur les échanges humains en compagnie de la vice-Première ministre chinoise Liu Yandong, qui a animé la première session consacrée à ce thème à Paris à l'automne dernier. Des efforts continus sont fournis par les ambassades et consulats de France en Chine pour favoriser les voyages entre les deux pays. "Je pense à la délivrance des visas en 48 heures qui facilite la venue des touristes en France mais également aux échanges universitaires entre nos deux pays. Notre objectif est de recevoir 50 000 étudiants dans les années à venir", a déclaré le dirigeant français.
Interrogée sur les nouvelles initiatives que la France pourrait prendre pour attirer les touristes et les investisseurs chinois, M. Valls a d'abord affirmé que la France est un pays "très attractif". S'agissant des investisseurs, le gouvernement a lancé de nombreuses initiatives visant à faciliter leur venue : une fiscalité stable, une réglementation simplifiée, un marché du travail attractif. Et déjà, des projets emblématiques ont été signés, attestant de la confiance des investisseurs comme la prise de participation dans l'aéroport de Toulouse et l'entrée de capitaux chinois dans le grand groupe français Club Méditerranée.
La France, en se réformant pour être plus "compétitive", souhaite attirer davantage d'investisseurs chinois. Ils sont les bienvenus. La France, c'est aussi la première destination touristique mondiale pour son patrimoine historique et sa richesse culturelle. "Les touristes chinois sont de plus en plus nombreux à vouloir découvrir notre pays. Nous nous en réjouissons et des mesures sont prises pour faciliter leur venue : des procédures de visas accélérées, une information plus accessible et des mesures de sécurité renforcée. Nous avons l'objectif ambitieux d'accueillir, d'ici 2020, 5 millions de voyageurs venus de Chine", a-t-il dit.
Répondant à une question sur la Conférence mondiale sur le climat en décembre 2015 à Paris, M. Valls a répondu que la question du dérèglement climatique est le "défi le plus vaste auquel nos sociétés sont confrontées". "Face à cette urgence, nous avons un devoir de responsabilité", a-t-il poursuivi.
La conférence Paris Climat, que la France réunira à la fin de l'année 2015, est une "échéance majeure que nous ne pouvons manquer". Un accord "ambitieux" qui préserve l'avenir de la planète devra être signé à l'issue de la conférence, permettant de limiter le réchauffement climatique à plus deux degrés d'ici la fin du siècle. "Nous le devons à nos enfants et aux générations futures", a-t-il ajouté.
En s'engageant à diminuer l'émission de ses gaz à effet de serre en novembre dernier, la Chine a déjà fait un premier pas. Réussir ensemble la conférence sur le climat de 2015, voilà le chantier principal qui va mobiliser toutes les forces des dirigeants français et chinois cette année, a conclu le chef du gouvernement français.